
On s’attendait à un débat profond, instructif, loin de toute tension politique pouvant aider certains Tunisiens à faire leurs choix électoraux. A l’exception de quelques passages intéressants, les téléspectateurs sont restés malheureusement sur leur faim.
Aux profils totalement opposés malgré leur tendance «gauchiste», aujourd’hui ils sont les pires adversaires politiques, leurs projets sont totalement opposés, mais une chose les relie, le 25 juillet. L’un est pour (à fond), l’autre totalement le contraire, Jawhar Ben Mbarek et Ridha Chiheb Mekki, alias Ridha Lénine, n’empruntent pas les mêmes chemins.
En prenant le pouvoir, un certain 25 juillet, le Président de la République a surpris tous les Tunisiens. Certes, il a investi dans la fébrilité d’une classe politique post-révolution défaillante, mais, aujourd’hui, ses adversaires, opposants et même ennemis politiques sont devenus nombreux. Parmi eux, Jawhar Ben Mbarek, devenu première figure de la mouvance «Citoyens contre le coup d’Etat».
Ben Mbarek, qui se donne pour mission de conduire la grogne contre les mesures exceptionnelles du 25 juillet, ne mâche plus ses mots en évoquant le Président de la République. Cet universitaire cinquantenaire, ex-ennemi des islamistes et du parti Ennahdha, n’hésite plus à conduire les premiers rangs des manifestations côte à côte avec les dirigeants nahdhaouis pour défendre «la démocratie et le processus parlementaire». Aux positions radicales et au tempérament toujours en feu, Jawhar Ben Mbarek, leader du réseau «Doustourna», était pourtant un fervent partisan du Président de la République Kaïs Saïed lors de l’élection présidentielle. Aujourd’hui, il le qualifie même de dictateur et de putschiste, car, pour lui, c’est une question de principes.
C’est aussi cette même question de principes et d’engagement qui pousse pourtant Ridha Lénine à défendre son ami Kaïs Saïed. Méconnu jusque-là par les Tunisiens et même par la majorité de la classe politique, Ridha Chiheb Mekki est qualifié par le Président de la République de «frère, ami et compagnon de route depuis des décennies», ce qui en dit long sur la forte relation entre les deux hommes. Au profil mystérieux, aux apparitions médiatiques sélectives et au discours profond et parfois même philosophique, Ridha Lénine, comme le sous-entend son pseudonyme, est un fervent défenseur de la tendance politique gauchiste. Il s’est forgé un nom dans les cercles médiatiques tunisiens et étrangers grâce à une relation soudée avec le locataire de Carthage, une amitié qui date de plusieurs années.
Contrairement à Jawhar Ben Mbarek, Ridha Lénine est même l’inspirateur du «Saïedisme». Faisant partie de ce que les médias appellent la campagne explicative du projet de Kais Saied, cet ex-inspecteur de l’enseignement secondaire de 65 ans était proche du parti de l’extrême gauche Al Watad (Mouvement des patriotes démocrates, futur Parti unifié des patriotes démocrates) de Chokri Belaïd, avant de s’éloigner des marmites de la vie politique. Sauf que son rôle dans la campagne présidentielle de Kaïs Saïed était crucial. On lui attribue d’ailleurs le poste de directeur de sa campagne qu’il a toujours rejeté.
24 décembre, le débat !
Défendant donc deux projets totalement opposés, Jawhar Ben Mbarek et Ridha Lénine ont confronté leurs idées sur un même plateau télévisé, celui d’Attessia, dans la soirée du vendredi dernier, une première.
On s’attendait donc à un débat profond, instructif loin de toute tension politique pouvant aider certains Tunisiens à faire leurs choix électoraux. A l’exception de quelques passages intéressants, les téléspectateurs sont restés malheureusement sur leur faim. Si Jawhar Ben Mbarek, fidèle à lui-même, s’est lancé dans une attaque féroce contre le Président de la République le qualifiant de tous les maux, Ridha Lénine s’est aussi penché sur le blanchiment de l’image du locataire de Carthage. De cette manière, le débat rationnel, réfléchi et théoriquement fondé a fait défaut.
En présence de spécialistes en droit, comme notamment l’ancien juge Ahmed Souab, le débat a également pris la forme d’un cours magistral en droit constitutionnel mettant certainement les téléspectateurs dans une situation d’incompréhension.
Défendant deux causes inconciliables, pour Ridha Chiheb Mekki, le 25 juillet est le dernier moment salvateur de la Tunisie, alors que pour Jawhar Ben Mbarek, c’est le moment qui marque la chute de la démocratie en Tunisie.
«Le fait que nous sommes des électeurs du Président de la République nous donne le droit de le juger, contester ses choix et même l’affronter. Il a trahi notre confiance et a trahi la Constitution», soutient dans ce sens Jawhar Ben Mbarek
Mais pour Ridha Lénine, «Kaïs Saïed a répondu aux revendications du peuple tunisien qui demandait la chute d’un système post-révolution corrompu».
Le débat était, vous l’avez remarqué, centré autour de la personne de Kaïs Saïed. Quoi que le Président de la République soit porteur de projet, en dépit de toutes les réactions, positions et jugements qu’il a suscités.
Un tel débat aurait pu en effet éclaircir davantage l’image politique brouillée en Tunisie, d’autant que nous évoquons les premières figures des deux projets opposés.
Moncef Charai
27 décembre 2021 à 12:37
Depuis mon tout jeune âge, le journal La Presse était et l’est toujours sérieux et fiable, alors comment, aujourd’hui, vous donnez la parole à un ‘vendu’ de la trempe de Jawhar Ben M’barek El Hezgui, et vous le qualifiez encore de révolutionnaire et d’homme de principes ? Cet homme est RIEN, une MARIONETTE à la solde d’Ennahdha, mais le comble est que votre journal continue à le prendre pour un militant et politicien virulent. C’est un malade mental et un ‘révolutionnaire’ populiste et méprisable rien qu’à le voir au milieu des gens qui avaient tenté à son intégrité physique il n’y a pas longtemps. Pauvre pays, plein de renégats et de ringards!