Tourisme alternatif au Kef : Une «mine» d’idées et de projets !

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La mise en valeur des approches et des initiatives ne concerne pas seulement les sites et les circuits à parcourir. La question du financement se pose encore une fois.

Existe-t-il encore un tourisme balnéaire? L’on s’interroge ainsi pour en faire le bilan : bon an mal an, ce secteur semble avoir épuisé tout son potentiel qui l’avait, au fil des temps, distingué. Mer et soleil lui ont bel et bien accordé un privilège exceptionnel. Cela fait plus d’un siècle que l’on y investit énormément et se donne à fond pour l’aider à bien s’exporter
Qu’en est-il aujourd’hui ? Ce créneau, aussi classique soit-il, se voit face à soi-même, sans avoir eu le courage d’innover. Le tourisme alternatif s’avère, alors, de mise, à même de diversifier l’offre et accroître la demande. Surtout que la Tunisie regorge d’opportunités d’investissement en la matière. Aussi bien au nordouest qu’au sud. Au Kef, il y a aussi mille et une manières de faire le tourisme. Le commissaire régional au tourisme, Walid Rahali, n’a pas manqué d’idées et de propositions de projets censés porter et générer de l’emploi. D’ailleurs, la première édition du festival de la laine, tenue les 27 et 28 du mois écoulé à Tajerouine, peut apporter un brin d’espoir à la région et lui permettre d’être au diapason de son environnement. Tonte de laine, moisson de blé, valorisation du produit du terroir, patrimoine matériel et immatériel, tout est bon pour faire la promotion de la région. Soit «sa mise en tourisme ou sa touristicité», terme utilisé par le ministre du Tourisme, Mohamed Moez Belhassine, à l’ouverture dudit festival.

Pourquoi Le Kef-sud ?

Cela dit, tourisme et artisanat sont deux faces d’une même pièce. L’un est indissociable de l’autre. Comment rendre Le Kef une destination écotouristique au service du développement durable ? Et là, le ministre y voit tout un travail de fond, en étroite coordination avec les différents intervenants. Encore faut-il que toutes les conditions d’accueil, de signalétique, d’hébergement et de transport soient aussi réunies, insiste-t-il. Pour lui, il ne suffit pas d’identifier un site touristique, mais de savoir le promouvoir et de lui fournir les gages du succès. La volonté politique également. En quoi consistait la journée promotionnelle du Kef-sud ? Pourquoi Le Kef-sud ? Selon M. Rahali, on ne connaît pas bien cette partie du gouvernorat. Pourtant, elle mérite d’être visitée. Et revisitée. Samedi dernier, il a su diriger un débat sur la question. «Nous voulons que ce site soit une belle destination du tourisme alternatif. Et pour qu’il traduise concrètement cette vocation, nous visons la création d’un circuit touristique à trois monuments: Table de Jugurtha, mine de fer de Jerissa et le site archéologique AlthiburosMdayna à Dahmani», espère-t-il.

Investir en écotourisme

Au-delà, il y a beaucoup à faire. Car, la mise en tourisme, comme l’a souligné le ministre, n’est pas seulement des sites et des circuits à parcourir. L’investissement dans des projets similaires pourrait apporter une pierre à l’édifice. Cependant, la question de financement se pose encore une fois. Un casse-tête au regard des jeunes promoteurs. Alors, vous dites que les structures d’appui locales et régionales sont là pour l’assistance et l’accompagnement ! Toutefois, cela ne semble pas évident. Invitées au débat, elles n’ont pas répondu présent.
La touristicité, toujours selon le ministre, aura certainement besoin de partenariat et de coordination. Mais, aussi, de l’engagement, ajoute M. Rahali son représentant dans la région. Quel apport pour la société civile locale ? Mehdi Klaï, Pdg du pôle technologique et industriel du Kef et également président de l’association «Initiative du Kef», une ONG pourvoyeuse de microcrédits sans intérêts ni garanties. L’homme à double casquette avait contribué à des lignes de financement à caractère agricole et industriel. Son association intervient, déjà, dans 17 projets ruraux et artisanaux, avec l’octroi des fonds de roulement, en guise de soutien à des jeunes promoteurs. En tourisme alternatif, aucun projet n’a, jusque-là, été présenté, sauf que certaines propositions sont encore en gestation.
Le concept est encore nouveau. D’où la nécessité de l’expliquer et d’y intensifier la sensibilisation. M. Rahali vient d’évoquer, ici, des mesures d’incitation à l’investissement dans le tourisme alternatif. D’ici à un avenir proche, il n’y aura plus d’autorisations, lesquelles seront remplacées par des cahiers des charges.
Quels sont les projets écotouristiques sollicités ? Maisons d’hôtes, gîtes ruraux, restaurants traditionnels à base de produits du terroir, centres d’animation touristique (quads, randonnées équestres, clubs VTT, tables d’hôtes…), il y a pas mal de projets à réaliser et vivement recommandés par le commissaire régional au tourisme. Cependant, ils doivent être régis par la loi. Quelles modalités de facilité et d’encouragement peut fournir l’Etat à ces projets ? Il y en a trois incluses dans le nouveau code d’investissement, d’après Walid Rahali : «L’octroi d’une subvention de 30% du coût global du projet monté, exonération de la fiscale pendant 10 ans et prise en charge par l’Etat des cotisations des salariés sur 10 ans». C’est, en quelque sorte, une manière d’assurer à ces projets leur pérennité et rentabilité.

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