La question qui divise encore en Tunisie : Pour ou contre la peine de mort ?

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Des meurtres crapuleux perpétrés sur des enfants, des jeunes femmes violées et tuées, des jeunes gens ravis à la fleur de l’âge. Des familles décimées, frappées par d’insupportables tragédies. Des braquages, des vols, des viols, des homicides, des attentats terroristes. La violence et la criminalité explosent et pas qu’en Tunisie. Voilà le tableau. Il est noir.

Et pourtant. Les pays les plus avancés en matière de respect des droits de l’homme et les plus évolués, mises à part quelques exceptions, certains Etats américains et le Japon, ont aboli la peine de mort, ou observent le moratoire de fait. D’autres encore, pour des raisons religieuses ou politiques, ou les deux à la fois, la maintiennent. Les systèmes dictatoriaux refusent de se délester de cette pratique confortable garantissant l’élimination des adversaires politiques, des personnes gênantes, condamnées à l’issue de procès sommaires, si procès il y a.

Dans certains pays, la peine capitale est pratiquée comme au Moyen Age. Des exécutions sur la place publique devant une foule qui exulte à la vue de la tête coupée, dégoulinante de sang. N’est-ce pas raviver les sentiments les plus barbares alors que les valeurs humanistes empruntent un tout autre chemin ?

Mais que dire aux familles des victimes. Comment les consoler par la disparition d’un être cher, souvent dans des conditions atroces ?  Comment réparer l’irréparable ?

Et pourtant. L’on se doit d’avancer cet argument massue selon lequel soustraire la vie par l’élimination physique du «criminel » n’est peut-être pas la meilleure des solutions.

Briser le cercle de la vengeance

Depuis la Déclaration des droits de l’homme, celle-ci a été réformée par l’apport d’expériences enrichissantes cumulées. Le débat est donc tranché. Dépasser la peine de mort serait comme abolir l’esclavage, rompre avec le racisme, en finir avec le colonialisme, s’inscrivant ainsi dans une dynamique inexorable.

L’abolition de la peine de mort, qu’on le veuille ou pas, reste, en outre, un critère pour mesurer le processus de démocratisation d’un pays. L’abolir est, en effet, une des expressions les plus élevées du respect de la dignité humaine, du droit à la vie traversant les nations, les cultures et les générations.

Enfin, s’il est des hommes et des femmes dont les pensées et le actes nous guident, le grand Mandela avait aboli la peine de mort. Alors qu’il aurait pu, au sortir de 27 ans de détention, commencer par éliminer ses bourreaux. Il ne l’a pas fait. Il a pardonné, brisant le cercle de la vengeance dans un pays meurtri par la ségrégation raciale régie en système. 

Question, pour finir, sommes-nous tous égaux devant la justice, que ce soit en démocratie ou sous les dictatures ?

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