En cette période de flottement que l’on ressent à presque tous les niveaux et qui ne se stabilisera qu’avec le retour de la confiance, c’est du pain béni pour des producteurs, des fabricants et des intermédiaires peu scrupuleux et autant de perdu pour le consommateur. L’ODC est-elle armée pour faire face à ce genre de manipulations dont le consommateur est victime ?
M. Amar Dhaya, président de l’Organisation de défense du consommateur, avait récemment déclaré à La Presse : «Nous ne devons pas nous contenter de recevoir les doléances des consommateurs. Des solutions radicales doivent être envisagées».
Nous supposons que l’ODC prêtera enfin une oreille attentive à une majorité écrasante d’internautes qui ne savent plus à quel saint se vouer face à… l’escroquerie (nous n’avons pas, malheureusement, trouvé un autre mot), dont ils sont l’objet au su et au vu de tout le monde sans que personne ne réagisse.
Il n’y a pas un seul internaute, en effet, qui vous dira que les conditions de son abonnement sont scrupuleusement respectées et qu’il reçoit effectivement le nombre de Mégas convenus et payés. On a beau tester et refaire le test, on finit par conclure que quelque chose ne tourne pas rond. Les réclamations sont reçues par des personnes polies et serviables, mais ce n’est qu’un simple «outil de travail».
«Je vois que nous vous envoyons ce que vous avez commandé. A priori ce n’est pas de notre faute (c’est toujours la faute de l’autre). Nous allons réclamer et cela va s’arranger». Mais rien ne changera et même en cas d’intervention, rien ne rentrera dans l’ordre dans les heures qui suivent.
Pieds et poings liés
Comment qualifier ces mauvais services, alors que vous vous retrouvez pieds et poings liés par un contrat d’un an, en bonne et due forme et que vous êtes dans l’incapacité de faire prévaloir vos droits? Est-ce de la tromperie, de l’abus de confiance, de….l’escroquerie que ces prestations qui ne respectent aucunement les critères de qualité, ainsi que les engagements pris? «L’escroquerie est une bonne affaire qui a rencontré une mauvaise loi», avait dit Alfred Capus. Ce genre de manipulations dont sont victimes les consommateurs, on finit par croire qu’elles sont… voulues.
Considérant que les revendeurs de ces services, d’après ce que l’on a voulu nous expliquer, paient une facture globale de leurs commandes, les petites retenues opérées, ici et là, sont autant de gagnées pour le donneur d’ordre.
Inadmissible !
Un technicien nous a, par ailleurs, expliqué que les serveurs ne sont plus calibrés et ploient sous le joug des demandes qui affluent.
C’est ce qui cause ces coupures aussi fréquentes que gênantes. L’état des câbles est aussi en cause. Le seul moyen de savoir le vrai du faux est bien de prendre à bras le corps ce problème et de le traiter, tout en tenant informé le consommateur. En tout état de cause, le fait de verrouiller les contrats internet sur un an est inadmissible. Le consommateur mécontent des services rendus doit avoir le droit de mettre un terme à ce genre d’engagement non tenu. Qui, sinon l’ODC, est en mesure de défendre ce consommateur, proie des diktats qu’on lui impose?
Une foire d’empoigne
Le marché, il faudrait le reconnaître, ressemble depuis un bon bout de temps à une foire d’empoigne. On a l’impression que tout est permis. L’impunité, qui a régné, a encouragé tous ceux qui veulent gagner de l’argent facile à s’y mettre. Nous assistons tous les jours à ces expositions invraisemblables de produits saisis par les services de douane, de police, ou de la garde nationale. Il y a de tout.
Quant aux services du contrôle économique, c’est au niveau des produits impropres à la consommation qu’ils s’illustrent. Cela va de la rénovation des emballages des produits à la date de péremption périmée aux aliments bons à jeter à la poubelle, mais que ces malfrats se préparaient à remettre en vente.
Tous les moyens sont bons
Mais il n’y a pas que les spéculateurs et les malfrats qui s’ingénient à gruger des consommateurs qui se laissent toujours tenter par les prix, oubliant de vérifier date de péremption, composition, poids et autres précisions à porter sur les emballages.
Sinon comment expliquer que l’on tombe fréquemment sur des tubes de dentifrice dont la moitié est vide ? Imaginez ce que cela représente pour le producteur qui «vend de l’air» et soustrait indûment de l’argent à une clientèle qui se trouve flouée.
Ou alors des triangles de fromage qui flottent dans leur boîte, parce que plus petits, donc plus légers et ne respectant pas le poids annoncé sur l’emballage ? Ou encore le poids de produits subventionnés emballés qui sont en deçà du poids ou de la contenance annoncés.
En cette période de flottement que l’on ressent à presque tous les niveaux et qui ne se stabilisera qu’avec le retour de la confiance, c’est du pain béni pour le producteur indélicat et autant de perdu pour le consommateur. L’ODC est-elle armée pour faire face à ce genre de manipulations dont le consommateur est victime ?
Eduquer le consommateur
Il est évident que l’éducation du consommateur est vitale pour mettre en place les mécanismes et les réactions adéquats. Ce n’est ni une affaire de rapports ni de correspondances, c’est une question de terrain, de communication et de contacts directs avec les producteurs et les consommateurs. Ces derniers doivent se sentir protégés et reconnaître qu’ils possèdent un recours auquel ils sont en mesure de faire appel, le cas échéant.
Dénoncer
Ceux qui sont pris la main dans le sac doivent être dénoncés nommément quels qu’ils soient. Cela exige des reins solides et une liberté de manœuvre conséquente. Le cas des chocolats Kinder est un exemple du genre. Cette première sanction est souvent importante, car elle donne aux consommateurs le droit de punir ceux qui ont fauté. Et c’est beaucoup plus efficace que les condamnations prononcées entre quatre murs et que l’on s’arrange à étouffer pour ne pas inquiéter les consommateurs. Des consommateurs qu’il faudrait éduquer, sensibiliser, parce qu’ils se laissent facilement influencer, apitoyer et qu’ils oublient vite au nom de la clémence et de la tolérance.