L’entreprise autrement | Tourisme, Bizerte mérite mieux (II)

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Un vrai bijou, une merveille de la Nature et de la Culture, l’espoir du Tourisme tunisien, la perle de la Méditerranée. Voici quelques-uns parmi les qualificatifs que l’on pourrait facilement octroyer à     Bizerte et sa région. Tout cela ne lui a, hélas, pas permis de fructifier et de rentabiliser comme il se doit tous ces atouts (voir notre chronique du 24-01-2024 : «Tourisme et régions : Haut potentiel, faible rentabilité»)

Oui, haut potentiel mais faible rentabilité. C’est ce que l’on pourrait dire à propos de Bizerte et sa région, concernant le Tourisme, l’un des secteurs stratégiques les plus importants du pays. La cause, plusieurs défaillances, y compris celles résultant de politiques publiques peu efficaces, elles-mêmes résultat d’un manque de volonté politique et de vision.

Notre connaissance personnelle des lieux, car les fréquentant régulièrement ainsi que plusieurs visites dans le cadre de nos activités professionnelles, nous ont convaincus de cette triste réalité. Avec ses plages envoûtantes, ses forêts, ses montagnes, ses deux lacs dont l’un est inscrit sur la liste du patrimoine naturel de l’Humanité (Le Lac Ichkeul), Bizerte et sa région méritent mieux.

Cela sans oublier ses riches zones agricoles, ses villages au riche patrimoine culturel, ses sites archéologiques, dont les médinas et les ruines bien conservées de la première ville punique de Tunisie et pleins d’autres atouts, dont les sports nautiques et bon nombre de manifestations culturelles très intéressantes.

Bizerte est aussi connue pour sa bonne et riche cuisine traditionnelle, son amour pour la poésie, le théâtre, la musique et les chants classiques traditionnels (à caractère spirituel et romantique). Ville-martyre, donc labellisée ville pour la Paix, Bizerte bénéficie d’une importante présence de l’Armée nationale, ce qui la rend plus sûre. Encore handicapée par son accès sud, dépendant du pont amovible qui enjambe le canal, Bizerte attend toujours la délivrance. Le processus de construction du nouveau pont enclenché, nous pouvons espérer que la ville pourrait mieux attirer visiteurs et investisseurs. Le nouveau pont lui évitera selon sa conception tous les dérangements, les désagréments et les aléas dus au pont actuel.

A cause de ce dernier, la proximité de l’Aéroport international de Tunis- Carthage (60 km) et l’existence d’une belle autoroute n’ont plus une grande valeur. Quant à l’Aéroport international de Tabarka, situé à 150 km, il n’est pas d’un grand secours puisqu’il connaît depuis des années des difficultés auxquelles s’ajoute la route non aménagée.    

Constatation qui a été renforcée lors d’une rencontre organisée, dernièrement, à Bizerte sur initiative de l’Association tunisienne du développement touristique (Atdt, les anciens du Tourisme) avec le soutien de l’Association de travail et développement de Bizerte, que préside Amor Bjaoui et l’unité hôtelière de feu Afif Kchouk, en présence du commissaire régional au Tourisme.

Une table ronde, animée par Lotfi Khayat, président de l’Atd, avec pour thème «le Tourisme à Bizerte, conjoncture et perspectives» et enrichie par l’apport des participants, dont Mahjoub Guerfali, l’un des piliers de ladite association et l’une des plus éminentes références du domaine et de la région, l’apport de feu Afif Kchouk et plusieurs autres connaisseurs.

Selon des professionnels et des experts, le problème majeur de Bizerte et sa région réside dans le fait qu’elles ne bénéficient pas d’un vrai plan d’aménagement touristique, à l’instar d’autres régions et ne figurent pas ou presque sur le tableau de bord des tour-opérateurs. La région est tout simplement reléguée aux oubliettes selon eux.

Mettons pour notre part à l’index l’absence ou la faiblesse du produit touristique et par ricochet de la faiblesse de la pertinence de toute action à caractère mercatique (de marketing). Notons, ici, que l’on ne pourrait pas parler de stratégie marketing lorsque le produit n’existe pas ou quand il est faible et mal défini.

C’est comme si l’on exporte du diamant brut sans aucune valeur ajoutée. Un minerai qui nécessite une seconde chaîne de valeur comprenant traitement, taille, incrustation et mise en valeur pour vente avec des labels et des marques prestigieuses et un travail de promotion de communication qui réussira à multiplier plusieurs fois la valeur ajoutée du produit fini.

Malgré tous ces atouts, Bizerte et sa région restent à faible capacité de séjour, si l’on exclut les séjours, non négligeables, pour vacances familiales estivales hors hôtels. Ces derniers fonctionnent à moins de 30% de leur capacité, alors qu’ils pourraient faire mieux. Certains arrivent à joindre les deux bouts en louant les grandes salles pour les fêtes.

Quant à l’apport des Tunisiens résidant à l’étranger et qui rentrent massivement au cours de l’été au bled, il faudrait cesser de le comptabiliser en termes de nombre de touristes ou de rentrée de devises car cela empêche d’avoir une idée claire de la réalité.   

De cette situation aberrante, Bizerte et sa région continueront de souffrir tant que des plans, programmes et autres mesures ne sont pas conçus et mis en œuvre le plus tôt possible.

(A suivre)

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