La situation économique, très complexe en temps normal, est devenue encore plus difficile avec le Covid-19.  Le confinement total du pays n’a pas été sans conséquences sur l’économie nationale en général et sur l’état des finances publiques en particulier. Ces conséquences ont transformé la crise économique en pandémie économique, entraînant la paralysie de toute activité économique, à l’exception de celle liée à la sécurité alimentaire et sanitaire. 

La pandémie de Covid-19 est un amplificateur d’une crise sans précédent. Comme on a pu le constater, les mesures de confinement imposées par le coronavirus ont bien été un accélérateur exponentiel de crise, faisant passer les prévisions de la croissance mondiale de 3,4%, début 2019, à 2,6% début mars 2020, pour aboutir à une chute de 3% mi-avril 2020, selon le FMI.

Selon le rapport de suivi de la situation économique en Tunisie, publié fin avril 2020 par la Banque mondiale, les principaux risques auxquels est exposée la Tunisie concernent la pandémie de Covid-19 et la volatilité des cours mondiaux du pétrole. «Une aggravation de la pandémie mondiale entraînerait une détérioration plus poussée des perspectives économiques mondiales, une perturbation persistante des échanges commerciaux et des chaînes de valeur à l’échelle mondiale, ainsi que des restrictions d’une durée plus longue que prévu des voyages et de l’activité dans le monde et en Tunisie».

Le rapport indique qu’une telle aggravation serait préjudiciable à l’activité économique en Tunisie et en particulier au tourisme et aux exportations, enregistrant un nouveau ralentissement de la croissance et de la création d’emplois et la diminution des recettes publiques, ainsi qu’une augmentation potentielle des prix des marchandises importées et par conséquent une hausse de l’inflation.

Ainsi, des mesures économiques et sociales d’accompagnement et de soutien des particuliers, des entreprises, des salariés et de la population fragile et pauvre ont été décidées par le gouvernement et par la Banque centrale de Tunisie. Ces mesures auront un coût dépassant les 3 milliards de dinars.

De son côté, l’Institut tunisien de la compétitivité et des études quantitatives (Itceq) précise dans sa dernière publication que «la situation actuelle présage d’une forte récession économique en 2020. Le Covid-19 pourrait aussi amplifier les difficultés avec le recul des exportations en relation avec la contraction économique mondiale».

Cette situation difficile et fragile mérite toute l’attention du gouvernement. Elle ne devrait pas nous faire oublier qu’il y aura un après Covid-19. En effet, l’économie tunisienne connaîtra de grandes difficultés cette année. Toutefois, «plus nous ralentirons la contamination, mieux sera pour notre économie».

Dans cette période où l’urgence prime,  l’Itceq estime qu’il ne faut pas perdre de vue les opportunités qui se présenteront à la Tunisie, à nos jeunes, à nos entreprises, à nos start-up, et «c’est à nous de les saisir à temps, à nous de préparer la sortie de cette crise par une politique de relance de l’investissement ciblée en fonction des nouvelles exigences de l’économie mondiale».

Et d’ajouter qu’il faudrait  prendre une part entière dans le nouvel ordre économique mondial qui se profile. La responsabilité incombe à tous: secteur public, secteur privé et partenaires sociaux. L’engagement de tous les partenaires nationaux pour un pacte de développement économique et social comportant des mesures détaillées, concrètes et des ressources financières conséquentes pour la période 2020-2025 peut «constituer un cadre idéal pour anticiper la sortie de notre pays de cette crise et en créer une opportunité de relance».

Rappelons que durant les deux mois précédant la pandémie (janvier et février),  l’économie tunisienne fonctionnait normalement et certains signes d’amélioration du climat des affaires commençaient à être observés suite à la bonne saison touristique. De même, les indicateurs montrent que les avoirs nets en devises dépassaient l’équivalent de 110 jours en février 2020,  l’inflation globale avait continué sa baisse pour s’établir à 5,8% contre 6.1% observée en décembre 2019 et 6,7% en février 2019.

Par ailleurs, le dinar continuait sa tendance à s’apprécier face à l’euro où 1 euro valait 3,118 dinars fin février 2020 contre 3,465 en février 2019,  le déficit de la balance commerciale s’est légèrement amélioré, passant de 2462 MD à fin février 2019 à 2319 MD durant les deux premiers mois de 2020 (soit un gain de 144 MD). «Ce résultat a été atteint malgré le léger recul des exportations à fin février 2020 (-1,5%) et reviendrait donc à une baisse encore plus importante des importations nationales (-2,5%)».

Sur le plan sectoriel, les industries manufacturières, qui représentaient 89% des exportations de biens, ont exporté à fin février 2020 pour 6,76 milliards de dinars enregistrant une légère hausse de 0,4% par rapport aux deux premiers mois de 2019.

Les Industries mécaniques et électriques ont vu leur exportation légèrement progresser de 0,6% à fin février 2020 alors que pour le secteur du textile et de l’habillement les exportations ont continué à afficher des baisses pour le deuxième mois consécutif de 2020 (-3,1%).

De leur côté, les Industries agroalimentaires ont enregistré une hausse des exportations de 19,3% grâce notamment à l’huile d’olive dont les exportations ont augmenté de 28,9%.

A fin février 2020, la Tunisie a également augmenté ses importations en blé dur (+ 83 mille tonnes) par rapport au niveau des deux premiers mois de 2019 et en blé tendre (+78 mille tonnes), produits stratégique, notamment durant cette phase de crainte due à la pandémie Covid-19.

Enfin, les importations de biens d’équipement, indicateur d’investissement matériel, ont décru de 10% à fin février 2020. Toutefois, les intentions d’investissement dans le secteur manufacturier affichaient une croissance de 23%, «ce qui donnait des signes positifs sur les perspectives futures de l’investissement, surtout que l’essentiel de ces investissements était de nouvelles créations de projets».

Enfin, l’Itceq considère que même si «la pression budgétaire et la situation difficile des finances publiques continuaient à peser lourd sur l’économie tunisienne en ce début de l’année 2020, cette dernière présentait des signes de résilience de court terme à l’amont de la crise du Covid-19».

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