Enfants surdoués et précoces : Le mal-être des enfants zèbres

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Les zèbres, un nom qui en dit long ! «C’est une appellation que j’ai choisie, il y a maintenant une quinzaine d’années,  pour cesser de stigmatiser les enfants surdoués et précoces», explique la psychologue Jeanne Siaud-Facchin.

Qu’est-ce qu’un enfant Zèbre?
Ces enfants ont en commun avec les zèbres la capacité à se fondre dans l’environnement grâce à leurs rayures, qui symbolisent à la fois les coups de griffes reçus dans leur vie et leur empreinte unique. Par ailleurs, c’est le seul équidé que l’homme n’a pas réussi à dompter, un côté sauvage qui caractérise aussi ces enfants.

Enfant zèbre : des signes distinctifs
Un enfant zèbre se reconnaît à des signes distinctifs. «Il présente une intrication singulière entre sa façon de penser et son comportement émotionnel». C’est à la fois son développement intellectuel  et sa dynamique affective qui soulignent sa différence. En effet, cet enfant dispose d’une intelligence qualitativement différente, leur indice de QI est égal ou supérieur à 130 et d’une hypersensibilité émotionnelle. Leur structure cognitive est différente, tout comme leur sensibilité.

Etre Zèbre, c’est une façon spéciale et intense d’être au monde, qui peut aussi être douloureuse puisqu’ils sont perçus comme différents. Leur intelligence particulière peut entraîner des difficultés scolaires. «En effet, les Zèbres absorbent littéralement les connaissances sans produire d’efforts d’apprentissage». Ils saisissent vite, anticipent, mais ce qui va leur donner l’avantage peut se solder par un décrochage dès la quatrième, où le savoir-faire prédomine sur le seul savoir. Le décalage se met alors en place plus ou moins insidieusement avec des crises d’angoisse à la clé. A la menace de l’échec scolaire, s’ajoute la crispation des enseignants, exaspérés du manque de résultats de ces enfants, par ailleurs plus intelligents que la moyenne.

La grande solitude des enfants zèbres
Leurs préoccupations sont différentes des enfants de leur âge. «Ils se posent des questions existentielles, ont de nombreux centres d’intérêt, et sont animés par des valeurs très fortes, et non négociables», développe Jeanne Siaud-Facchin. C’est difficile pour eux de s’ajuster, ils ne se sentent pas sur la même longueur d’ondes et sont perçus comme étranges.

Plus tard, ils peuvent avoir des difficultés à nouer des liens amoureux. En famille aussi, c’est difficile. La psychologue a pu observer que «les parents peuvent être désemparés, et ne pas vraiment comprendre les enfants, se sentant impuissants à les aider».

Des pistes pour soulager leur mal-être
Être un enfant zèbre ne signifie pas forcément se retrouver en grande difficulté. Pour les uns, leur intelligence comme leur grande sensibilité sont d’incroyables facteurs de résilience. Ce sont des atouts pour qu’ils se créent la vie qu’ils veulent vraiment.

Pour d’autres, la route est semée d’embûches et de souffrances, avec comme seule alternative l’hôpital. «Certains ont pu développer malgré tout des liens d’attachement solides, avec, à la clé, une estime de soi suffisante pour faire de leur différence une force. Aider les autres est possible !» Et c’est ce qui fait la différence. Poser un diagnostic peut tout changer et permettre de lui apporter ce dont il a réellement besoin.

Quand les difficultés se présentent, les suppositions vont bon train, «l’enfant peut être hyperactif, opposant, avec des parents en séparation…». Un test de dépistage procure une nouvelle carte de territoire, pour mieux baliser sa route. Quand les signes convergent (intelligence, hypersensibilité émotionnelle, et affective), faire un bilan va faire la différence.

Ces enfants restent avant tout des enfants, avec un besoin fondamental d’être soutenus par leurs parents. Ces derniers peuvent se mettre à leur portée en faisant des demandes explicites : «là, j’ai besoin que tu m’aides à te comprendre».

( Source : le Figaro Santé Catherine Maillard Journaliste, éditrice et auteure)

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