Il est de plus en plus difficile pour le gouvernement de procéder à l’ajustement budgétaire sans dégâts. L’équation est presque impossible à tenir. Car pour relancer une économie lourdement affectée par une crise politique, mais aussi sociale et sanitaire, le gouvernement n’a pas d’autre choix que de tabler sur un endettement de plus de 18 milliards de dinars. Le recours au soutien financier du FMI, avec tout ce qu’il comporte de contraintes et de décisions douloureuses, mais également de priorités absolues, se heurte, encore une fois, au risque de perdre le soutien populaire. La vérité est que l’on continue à investir sans retour. Avec une rentabilité proche de zéro.
Alors, comment assurer l’équilibre nécessaire entre les réformes souhaitées et la sauvegarde du pouvoir d’achat des Tunisiens ? Comment faire converger les points de vue relatifs aux différentes questions économiques et sociales, plus que jamais pressantes ?
Certains évoquent des décisions courageuses et audacieuses, voire douloureuses pour favoriser la création des richesses et pour tirer vers le haut le rythme du développement économique.
De son côté, le secrétaire général de l’Ugtt a exprimé, lors de la dernière séance de travail tenue avec la Cheffe du gouvernement, en présence notamment du gouverneur de la Banque centrale, la disposition de la centrale syndicale à mener un dialogue après l’achèvement des travaux de son 25e congrès. La centrale syndicale est en effet disponible pour présenter des propositions afin de développer le document des réformes structurelles, élaboré par le gouvernement.
Najla Bouden insiste, de son côté, sur l’importance du rôle social, économique et politique joué par l’Ugtt, affirmant que le gouvernement s’attache au travail collectif avec les différentes organisations nationales, soulignant la nécessité d’ancrer le dialogue et la concertation entre le gouvernement et l’organisation syndicale.
Il faut dire que l’optimisation négative de presque tous les paramètres économiques et financiers fait sens à un environnement toujours marqué à la fois par des insuffisances et des manquements.
La relance économique, le programme des réformes structurelles, le contrôle et la transparence des dépenses de l’Etat, l’impulsion des investissements tardent à voir le jour. Les initiatives et la visibilité manquent toujours à l’horizon. Il est vrai que le chantier auquel s’attaquent les différentes parties prenantes n’est pas un acte anodin. Cela veut dire qu’il ne peut plus, qu’il ne doit plus continuer à être mal géré.
L’économie tunisienne est, en effet, en difficulté. Cela provient tout particulièrement de certaines parties qui gravitent tout au tour et dont l’objectif consiste à intégrer l’activité économique dans la sphère des conflits, des affrontements et des excès politiques. Tous les aléas et tous les dépassements qui en découlent nous amènent à nous interroger sur les agendas politicards.
L’image peu reluisante d’un pays encore incapable de redresser ses finances est imputable à ceux qui n’hésitent pas à spéculer sur les besoins quotidiens des Tunisiens.
Le problème de l’aptitude et de la compétence est aussi là. Quand on est issu d’un milieu, il y a un processus à maîtriser, des règles à respecter. Le paysage économique est de plus en plus propice au développement des activités illégales, à l’instar notamment de ce qui se passe dans les circuits de distribution et de l’informel. L’idée est là : il n’y a plus d’activités sans cette tendance à recourir aux affaires arbitraires et injustifiables. Une activité qui traduit au fond tout ce qui a le plus contribué à dissocier l’économie tunisienne de son environnement.
Tout ce qui est frauduleux et prohibé semble aujourd’hui passer avant l’exemplarité.
On assiste ces derniers temps à une forme de surenchère: c’est à celui qui accuse l’autre d’être pire que soi. Les politiques qui se placent aujourd’hui de l’autre côté de la barrière oublient qu’ils ont aussi leur part de responsabilité dans la dégradation de l’économie tunisienne, qu’ils étaient, du temps de leur règne, coupés d’une grande partie des Tunisiens, qu’ils ont depuis longtemps perdu tout crédit. Et que, finalement, ils sont mal placés pour donner des leçons ! Aujourd’hui, la fracture n’a jamais été si grande entre certains partis politiques et les Tunisiens.
Au-delà des urgences, au-delà aussi des considérations politiques, économiques et sociales, il faudrait en finir avec les effets d’annonce, cibler les priorités. Dans le même temps, il serait insensé de rompre complètement tout dialogue avec les différents partenaires sociaux. Il faut maintenir une force de contact, de dialogue et de négociation. Même dans les moments et contextes le plus difficiles, on est toujours persuadé qu’il y a une majorité de Tunisiens soucieux d’en finir avec la médiocrité et de renouer avec l’excellence.
C’est pour cela que l’on aurait besoin d’un regard pas seulement économique, mais aussi sociologique pour étudier l’état du pays dans ses différentes composantes, ses excès et ses défauts, mais aussi ses qualités et ses mérites…