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Une obligation plus qu’un choix

LE paysage parlementaire est en train de changer. Les blocs et les partis politiques qui veulent faire face à l’alliance contre nature entre Ennahdha, Qalb Tounès et Al Karama n’ont plus de choix : sauver la face et prospecter tout ce qui peut assurer un équilibre au sein du Parlement, ou bien se contenter  de faire de la figuration à l’hémicycle.

Il semblerait que les initiateurs d’un nouveau front parlementaire aient trouvé les candidats idoines pour faire figure d’un partenaire idéal et pour donner l’image d’un bloc pouvant disposer d’une véritable assise politique et parlementaire. Il s’agit d’assurer une assise à la fois quantitative (80 élus) et qualitative. Une double contrainte qui paraît pour le moment à la portée du bloc démocrate (Echaâb et Attayar), du bloc de la Réforme nationale, du bloc National, du bloc de Tahya Tounès, ainsi que de nombre de députés indépendants.

A l’exception d’Attayar, et tout en ne faisant pas appel au bloc du PDL, les catalyseurs du Front en question ont tous choisi lors de la séance du 1er septembre 2020 de voter en faveur du gouvernement Mechichi. Mais la plupart des ses composantes voient aujourd’hui d’un mauvais œil l’alliance entre Ennahdha, Qalb Tounès et Al Karama et espèrent conclure un contrepoids qui ferait de ce front l’aile dure d’une future majorité, allant même jusqu’à déjouer l’intention d’apporter des changements à la composition du gouvernement Mechichi, telle qu’initiée par Ennahdha et Qalb Tounès après avoir accordé à ce dernier leur confiance.

Ainsi, l’on s’achemine vers diverses tendances politiques qui seront représentées au Parlement et qui, par la force des choses, ne parleront pas de la même voix sur des dossiers bien particuliers. Cela constituera aussi et surtout une plateforme inclusive et associée pour  s’entendre sur des questions essentielles.

A situation exceptionnelle, une composition parlementaire exceptionnelle. Cela peut être annonciateur d’une nouvelle force et une nouvelle recomposition au sein de l’hémicycle. En effet et en dépit de certaines divergences dans les prises de position, le nouveau front parlementaire présente plusieurs points communs entre ses initiateurs. Mais ces derniers sont davantage appelés à synchroniser leurs orientations afin d’avoir un sens et une raison d’être dans le paysage politique. L’on sait pertinemment que confier l’avenir du pays à un seul bloc parlementaire est une expérience qui a montré ses limites par le passé.

Si dix ans après, les élus du peuple ont perdu beaucoup de temps dans les polémiques et les querelles inutiles, nous souhaitons que la nouvelle recomposition parlementaire puisse servir à l’émergence de débats constructifs et positifs. Cela nous amène à penser aux dossiers brûlants qui sont toujours en souffrance. L’acte de remise en cause des élus du peuple est avant tout une obligation plus qu’un choix. Ils sont censés reconquérir la confiance de ceux qui les ont propulsés là où ils sont aujourd’hui. Jusque-là, le système politique adopté s’est révélé inapproprié et loin de pouvoir répondre aux aspirations du citoyen. La loi électorale encore davantage. Ce qui nous semble surtout inquiétant, c’est que le Parlement perd de plus en plus les importants leviers qu’il peut avoir : la crédibilité et la fiabilité  dont ont besoin les députés. Ces derniers ont intérêt à s’y inscrire avec tout le sérieux, la rigueur et l’honnêteté que cela requiert, avant qu’il ne soit trop tard…

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