Tunisie-Corée du Sud : Deux pays amis qui entretiennent de bonnes et solides relations d’égal à égal

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A partir de 1990, la Tunisie a ouvert son ambassade dans la capitale coréenne, Séoul, annonçant le début d’une bonne relation entre les deux pays, à la faveur de similitudes, notamment au niveau de la rareté des ressources naturelles. En effet, les deux pays ne disposent pas de beaucoup de ressources, mais ils ont bâti leur économie sur le savoir-faire, l’éducation et une relation bilatérale privilégiée, qui porte également sur la coopération technique.

«La Tunisie et la République de Corée célèbrent cette année le 55e anniversaire de l’établissement de leurs relations diplomatiques. Il s’agit d’une étape importante qui fait appel à une nouvelle vision pour s’appuyer sur nos valeurs communes et notre impressionnant bilan de coopération et pour envisager un nouveau chapitre de réalisations». C’est en ces termes que le Chef du gouvernement, Ahmed Hachani, s’est exprimé dans l’éditorial qu’il a lui-même rédigé en anglais, et qui a été publié dans le plus ancien des journaux anglophones en Corée du Sud, The Korea Times, en marge de la visite de travail qu’il a effectuée en République de Corée du 3 au 6 juin.

«L’initiative audacieuse de la Corée consistant à lancer le Sommet Corée-Afrique et à s’engager dans le nouveau paradigme de partenariat avec le continent africain est perçue par la Tunisie comme une opportunité supplémentaire de générer un nouvel élan à nos relations bilatérales. En tant qu’ami de longue date et partenaire fiable, la Tunisie est déterminée à contribuer activement au succès du premier sommet Corée-Afrique et à faire fructifier un programme de coprospérité à long terme, conduisant à un succès partagé», souligne en substance le Chef du gouvernement.

Important potentiel de coopération avec la Corée

Dans ce même contexte, Ahmed Hachani a expliqué qu’au niveau bilatéral, nous progressons grâce à des programmes collaboratifs de qualité dans l’ITC et d’autres secteurs. A titre d’exemple, le développement d’une plateforme tunisienne d’approvisionnement électronique, sur le modèle du système coréen d’approvisionnement électronique Koneps (Korea online e-procurement system) sert désormais de vitrine des solutions et technologies coréennes, suscitant l’intérêt des pays d’Afrique et d’Amérique latine. La Tunisie apparaît également comme une destination d’investissement prometteuse pour les entreprises coréennes, en particulier dans la fabrication de faisceaux de câbles automobiles, Yura Corporation montrant la voie à suivre pour d’autres investisseurs coréens. 

A la tête d’une délégation qui a pris part au premier Sommet Corée du Sud-Afrique, les 4 et 5 juin à Séoul, qui s’est tenu sous le slogan «L’avenir que nous construisons ensemble : croissance partagée, durabilité et solidarité», Ahmed Hachani s’est entretenu avec son homologue sud-coréen, Han Duck-soo. Les deux hauts responsables ont salué, à cette occasion, les liens profonds qui unissent les deux pays et le niveau qui caractérise les relations de coopération. Les deux parties ont par ailleurs convenu de renforcer davantage la coopération bilatérale et de créer une dynamique économique durable. 

Une opportunité pour promouvoir l’image de la Tunisie au niveau international

Dans une allocution prononcée lors d’une séance du Forum des affaires dédié au changement climatique et aux énergies décarbonées dans les politiques énergétiques, le chef du gouvernement a estimé que la plupart des pays, notamment africains, même s’ils ne contribuent pas beaucoup aux émissions de dioxyde de carbone, souffrent des répercussions des changements climatiques résultant du réchauffement global. Il a rappelé que notre pays a ratifié de manière proactive tous les accords bilatéraux et multilatéraux liés à l’environnement et au climat, et a également élaboré sa stratégie de développement «bas carbone» à l’horizon 2050. Le Chef du gouvernement a également affirmé que la Tunisie est riche en énergies renouvelables, et que sa situation géographique privilégiée en fait une destination mondiale pour les investissements étrangers dans le domaine des énergies propres et de l’économie verte.

