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Un scandale d’Etat

Le scandale environnemental du barrage Sidi Salem est un scandale d’Etat. Il s’est avéré que la moitié des Tunisiens ont été exposés à des risques sanitaires dus particulièrement à l’utilisation d’une eau infecte et polluée, impropre à la consommation et contenant des déchets toxiques. Une menace immédiate pèse encore  sur la santé des citoyens qui, d’un scandale à l’autre, sont chaque fois exposés aux effets les plus sévères de l’indifférence et de l’insensibilité des gouvernants. La débauche par laquelle passe le pays fait écho à une déformation qui tient son nom de l’absence de réactivité et de ressort. Un sidérant spectacle et le constat est désolant, voire consternant : l’Etat ne semble pas toujours en mesure de protéger les citoyens qui vivent à une époque pas comme les autres. Il tourne le dos aux Tunisiens. A la vie des Tunisiens. Pour avoir fermé les yeux sur tout ce qui constitue une source de nuisance, pour avoir été dépassées par les événements, les différentes politiques gouvernementales, ainsi que l’inertie de l’appareil judiciaire, ont autorisé les dérives et les dérapages en tous genres. C’est dire à quel point ceux qui ont occupé et qui occupent encore des responsabilités n’ont pas vraiment conscience des dangers qui guettent les Tunisiens. C’est tout le milieu politique et administratif qui est resté à travers ses modes de fonctionnement, incapable de faire face aux problèmes auxquels on ne trouve pas de solution.

La tendance à politiser tout ce qui a rapport à notre vie quotidienne a engendré une certaine spécificité dans la manière avec laquelle ces responsables  appréhendent les problèmes des citoyens. Que ce soit dans les alternatives préconisées, dans les prises de position, ou encore dans les discours, il leur est de plus en plus difficile de gérer une crise sans laisser entrevoir des dégâts. Contrairement à ce qu’on a voulu laisser croire pendant dix ans, ce ne sont pas des solutions qu’on a beau imaginer pour le pays. Mais un accroissement de déficits, de défaillances et de dérives. Des irrégularités aussi dans la manière de gouverner. Paralysés dans tout ce qu’ils étaient censés entreprendre et parachutés dans un environnement qui ne leur appartient pas et conditionnés surtout  par une reconversion dont on ignore l’origine, et encore moins le sens et l’utilité, ils ont visiblement laissé de côté toutes les vertus de la révolution. Les vertus qui font les grands politiques, les grands responsables.

On ne s’étonne plus aujourd’hui des arguments montés de toutes pièces ici et là. Même si on ne parvient pas à trancher au sujet des malversations, des dépassements et des abus de toutes sortes,  bien des choses devraient changer dans les choix et dans les rôles. Il serait impératif de prendre les décisions nécessaires pour que tous ceux qui circulent de manière illégale ne puissent pas masquer une réalité amère et compromettante. 

Le Chef du gouvernement a chargé les ministres des Affaires locales et de l’Environnement et de l’Agriculture par intérim, ainsi que les établissements publics concernés, de présenter un rapport sur la pollution des eaux du barrage Sidi Salem dans un délai ne dépassant pas les 48 heures. Mais, en réalité, ce sont toutes les parties prenantes à tous les niveaux qui devraient aujourd’hui s’inscrire dans une politique de vigilance et de rigueur.

Seuls les actes peuvent en effet définir les choix et juger de leur justesse.

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