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L’éducation n’est plus un combat

Agressions, insultes, humiliation, intimidations, les enseignants sont de plus en plus menacés et visés par une violence choquante. Une déformation plus que jamais compromettante, tout comme le risque de s’aventurer encore davantage sur un terrain de plus en plus glissant.   

La violence dans les établissements scolaires n’a rien cependant d’exceptionnel. Ses dérives ne sont plus une affaire marginale. Une affaire qui concerne quelques aspects du milieu éducatif. Cela commence à faire système et ce n’est malheureusement pas une surprise. Au vu de tout ce qui se passe quotidiennement dans les établissements scolaires, l’on est en mesure de conclure que cette crise d’identité et de valeur reflète une réelle crise sociétale où les différents intervenants, qui évoluent dans une atmosphère de conflit, d’affrontement et de dissension, sont concernés. Les travers sont nombreux et bien connus: démission des parents, notamment face à des phénomènes de sociétés complexes, tels que l’exclusion sociale, la marginalisation ou la violence.  Mauvaise image et mauvais exemples véhiculés sur les chaînes de télévision et à travers lesquels les jeunes s’identifient aux « Bad Boys », ce qui les a conduits à s’inspirer de pratiques étrangères à notre société. Mutisme paradoxal des autorités qui se traduit par le réflexe de plus en plus acquis face à la dégradation des conditions de travail et la souffrance que cela génère au sein de la communauté éducative. 

Certes, un dérapage en appelle un autre, mais la spirale prend chaque fois une plus grande dimension dans la mesure, où compte tenu du degré de son exposition à la violence, l’enseignant n’est plus considéré aujourd’hui comme un professionnel en difficulté, mais comme une victime.

Le gâchis prend davantage une autre tournure lorsque, à peu près mot pour mot, nous entendons le même discours, la même démagogie, le même populisme au sujet de l’encadrement éducatif.

Le ministre de l’Education se dit choqué  par « la forme d’une agression barbare et sauvage », estimant que  « cet événement triste et choquant doit constituer un point de départ pour réformer le système éducatif ». Pour sa part, le secrétaire général de l’Ugtt annonce qu’un décret incriminant l’agression des enseignants sera publié. Mais la réaction sur l’agression sauvage de l’enseignant au lycée Ibn-Rachiq à Ezzahra dépasse largement le débat autour d’un sujet devenu au cœur de l’actualité. Cela dépasse aussi le cadre scolaire pour atteindre l’avenir et la vocation de jeunes en pleine perdition.

Arme puissante pour changer le monde, l’éducation en Tunisie a perdu de ses fondamentaux. Maintenant qu’elle n’est plus un combat, l’on imagine que certaines parties devraient se satisfaire dans cet incroyable gâchis. Il ne faut pas s’en étonner, car le cœur de leur action réside dans cette tendance à aveugler l’opinion publique, à déformer toute une société et à compromettre son avenir. 

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