Le vice-président de l’Union tunisienne de l’industrie, du commerce et de l’artisanat (Utica Tunisie), Hichem Elloumi, le président de la Chambre de commerce tuniso-coréenne, Slim Sellami, ont participé, à cette réunion d’affaires qui a réuni de nombreux chefs d’État et de gouvernement, avec la participation de 400 hommes d’affaires d’Afrique et de Corée. Au cours du forum, de nombreux sujets ont été débattus, notamment l’industrialisation et la promotion des investissements, le développement du commerce et la création d’emplois, la sécurité alimentaire, la décarbonation et la réponse aux changements climatiques.

Il convient de noter que les deux représentants de l’Utica ont accompagné le Chef du gouvernement lors de cette visite de travail et qui a représenté «une opportunité pour promouvoir l’image de la Tunisie au niveau international et rencontrer de nombreux investisseurs et personnalités économiques», indique l’organisation patronale dans un communiqué. 

Il est à souligner que le Chef du gouvernement a rencontré, en marge de cette visite, les membres de la diaspora tunisienne établie dans ce pays. En présence du ministre des Affaires étrangères Nabil Ammar, et de la ministre de l’Économie et de la planification, Feryel Ouerghi, il a eu aussi des entretiens avec le Président de la République Islamique de Mauritanie et président en exercice de l’Union africaine, Mohamed Ould Ghazouani, ainsi qu’avec le Président kenyan William Ruto.

Une intelligence diplomatique partagée

Interrogé sur la portée de la coopération entre les deux parties, l’ancien secrétaire d’Etat au MAE Mohamed Ali Nafti, qui a pris récemment sa retraite et qui a été notre ambassadeur à Séoul de 2012 à 2017, ne tarit pas d’éloges sur les efforts de la diplomatie tunisienne qui ont contribué au raffermissement des relations bilatérales pour les hisser à un niveau élevé de partenariat. Les relations diplomatiques entre la Tunisie et la Corée du Sud remontent à 1969. «Depuis cette date, la relation bilatérale n’a jamais été entachée d’un quelconque incident. Bien au contraire, de grands progrès ont été enregistrés au fil des années en matière de coopération. L’intelligence diplomatique avait contribué à l’évolution de la relation conformément aux desiderata des deux pays», témoigne-t-il à La Presse.

A partir de 1990, la Tunisie a ouvert son ambassade dans la capitale coréenne, Séoul, annonçant le début d’une belle relation entre les deux pays, à la faveur de similitudes, notamment au niveau de la rareté des ressources naturelles. En effet, les deux pays ne disposent pas de beaucoup de ressources, mais ils ont bâti leur économie sur le savoir-faire, l’éducation et une relation bilatérale privilégiée, qui porte également sur la coopération technique.

La Corée avait accepté de partager son savoir avec la Tunisie, pays pionnier dans la région à avoir bénéficié des premières applications électroniques qui ont été mises en œuvre, voilà une quinzaine d’années. «Je citerai en premier lieu le système des achats publics en ligne Tuneps qui a fait une révolution au niveau de la bonne gouvernance, la bonne gestion et la lutte contre la corruption», explique Mohamed Ali Nafti. Ce bel exemple avait permis à la Corée non seulement de s’introduire dans le marché tunisien, mais également de faire une percée dans le marché des pays africains francophones. Les experts tunisiens, après avoir mis en œuvre l’expertise coréenne, ont pu accompagner leurs amis coréens dans les pays nord-africains et au-delà.

Important projet dans les années à venir

A ce titre, l’ancien diplomate indique que la coopération dans ce domaine a été élargie à d’autres domaines qui touchent à la gouvernance électronique. On peut dire que notre pays est redevable à cette nouvelle technologie toujours en vigueur. Un autre projet fort important verra le jour dans les années à venir. Il s’agit du cadastre numérique (registre public où figurent les renseignements sur la surface et la valeur des propriétés foncières). C’est une nouvelle technologie qui sera appliquée en Tunisie pour la première fois relative au domaine du foncier. On parle dans ce cas de la digitalisation pour la première fois du cadastre tunisien. La Corée du Sud dispose d’une expertise internationale incontestable dans ce domaine et elle a accepté de partager, encore une fois, son savoir-faire avec la Tunisie.

