Dans la littérature sportive, le rendement d’un footballeur est souvent valorisé en fonction de ses performances, des consécrations et des exploits. Si cette méthode permet de déterminer une hiérarchie en fonction des forces en présence, elle repose sur une logique de jugement, de choix et d’appréciation, liée aux résultats et à la forme du moment.
L’équipe de Tunisie, telle que nous l’avions aimée et telle qu’elle s’était revendiquée, essentiellement dans ses grands moments, a véhiculé des joueurs qui remuaient fortement les passions, qui avaient une réputation, des admirateurs, une base de soutien, une histoire, parfois même un mythe. A eux seuls, ils étaient capables de forcer l’issue d’un match. Sans réserve et sans congruité, ils avaient le profil d’être perçus comme un levier de performance, véhiculant des valeurs de compétitivité positives et offrant une visibilité de premier plan.
C’est l’occasion aujourd’hui d’évoquer le statut de certains joueurs au sein de la sélection et qui leur permet d’être intouchables et de bénéficier d’une sorte d’arrangement en conséquence. On pense aux privilèges, aux faveurs et parfois même aux passe-droit. Et on en passe…
Indépendamment des résultats et de la prestation de la sélection lors de la Coupe arabe, la gestion de l’effectif était une présentation injuste du sens de la compétitivité, de l’utilité et de la forme du moment. Il n’est pas difficile de montrer, chiffres à l’appui, quel était l’apport de certains joueurs, en termes d’efficacité, mais aussi d’ambiance dans le groupe. N’est-ce pas Monsieur Kbaïer ?
L’explication de tout cela est toute trouvée : même s’ils bénéficient presque d’une priorité absolue en équipe nationale, il y a des joueurs qui ne sont pas tranchants et décisifs. Leur statut n’est pas conforme à leur rendement sur le terrain. Des joueurs aux situations désobligeantes, qui ne parviennent pas à remplir les critères de titulaires absolus.
Reconnaissons en passant que c’est tout le football tunisien et la plupart de ses footballeurs qui n’ont pas réellement le potentiel nécessaire et suffisant pour aller jusqu’au bout dans les objectifs tracés. Leur implication, leur parcours sont souvent synonymes d’un manque évident d’accomplissement. Ils ne se sont jamais adaptés aux exigences du haut niveau.
Cependant, le problème ne se situe pas seulement au statut de titulaire, et encore moins au niveau du temps de jeu accordé, mais surtout à la façon avec laquelle tels ou tels joueurs influencent le jeu de l’équipe et marquent son empreinte.
Les interrogations sur l’équipe alignée lors de la finale de la Coupe arabe et la gestion du match n’en finissent certainement pas et continuent, à quelques semaines du coup d’envoi d’une épreuve non moins importante qu’est la Coupe d’Afrique des nations, de faire couler beaucoup d’encre.
Il faut dire que les réponses à apporter dépassent en complexité la simplicité des questions. Beaucoup de contraintes tournent autour de la sélection.
Il y a de ces questions qui demandent et qui exigent des réponses, qui ne datent pas d’hier et qui nous semblent éternelles : comment valoriser tactiquement, techniquement et physiquement la sélection? Que vaut tel ou tel joueur ?
De façon générale, on a introduit l’idée que le rapport de force et d’équilibre sportif dépendrait automatiquement des individualités plus que des programmes et des stratégies. Parfois la victoire est plus dure à gérer que l’échec.
Au fait, tout devrait commencer au moment où certains réflexes et de mauvaises habitudes devraient finir. Lorsqu’il y a un changement de politique sportive, il est toujours important de rompre avec le système et les modalités qui n’ont jamais fait leurs preuves et qui n’ont rien apporté à la sélection. Il ne s’agit pas de changer pour changer. Mais de rectifier le tir et remettre les choses à leur vraie place tant qu’il est encore temps. L’acte de remise en cause est avant tout une obligation plus qu’un choix. Il aurait ainsi besoin d’une gouvernance intelligente, d’un modèle innovant et adapté aux exigences du haut niveau.
Il est aussi important de savoir comment les joueurs ont envie de changer. C’est pourquoi il faudrait trouver ceux qui sont capables de faire prendre la mayonnaise, de trouver la bonne alchimie. Pour autant, l’équipe de Tunisie ne devrait pas se démonter. Finaliste de la Coupe arabe, elle est appelée à continuer à chercher son salut sans relâche. Même si elle reste encore marquée par des excès de comportement, fruits des écarts de conduite, mais aussi de passivité et de manque de réaction de la part du sélectionneur…