Réparation mécanique et visite technique : Tous les clignotants sont au rouge !

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On se demande pourquoi l’A3T (Agence technique du transport terrestre) ne dispose pas de ses propres ateliers de réparation automobile. Son rôle se limite, aujourd’hui, à contrôler les véhicules et à délivrer des certificats sur leur état. Généralement, les refus sont plus nombreux que les agréments. 

Chaque année, les conditions de visite, au lieu de s’améliorer, régressent. Les critères de contrôle sont de plus en plus rigides. Autant dire que tout est fait pour compliquer la tâche aux automobilistes.

Lorsqu’on soumet son véhicule à la visite technique, il faut, toujours, s’attendre à moult surprises. Mauvaises, cela s’entend. Sans, pour autant, remettre en cause les critères appliqués, il est bon de voir que les agents en place ont recours à des appareils réglés sur des standards européens qui ne tiennent nullement compte de la réalité tunisienne. Oui ! Qu’on le veuille ou non, l’automobiliste tunisien n’a pas les moyens de fournir un véhicule au top de la technologie. Tout le monde connaît les difficultés insurmontables auxquelles il fait face pour acheter une voiture et l’entretenir. Il est impératif de s’adapter à notre réalité !

Escroqueries !

Le Tunisien est, ainsi, forcé d’avoir son propre moyen de déplacement, parce que le secteur du transport public est sinistré. Avec tous les sacrifices que cela suppose. Aujourd’hui, lors des visites techniques, ce Tunisien est recalé pour n’importe quel motif. Parfois, il est obligé de passer plusieurs fois ces visites. Certes, ces contrôles sont nécessaires pour la sécurité, mais il faut tenir compte d’une réalité catastrophique. Lorsqu’un automobiliste est refusé, il doit engager des réparations, très souvent coûteuses, auprès de ce qu’on appelle des mécaniciens ou des techniciens.

Souvent, aussi, ces réparations ne sont que du bâclage.

En effet, les garagistes qui se livrent à ce travail ne sont pas des professionnels. Il est rarissime de tomber sur un bon et honnête mécanicien. Dans ce métier, il n’existe aucune organisation visible. Dans tous nos quartiers, il suffit d’ouvrir un garage et de s’improviser mécanicien. Le client n’a aucune garantie sur les compétences de celui qui y travaille. De ce fait, beaucoup d’automobilistes sont escroqués et roulés. On leur fait payer des réparations qui n’ont jamais été effectuées et des pièces qui n’ont jamais été remplacées.

Au regard de la visite technique, les critères sont appliqués avec la plus stricte rigidité sans tenir compte de la situation qui prévaut dans le secteur de la réparation mécanique. Le Tunisien ne peut pas s’opposer, à lui seul, aux pratiques malsaines des mécaniciens et autres électriciens automobiles. Ceux-ci exercent librement sans être inquiétés. Ils n’ont de comptes à rendre à personne. De son côté, le client ne dispose d’aucun recours pour se protéger contre ces intrus et ces escrocs.

Organiser le secteur

Ces soi-disants mécaniciens règnent en maîtres absolus et personne ne peut leur imposer une règle de conduite. Nous n’avons jamais cessé d’attirer l’attention des autorités sur la situation dans ce métier. En novembre 2012 et en avril 2021 et, même avant, nous avons abordé le sujet sur ces mêmes pages, sans qu’il y ait la moindre réaction de la part des autorités concernées. Or, on sait que depuis des années on a essayé d’organiser ce secteur, sans aucun résultat. Une tentative d’imposer un cahier des charges en 2008 a fait long feu.

Mais, faut-il le rappeler, l’idée de commencer à encadrer ce corps de métier existe depuis… 1985. Nous sommes en 2024 et tout est pareil. Rien de tangible n’a été fait. Pis encore, on recule. Pourtant, il y a des normes à respecter et les autorités concernées ont la charge de les faire respecter. Il est inconcevable que ces gens se livrent à des actions non organisées et imposent leurs lois et leurs tarifs. Il y a d’abord des évidences énoncées par le cahier des charges. Comme, par exemple, l’espace réservé à l’exercice de la profession qui ne doit pas être en dessous de 50 m2 pour un électricien ou pour un mécanicien et 150 m2 au moins pour un tôlier.

Rien de cela n’existe.

D’ailleurs, de nombreux “mécaniciens” n’ont jamais eu de contact avec la chambre qui les représente ou n’en ont jamais entendu parler. En tout état de cause, le secteur est totalement anarchique et on y fait tout ce qu’on veut sans la moindre crainte. Et ça, tous les automobilistes le savent. Eux, qui, justement, désespèrent de voir, un jour, une autorité intervenir et prendre les choses en main.

L’A3T doit s’impliquer à fond

C’est pourquoi il est temps de penser à l’intervention de l’A3T. Pourquoi n’est-il pas possible de mettre en place des centres de réparation mécanique relevant de ces centres des transports terrestres ? De ce fait, il y aurait des antennes régionales liées à chacun des centres de l’A3T existants. Une fois le diagnostic établi par le contrôle technique, l’automobiliste peut, s’il le désire, s’adresser à ces structures et obtenir ensuite un certificat reconnu.

Ces nouveaux centres de réparation automobile jouiront, certainement, de plus de confiance dans la mesure où ils seront agréés officiellement. Ce projet est possible moyennant une volonté politique et une vision claire des choses. La formation professionnelle aurait, également, son rôle à jouer en lui fournissant le personnel adéquat formé selon les techniques nouvelles et modernes et disposant du matériel adéquat et non d’un marteau et d’une barre de fer.

On imagine bien que l’apport de telles structures ne manquera pas de faire bouger les choses vers plus de crédibilité et d’efficacité. En outre, il peut permettre de mettre sur le marché de l’emploi un grand nombre de jeunes formés dans les centres dépendant du ministère de l’Emploi et de la Formation professionnelle. Des jeunes qui auront appris à utiliser et à manipuler les nouvelles machines et les nouvelles technologies en matière de réparation automobile. Surtout qu’il y a sur le marché des voitures modernes qui ont besoin de réparateurs à la page.

L’industrie automobile est entrée dans une phase très développée et au secteur de la réparation auto d’y faire face. Ce qui n’est pas dans les projets de ces garagistes qui ne cherchent qu’à s’enrichir à la tête du client, sans, pour autant, présenter un travail correct.

Et les pièces détachées ?

Mais il y a un hic : c’est le domaine des pièces détachées et de l’équipement des voitures qui semble aller à la dérive. C’est vraiment la jungle. Les prix sont, le moins que l’on puisse dire, exorbitants et de qualité douteuse. Le secteur est tenu par des barons qui le monopolisent depuis des années. Tout comme le secteur des concessionnaires automobiles. Jusqu’à présent, personne n’a osé les toucher. Des gens devenus milliardaires en si peu de temps, parce qu’ils évoluent seuls dans cet espace.

Tout le monde sait que les pièces écoulées ne sont pas toutes d’origine. La contrefaçon y est majoritaire. Mais les prix montent en flèche, avec des factures salées indûment appliqués, allant du simple au double, sinon au triple selon les vendeurs ou les marques. Par contre, le client n’a aucun repère pour se situer par rapport à ces prix incontrôlables.

On terminera par cet appel ultime aux autorités compétentes. On s’attend à ce coup de pied dans cette fourmilière pour obliger tout le secteur (réparation, vente de  pièces détachées et tout ce qui s’y rattache) à changer de méthode et à respecter les droits des consommateurs tunisiens. Espérons que ces propos ne tomberont pas dans l’oreille d’un sourd comme cela a été le cas depuis, au moins, 2008.

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