Dette souveraine : Envisager tous les scénarios et s’organiser pour préparer la riposte appropriée

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L’Etat s’est toujours orienté vers les banques tunisiennes pour boucler un budget, financer un programme ou encore honorer les exigences salariales de la fonction publique, mais il a souvent privilégié les bons du trésor par rapport aux échéances lointaines.

Or, ces dernières années, les crédits contractés sont généralement à court terme, ce qui confirme l’état d’urgence financière dans lequel se retrouve l’économie nationale.

Depuis quelque temps, les banques tunisiennes sont devenues les principales sources de financement du budget de l’Etat. Les dernières statistiques relèvent, en effet, que les encours des bons du trésor à court terme ont nettement progressé tout au long des premiers mois de l’année en cours. L’évolution serait beaucoup plus importante au terme du deuxième trimestre, surtout qu’entre mai et octobre 2023, trois conventions de prêts souverains indexés ont été signées.

Et cette tendance pourrait durer, surtout avec la réticence, de plus en plus manifeste, des bailleurs de fonds internationaux et leurs diktats qualifiés d’inacceptables. Sans parler du besoin pressant de liquidité.

En temps normal, cette orientation vers le système bancaire n’aurait pas posé problème, car, soutiennent les analystes « la dette souveraine présente, en général, la meilleure qualité de crédit local et offre l’un des meilleurs risques qu’une banque puisse prendre sur son bilan ». Malheureusement, ce n’est pas le cas, en raison de la complexité économique et qui pourrait se traduire en crash et même en tsunami financier. L’incertitude reste donc de mise.

Préparer la riposte

L’adoption lundi, 23 octobre 2023, d’un projet de loi portant approbation d’une convention de financement conclue le 10 octobre avec un groupe de banques locales moyennant un prêt syndiqué en devises d’environ 750 MD, s’inscrit dans cette nouvelle politique financière de l’Etat.

Certes, l’Etat s’est toujours orienté vers les banques tunisiennes pour boucler un budget, financer un programme ou encore honorer les exigences salariales de la fonction publique, mais, affirment également les experts, « il a souvent privilégié les bons du trésor par rapport aux échéances lointaines ». Or, ces dernières années, les crédits contractés sont généralement à court terme, ce qui confirme l’état d’urgence financière dans lequel se retrouve l’économie nationale. Cette nouvelle option pour le court terme risque de placer l’économie nationale dans une situation de défaut de paiement, et du coup, à l’essoufflement des banques tunisiennes qui auraient du mal à reconstituer leur provision.

Une perspective certainement très lourde de conséquences, car en cas d’essoufflement du système bancaire, l’économie nationale accuserait, sans aucun doute, un arrêt net en termes de financement. Une éventualité qui aurait des incidences négatives directes sur le paysage entrepreneurial, la consommation, l’emploi et donc la croissance.

Plus grave encore, en cas de blocage financier au niveau de l’économie, l’Etat serait forcé d’opter pour l’austérité, à travers une compression rigoureuse de ses dépenses. Et sa première direction serait, bien entendu, la baisse des subventions au niveau de certains produits de base, ce qui alimenterait encore plus une inflation déjà trop importante.

La situation financière des banques tunisiennes n’est pas inquiétante pour le moment

Et cette éventuelle politique de compression des dépenses pour l’amélioration des ressources propres de l’Etat, est toute à fait légitime. Car la dette extérieure est tellement conséquente, et les notes souveraines tellement à la baisse qu’elles accroîtraient les méfiances des bailleurs de fonds étrangers et rendraient ainsi le recours au marché financier international difficile, pour ne pas dire impossible.

Ce qui inquiète davantage, c’est que ce type de crédits indexés, et donc à taux variable, est souvent à risque. Car, selon certaines études, « toute difficulté macroéconomique ou un bouleversement sur le marchés financier aussi bien local qu’international, affecteraient systématiquement la qualité des bilans des banques ». Justement, et comme le confirment les agences de notations internationales, « le système bancaire tunisien reste très fragile face à toute volatilité conjoncturelle ».

Heureusement qu’on en n’est pas encore là. La situation financière des banques tunisiennes n’est pas inquiétante, du moins pour le moment. D’ailleurs, le secteur bancaire est le seul, ou presque, à avoir résisté à la pandémie de Covid 19 et au conflit entre la Russie et l’Ukraine.

D’un autre côté, et selon des experts, l’Etat reste le meilleur client des banques, puisqu’il n’a jamais raté un engagement sur le marché local. Mais cette donne pourrait changer. Il faut donc  envisager  tous les scénarios et s’organiser pour préparer la riposte appropriée.

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