Elyes Fakhfakh fait le point : Quand la Kasbah tire sa légitimité de Carthage

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• « Je ne vois ni Qalb Tounès ni le PDL dans le gouvernement ».
• « Nous ne voulons plus de faux consensus ». 
• « Le gouvernement sera composé sur la base de la légitimité du président de la République ».
• « Mettre fin aux dettes orientées vers la consommation ».

Lors de sa première rencontre avec les journalistes et les médias, le chef du gouvernement désigné, Elyes Fakhfakh, a été plus que clair en affirmant qu’aucune place n’est réservée au parti Au Cœur de la Tunisie, ni au Parti destourien libre (PDL) dans le prochain gouvernement.
Résultat : le gouvernement Fakhfakh sera politique, restreint et composé essentiellement des partis Ennahdha, le Courant démocratique, le Mouvement du peuple et Tahya Tounès, en attendant l’élargissement de cette ceinture politique et en poursuivant les concertations avec la Coalition Al-Karama.


Le chef de gouvernement désigné, Elyes Fakhfakh, a tenu, hier, une première conférence de presse pour présenter la ceinture politique qui va former son gouvernement. Pour lui, il n’y aura plus de place pour de faux consensus élargis, car l’étape nécessite un gouvernement qui assume ses responsabilités et ses choix politiques, et une opposition parlementaire puissante. Selon ses dires, cette ceinture politique sera formée principalement sur la base des partis qui ont soutenu la candidature du Président de la République, Kaïs Saïed, lors du second tour de la dernière présidentielle.

Clairement, Elyes Fakhfakh veut investir dans la popularité et ce qu’il appelle la légitimité électorale du Président de la République pour former son gouvernement et obtenir la confiance du Parlement. « Nous ne voulons plus de faux consensus, que chacun assume ses responsabilités. Ce gouvernement sera composé sur la base de la légitimité du Président de la République qui m’a choisi pour des raisons que moi-même j’ignore. Aujourd’hui, le temps de l’exclusion politique est révolu, mais pour le cas du parti Au Cœur de la Tunisie et Parti destourien libre, il faut dire que nous avons bien besoin d’une opposition parlementaire puissante et impliquée dans la vie politique et le suivi du travail et des choix du gouvernement », a-t-il dit.

Pour ce qui est des dossiers prioritaires, Fakhfakh a indiqué que la priorité pour la prochaine étape sera accordée à la concrétisation de la transition économique et sociale. Il a insisté sur le besoin d’œuvrer à satisfaire les attentes des Tunisiens et des catégories faibles, de redonner espoir aux jeunes, loin des calculs politiques étriqués.

Le chef de gouvernement désigné semble avoir également investi dans les erreurs de son prédécesseur Habib Jemli en annonçant la mise en place d’un gouvernement politique restreint dont le nombre des ministres ne devra pas dépasser les 25.
« Ce gouvernement sera composé de tous les profils, qu’il s’agisse de technocrates, de politiciens, de partisans ou de compétences, nous sommes ouverts à tous dans la mesure où ces profils seront capables d’appliquer la loi et mettre en place les programmes nécessaires », a-t-il poursuivi.

Cinq grandes réformes économiques
Même si la conférence de presse d’hier était consacrée à présenter la ceinture politique de son gouvernement, le chef de gouvernement désigné n’a pas omis d’évoquer la délicatesse de la situation économique et financière en Tunisie. Pour lui, il est clair que la situation économique nécessite des plans de réformes qui doivent être menés en urgence. « Je suis conscient de la situation, je sais de quoi il s’agit, d’ailleurs j’aurai aujourd’hui (Ndlr : demain) des réunions avec le ministre des Finances et le gouverneur de la Banque Centrale pour faire le point sur les derniers indicateurs. J’ai déjà une vision pour mener les réformes économiques nécessaires, mais nous devons nous concentrer sur cinq grandes réformes qui seront discutées avec la coalition gouvernementale », a-t-il expliqué.

Evoquant également la lourde question de la dette publique, le chef de gouvernement désigné a indiqué qu’il s’agit en effet d’un dossier préoccupant, annonçant son intention d’en finir avec les dettes orientées vers la consommation. Par contre, il a expliqué que les nouvelles dettes et les nouveaux projets de prêts de financement serviront tous pour à des investissements à forte employabilité, ce qui permettra, selon ses dires, d’améliorer les indicateurs socioéconomiques.

Dans la mesure du possible
Lors de sa première conférence de presse en tant que chef de gouvernement désigné, Elyes Fakhfakh a en effet voulu investir dans les erreurs de Habib Jemli, en évitant de faire des promesses ou s’engager à faire quoi que ce soit. Il a dans ce sens affirmé que son gouvernement respectera la parité Homme-Femme et la représentativité des jeunes dans la mesure du possible. Par contre, le chef du gouvernement désigné s’est engagé à appliquer fermement la loi misant sur la moralisation et la rationalisation de la vie politique pour remédier à la perte de confiance dans les institutions de l’Etat et entre les acteurs politiques, appelant ces derniers à assumer leur responsabilité dans un esprit de confiance et de respect pour l’intérêt général du pays.

Evoquant sa relation avec le Parlement et le président de la République, Fakhfakh a souligné que sa désignation doit marquer le début d’une nouvelle étape basée sur la cohérence et la cohésion entre les deux têtes de l’exécutif et entre l’exécutif et le législatif.
Revenant également sur la situation en Libye, Fakhfakh a assuré qu’il est du droit de la Tunisie d’œuvrer à trouver une solution à la crise libyenne. « La Tunisie doit œuvrer pour trouver une solution pacifique en Libye, car la stabilité de la Libye constitue également la stabilité de la Tunisie, c’est un sujet que nous allons traiter avec le président de la République », a-t-il affirmé.
Pour conclure, Elyes Fakhfakh a rappelé que les concertations ont démarré avec les différentes parties sur la formation de la prochaine équipe et de son programme d’action, qu’il présentera aux journalistes dans les prochains jours.

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