Il y a lieu de souligner qu’il y a un effort considérable effectué au niveau de la coopération dans le domaine de la recherche scientifique et de la technologie, témoignant des efforts louables de la diplomatie tunisienne à longueur d’année et de ceux de l’Agence coréenne de coopération internationale, plus connue sous son nom anglais, Korea International Cooperation Agency (Koica), qui ont contribué au raffermissement des relations entre les deux pays. La Tunisie est désormais un excellent sparring-partner (partenaire d’entraînement) pour la Corée du Sud. Il reste cependant beaucoup à faire dans le domaine du tourisme et on espère voir un jour un vol direct Tunis/Séoul, fait-il remarquer.

«Pour cette raison nous considérons que les deux piliers de la recherche scientifique et de la technologie sont réellement le socle sur lequel les relations bilatérales ont été établies». Notre interlocuteur ajoute que 1.500 cadres tunisiens moyens et supérieurs été formés dans ce pays, bénéficiant du savoir-faire coréen, et encadrés dans le cadre des activités économiques, permettent aux grandes firmes coréennes de s’investir dans le marché tunisien. Ce n’est pas un hasard si dans le marché de l’automobile, les marques coréennes se positionnent en première place de vente au cours des dernières années, souligne-t-il.

Il conclut que les échanges commerciaux ont évolué au rythme de ces relations, ce qui nous offre un bel exemple de partenariat d’égal à égal, émanant d’une volonté sincère partagée entre les deux parties. Un autre aspect important qu’il ne faut pas négliger et qui conforte l’excellence de nos relations. Il s’agit de cet engouement et de cette admiration que porte une partie importante de la jeunesse tunisienne au K-pop (terme désignant plusieurs genres musicaux originaires de Corée du Sud) qui a envahi le monde, ainsi que les séries et films coréens, et l’innovation coréenne en général en matière de culture.

Il y a lieu de mentionner que l’œuvre colossale d’Ibn Khaldoun Al Muqadima a été traduite de l’arabe vers le coréen et que ses théories économiques et sociales ont fait l’objet d’études académiques menées par des universitaires coréens. L’élite coréenne demeure admiratrice de la personnalité légendaire d’Hannibal.


La coopération tuniso-Coréenne en chiffres (source la Koica): Projets de la Koica en Tunisie

Tuneps 2

– Amélioration du système de passation électronique pour le renforcement des capacités des agents publics (2020-2024)

– E-learning

– Mise en place d’une plateforme électronique pour le renforcement des capacités des agents publics (2020-2024)

Propriété industrielle

– Amélioration du système public d’information sur la propriété industrielle en Tunisie (2022-2026)

Iptic

Renforcer l’impact des politiques de l’emploi et soutenir la création d’emplois basés sur les TIC pour les jeunes et les femmes en Tunisie (2021-2025)

Sted-AMT : Compétence pour le commerce et la diversification économique

Alignement des compétences sur les stratégies de développement sectoriel en Tunisie, en Algérie et au Maroc (2019-2024)

Programmes de formation et de renforcement des capacités (Ciat)

– Diplomatie scientifique, science de la science et politique d’innovation (2021-2023)

– Renforcement des capacités dans l’investigation contre la corruption (2022-2024)

Programmes de coopération triangulaire

Le partage et l’échange des expériences réussies des systèmes coréen et tunisien de passation électronique des marchés publics avec d’autres pays d’Afrique et du Moyen-Orient (2023-2025)

Nombre de projets mis en œuvre depuis 1991 : 22

Nombre de volontaires délégués (1996-2023) : 143

Bénéficiaires du programme Ciat (1991-2023) : 1371

Chiffre d’aide publique consacrée au développement depuis 1991 : 66.410.000$

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