Haro sur le plastique !

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Editorial La Presse

 

LES industriels du plastique affiliés au Groupement professionnel du plastique relevant de la Conect ont protesté, hier, contre l’entrée en vigueur au mois de septembre dernier du décret n°2020-32 du 16 janvier 2020, interdisant la production, l’importation, la distribution et la détention des sacs en plastique à usage unique. Leur activité étant à l’arrêt depuis plus de 6 mois menace de chômage près de 3 mille employés travaillant dans 80 entreprises industrielles.       

Côté social, cette situation semble inquiétante. Mais sur le plan de l’impact économique sur l’environnement, une étude du Fonds mondial pour la nature (WWF) estime que l’économie bleue de la Tunisie perd plus de 20 millions de dollars par an en raison des effets de la pollution due au plastique. L’équation est donc claire : le poids économique de la pollution dépasse de loin celui des revenus des unités industrielles du plastique et leur impact sur la croissance. Cela dit, la pandémie de Covid-19 a aggravé le problème de la pollution par le plastique en Tunisie, en raison d’une utilisation accrue des masques, des équipements de protection individuelle, des emballages à usage unique et en l’absence d’une gestion adéquate de ces déchets. De même, la masse de déchets augmente car de nombreuses activités de recyclage ont été temporairement interrompues en raison de la conjoncture pandémique. Ce qui fait que nous nous trouvons dans un contexte d’alerte rouge, celui du ravage de la pollution par le plastique en Tunisie qui risque de détruire les écosystèmes de notre pays, un joyau de biodiversité. En effet, selon la WWF, la Tunisie déverse chaque année plus de 8.500 tonnes de plastique en Méditerranée dont 33% reviennent sur ses côtes. Ces déchets plastiques s’immergent à 11%, 33% en mer et se rejettent sur le littoral et 56% restent sur la surface de la mer sans parler des dégâts occasionnés aux forêts, aux oasis et aux zones humides.

Il n’est plus à démonter les diverses conséquences négatives de cette pollution, telles que les coûts élevés de leur élimination depuis l’extraction et le raffinage des combustibles fossiles jusqu’à l’incinération et le rejet potentiel des déchets dans l’environnement, en passant par les procédés énergivores, le nettoyage des plages, les risques sur la santé publique (contamination des produits de la mer), le rejet de gaz à effet de serre (dioxyde de carbone, méthane et autres gaz à effet de serre) à tous les stades de leur cycle de vie. Il est donc plus facile et moins coûteux de convertir les activités des industriels du plastique en d’autres activités moins nocives et génératrices d’emplois verts que de défigurer notre environnement, de détruire nos écosystèmes.

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