La CONECT fait peau neuve : Pour un pluralisme syndical patronal

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Après avoir élu son nouveau bureau exécutif et son président, cette structure, qui a su s’imposer comme élément essentiel dans le paysage du syndicalisme patronal, a du pain sur la planche. Le nouveau bureau émerge, alors que le pays semble se lancer dans une réforme structurelle de son économie.

Tarak Cherif, fondateur et président de la Confédération tunisienne des entreprises citoyennes (Conect) a cédé le témoin à un nouveau président, l’avocat d’affaires Aslan Berjeb.

Elevé au rang de président d’honneur à vie, Cherif estime avoir réussi à positionner l’organisation patronale dans le paysage socioéconomique tunisien et aider à instaurer le pluralisme syndical à l’échelle du patronat. Son mandat s’est démarqué des autres par une extension de la représentativité de plusieurs secteurs économiques clés, allant des grandes entreprises aux moyennes et petites structures économiques.

« L’ambition était de créer une nouvelle dynamique et nous avons réussi à créer une organisation solide et crédible. En effet, la Conect a réussi à être la voix de ses membres et à défendre leurs intérêts. Le projet commun pour les années à venir sera de continuer notre engagement à préserver les acquis que nous avons obtenus», a-t-il souligné, alors qu’il assurait la passation au sein de la Conect.

Un observatoire, une force de proposition

Mais quelles seront les priorités de ce bureau exécutif et comment la Conect envisage-t-elle sa mission pour la période à venir ? Aslan Ben Rejab estime à cet effet que l’objectif suprême de ce mandat est de contribuer à la réforme des systèmes économiques. « Nous devons travailler sur l’inclusion de notre économie, les systèmes et les secteurs économiques que nous avons mis en place depuis plus de 70 ans commencent à perdre leur compétitivité et nous devons redoubler d’efforts. L’accès aux marchés et aux financements reste très limité pour les différentes entreprises tunisiennes. Aujourd’hui, l’entreprise manque même d’information et de data », a-t-il expliqué à La Presse.

Et d’annoncer que pendant ce mandat, la Conect a décidé de mettre en place un observatoire dans le but d’élaborer des études et devenir une force de proposition. « Notre priorité est également de cibler les zones intérieures du pays et de faire valoir les entreprises et même les microstructures qui y sont installées », a-t-il encore expliqué.

Aslan Ben Rejab soutient également l’idée que sensibiliser les entreprises sur leur responsabilité sociétale et environnementale est une priorité. « Aujourd’hui, l’accès des entreprises à certains marchés reste conditionné par cette prise de conscience des entreprises », a-t-il averti.

Des acquis à conserver

Autant dire que durant le dernier mandat, le contexte global d’un côté et la crise du Covid de l’autre ont représenté des facteurs défavorables à la réalisation de certaines actions de l’organisation.

Le Covid, qui a plongé l’économie planétaire dans sa pire récession, a fortement impacté la PME tunisienne déjà fragile, les entreprises ont changé leurs priorités, comme le confirme son président sortant, Tarak Cherif.

Cela n’a pas empêché la Conect de jouer son rôle sur la scène économique nationale. Selon des données auxquelles nous avons accédé, seulement entre 2019 et 2023, la Conect a compté 4.000 nouveaux adhérents, outre l’organisation de plus de 300 activités.

De même, 45 délégations étrangères ont été accueillies et 37 partenariats signés. Durant ce mandat, la Conect a pu également réaliser plusieurs études portant notamment sur la filière des boulangeries en Tunisie, le secteur de la friperie et la performance du port de Radès.

Qu’est-ce qui n’a pas réellement marché au dernier mandat ?

Que peut-on améliorer ? Tarak Cherif, président sortant, témoigne : « Il est à mentionner que la Conect a connu lors de son dernier mandat des défis liés à son rôle de syndicat qui s’est retrouvé parfois à l’écart de certaines négociations sociales.

Nous avons certes réussi à rejoindre certaines instances telles que le Conseil supérieur de la fiscalité et autres, il n’en demeure pas moins que nous aspirons à être impliqués davantage dans l’ensemble du processus du dialogue social en tant que représentant du secteur privé », nous explique un membre du nouveau bureau. Et d’ajouter : « Pour jouer son rôle et accompagner les entreprises à faire face à cette crise, tous les programmes de l’organisation ont été modifiés et remplacés par de nouvelles actions en adéquation avec l’impact de la crise, surtout des TPME. Malgré cette difficulté, nos adhérents ont démontré leur résilience économique et un sens des responsabilités sociétales élevé, en essayant de sauvegarder le maximum d’emplois », a-t-il dit.

« D’un autre côté, le climat général du pays n’a pas été favorable ni à l’entreprise ni à l’action citoyenne. Le climat des affaires a été, en effet, affecté par l’instabilité politique, la guerre Russie-Ukraine avec son impact sur les prix internationaux et nationaux, la perturbation de la chaîne logistique internationale.

Cependant, la Conect a toujours été une force de proposition en faisant les recommandations qu’elle a crues nécessaires pour soutenir l’économie nationale », a-t-il renchéri.

« Sommes-nous sortis de la zone de turbulences ? Ce n’est pas certain. Notre économie continue à évoluer dans un contexte de changements radicaux aussi bien sur les plans climatique, technologique, démographique et social… ». Une conclusion qui n’en est pas une, puisqu’elle ouvre la voie à de nouvelles rencontres et analyses, déclaré à La Presse.

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