Invivable. Notre pays, hélas, l’est devenu ou presque et à tous les niveaux. Rien, en effet, n’a pu freiner sa régression. Et l’accumulation des problèmes, depuis plus de six décennies, ainsi que leur complexification, ont rendu leur solution presqu’impossible et extrêmement coûteuse.
Il s’agit d’une véritable faillite. Une faillite totale survenue depuis plusieurs années, à cause des conflits internes et de certains d’entre eux, autour de nous et aussi à cause de dirigeants dont le seul souci est d’acquérir le pouvoir et de s’y maintenir.
Les soi-disant politiques publiques adoptées et mises en œuvre depuis ces six décennies n’ont engendré que le mal-développement avec tout ce qu’il apporte avec lui comme intensification des inégaliés sociales et régionales, la mauvaise gouvernance et le gaspillage monstre de toutes les ressources.
Surendetté, au bord de la faillite, l’Etat essaye de sauver la situation. Laquelle est une véritable catastrophe, due, entre autres, à un conflit politique et social depuis 2011 et entre les pouvoirs régaliens depuis 2014. Conflit qui, depuis le 25 juillet 2021, a donné lieu à un coup de force ayant abouti à un pouvoir de fait avec tout ce qui suit comme mesures d’exception anticonstitutionnelles et illégales.
Depuis 1986, date du premier recours de notre pays aux services du FMI, les réformes exigées sont partiellement ou totalement reportées. Il fallait désengager l’Etat de l’économique et du social (y compris la fameuse politique de compensation), ouvrir les frontières économiques et financières, affaiblir les syndicats, assouplir la législation régissant le travail, se spécialiser dans certaines activités, etc.
Plusieurs de ces exigences ont été réalisées, notamment grâce au coup d’Etat du 7 novembre 1987, d’autres traînent encore car très délicates, comme le dossier des entreprises publiques et la compensation. A chaque fois qu’un gouvernement s’y hasarde, sa survie devient menacée (Révolte du pain en 1984).
Le cataclysme social et politique de 2011 aurait pu donner une nouvelle orientation au pays avec, notamment, l’adoption et la mise en place d’un nouveau modèle de développement. Rien de sérieux n’a pu être réalisé dans ce sens, car les conflits internes et le conflit en Libye ont empêché toute action positive.
Cette fois-ci, et avec l’appel au secours du gouvernement de fait actuel, le FMI va certainement avoir gain de cause, ledit gouvernement ayant apparemment accepté de concrétiser les diktats de l’institution de Bretton Woods.
Le scénario est presque clair, (comme en 1987), un nouveau pouvoir fort, une classe politique qui avance en rangs dispersés, des masses acquises, des médias mis au pas, des syndicats affaiblis, certaines institutions discréditées, l’islam dit «politique» totalement discrédité, y compris par lui-même, écarté, etc.
Le référendum illégal, prévu pour le 25 juillet prochain, donnera naissance à un nouveau système qui consacrera l’hégémonie de la fonction présidentielle, la montée d’un nouveau groupe dominant à la solde de l’homme fort et permettra ainsi de faire avaler la pilule à tout le monde.
Les dés sont jetés, mais une lueur d’espoir existe encore. Il s’agit de procéder à des recours judiciaires et à des contestations pacifiques avec respect des lois du pays, et ce, afin de rendre caducs tous les actes effectués par le pouvoir de fait, aujourd’hui en exercice et dénoncer la formidable imposture dont notre pays est victime.
Il nous faut, coûte que coûte, mettre au grand jour la vérité sur tout ce qui s’est passé depuis 1955 et surtout entre octobre 2019 et aujourd’hui. Nous devons, ainsi déclencher, grâce à la pression de la société civile et l’intervention du pouvoir judiciaire, un nouveau processus de justice transitionnelle et un autre de construction démocratique et du citoyen.
Tout cela doit nous pousser à nous mobiliser, partis et société civile, pour sauver notre pays. Or, aucun salut ne pourrait être envisagé, sans l’adoption, dès aujourd’hui, d’un plan national de lutte contre l’analphabétisme politique et économique de l’écrasante majorité du peuple, appelé à s’exprimer à travers les urnes sur des questions vitales.
Tout cela devrait permettre, le plus tôt possible, de recourir à des élections présidentielles anticipées et l’ensemble des forces vives de la nation dûment représentées pourraient calmement tout revoir et concevevoir de nouvelles politiques publiques. Nous devons, ainsi, créer un nouveau pouvoir, celui de la planification stratégique que l’on pourrait appeler le Congrès national. Une institution composée des représentants de tous les organismes nationaux élus. Pouvoir exécutif et pouvoir législatif seront chargés, eux, de traduire les politiques que ce pouvoir aura mis au point en programmes et plans d’action. Et comme nous l’avons suggéré il y a de cela plusieurs mois sur ces mêmes colonnes, il nous faudrait mobiliser l’ensemble de la population (de 20 à 60 ans sous les drapeaux selon une formule souple et pratique, selon un mode d’emploi que nous avions expliqué, et selon d’autres formules pour les autres tranches d’âge). Objectifs, rétablir la culture du devoir, ressusciter le sentiment patriotique, éduquer à la rigueur et à la discipline, multiplier l’apport des ressources humaines, etc.
(VI et fin)