Après la signature du contrat de construction entre la direction générale du port en eaux profondes d’Enfidha et la société qui sera sélectionnée et désignée au cours du mois de décembre prochain, le démarrage des travaux de ce projet, tant attendu, est prévu pour le mois de janvier 2023. Pour de plus amples informations sur la question, nous avons rencontré le commandant Ezzeddine Kacem, président du cluster maritime tunisien et chargé du suivi de la réalisation de ce projet au sein du gouvernorat de Sousse. Selon lui, plusieurs facteurs ont retardé le démarrage de ce mégaprojet, dont le confi nement obligatoire généralisé à cause du risque de contagion par le Covid-19 et l’instabilité gouvernementale. Actuellement, il s’avère que tous les obstacles et les barrières ont été franchis. Interview.
Enfin, un dénouement heureux et salvateur de tous les problèmes entravant le début des travaux de réalisation du port en eaux profondes d’Enfidha, tant convoité.
L’exécution des travaux de réalisation de ce port en eaux profondes à Enfidha a trop tardé, et ce, depuis le lancement de l’idée de sa création en 1986 et malgré aussi l’achèvement de l’étude écologique technique et économique en 2005 par la société hollandaise « Hasoning ». A mon avis, tout ce retard n’est pas en faveur du développement de l’économie tunisienne. Il ne faut pas oublier que les frais de construction de ce port ne cessent d’augmenter d’une année à l’autre et qu’actuellement, nous sommes dépassés par les autres pays riverains et qui ont déjà construit et exploité leurs ports en eaux profondes à savoir le Maroc (port Tanger-Med ), l’Algérie (port Djen-Djen à Béjaya ), l’Egypte (2 ports, celui de Damiet et de port Said)…Sans compter les 11 ports du nord de la Méditerranée déjà en exploitation depuis belle lurette.
Il paraît qu’une direction générale a été créée pour superviser la réalisation de ce port. Quelle sera sa mission ?
En fait, cette direction générale du port en eaux profondes d’Enfi dha a été créée en 2019 et relève du ministère du Transport et de la logistique. Elle s’est engagée pour la réactualisation des études du port en question. Parmi les six entreprises étrangères qui se sont portées candidates pour la réalisation de ce port, la direction générale en a sélectionné trois. Mais une seule entreprise parmi les trois dernières sélectionnées sera choisie et retenue pour la réalisation de ce port, et ce au cours du mois de décembre prochain. Les travaux débuteront au mois de janvier 2023 après la signature du contrat de réalisation entre la direction générale et l’entreprise choisie.
Quelles sont les composantes de ce mégaprojet à intérêt économique primordial et vital pour l’économie tunisienne ?
Pour commencer je dirais que la première étape concerne l’aménagement de l’enceinte portuaire qui s’étale sur 1.000 hectares. Ensuite sera entamée la seconde étape qui concerne l’aménagement de 2.000 hectares réservés à la zone d’activités logistiques. La troisième étape sera réalisée sur différentes tranches. La première sera relative à la construction de 1.200 mètres de quai dans l’enceinte portuaire. Viendra ensuite la quatrième étape qui sera réservée à la réalisation de la deuxième tranche estimée à 800 mètres de quai. Ce mégaprojet coûterait 3.000 millions de dinars et permettra la création de 52.000 postes d’emploi.
Selon vous, quel sera l’impact stratégique de ce port sur toutes les régions intérieures ?
En somme, ce port va desservir toutes les régions intérieures du pays par l’institution et l’établissement d’un grand réseau de chemins de fer reliant Enfidha aux principales régions du pays, du nord au sud et de l’est à l’ouest, et ce, dans le cadre de la création de ports « secs » dans ces régions qui ne sont pas situées sur les côtes. Ce port va contribuer à décongestionner les ports actuels, déjà saturés, notamment les ports de Radès, Sfax, Bizerte… et qui ne sont pas aptes à l’exploitation par le débarquement et l’embarquement des conteneurs. Je dois avouer qu’il ne faut plus faire l’amalgame entre la création d’un port en eaux profondes à Sfax et un port à Bizerte sachant que le port en eaux profondes d’Enfidha a remporté définitivement l’agrément de toutes les parties concernées, à savoir le gouvernement, les professionnels et les experts du domaine maritime. Pour moi, ceux qui évoquent cet amalgame sur les réseaux sociaux ne sont pas professionnels. Ils témoignent d’un régionalisme révolu depuis belle lurette.