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Les nouveaux pauvres

Vingt-et-un pour cent des Tunisiens vivent dans une situation d’extrême pauvreté. Il s’agit là du chiffre le plus élevé jamais enregistré depuis l’indépendance. Il n’est pas relatif, encore moins transitoire. Il est surtout absolu dans la mesure où la crise touche aussi les Tunisiens relativement épargnés jusque-là !

L’accumulation des problèmes non résolus, les tiraillements politiques et l’absence de stratégie de redressement économique qui accompagnent le pays depuis 10 ans ont favorisé le renversement de la tendance. Ils handicapent la création de richesse, éloignent les financements alloués par les bailleurs de fonds et découragent les investisseurs. Résultat : les moyens de subsistance des citoyens sont plus que jamais compromis et la pauvreté monte en flèche.

Le rythme de la réduction de la pauvreté s’est nettement ralenti. Il a subi lors de cette dernière décennie son pire revers. Compte tenu du contexte actuel et surtout de la morosité de la croissance économique, les prévisions indiquent qu’il risque d’être encore moins rapide à l’avenir. D’autant que la crise sanitaire a engendré aujourd’hui des conséquences dramatiques sur les catégories les plus vulnérables, mais aussi la classe moyenne, perturbant de manière significative son mode de vie et surtout son pouvoir d’achat.

Les nouveaux pauvres sont plus urbains. D’ailleurs, ce ne sont plus seulement les localités ou les endroits les plus défavorisés qui comptent le plus grand nombre de personnes vivant dans l’extrême pauvreté, mais la plupart des régions sont également touchées de plein fouet. Beaucoup de Tunisiens vivent aujourd’hui avec des revenus intermédiaires. Les inégalités sociales, la précarité, le chômage et l’exclusion touchent de plus en plus une partie croissante de la population. Cette même population qui avait rêvé en 2011 d’une autre vie. Malheureusement, ce sont ceux qui en ont le moins besoin qui ont profité de la révolution et qui continuent encore et toujours à le faire. En effet, le nombre de personnes marginalisées par le fonctionnement économique du pays ne cesse de croître. Il se traduit par un pouvoir d’achat de plus en plus érodé pour une catégorie sociale démunie et surtout dépouillée…

Le constat relatif à cette nouvelle donne est que l’écart entre ceux qui bénéficient de cette situation et ceux qui en souffrent se creuse. On n’y voit plus de projet de société dans la mesure où ce sont les catégories les plus vulnérables qui continuent à payer le prix et à subir les conséquences des lois économiques et financières qu’on ne commande plus.

Face à l’incapacité de réduire les inégalités, l’ampleur des écarts sociaux s’accélère. L’enjeu est de taille. La forte concentration de l’extrême pauvreté en Tunisie devient préoccupante. Dans ces circonstances, il est urgent de changer les mentalités, de construire une société plus juste. En un mot, remettre le Tunisien au centre de …la vie.

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