Accueil A la une Trafic et consommation de drogue : Le milieu scolaire ciblé

Trafic et consommation de drogue : Le milieu scolaire ciblé

Alors que le trafic de drogue prend de l’ampleur en Tunisie, c’est le milieu scolaire qui devient un terrain favorable pour l’activité des narcotrafiquants. D’ores et déjà, le milieu scolaire et son entourage connaissent des formes d’insécurité manifestes. Le trafic de drogues, et même des plus dangereuses, s’introduit bel et bien dans nos établissements éducatifs.

«Le phénomène ne cesse de prendre de l’ampleur jour après jour. Nos écoles, cités, lieux de loisirs et autres sont gangrénés par la consommation de drogues, et les conséquences sociales, court, moyen et long termes seront désastreuses», s’inquiètent les sociologues.

Devenu, un pays de transit, mais aussi de destination de réseaux mondiaux de trafic de drogues, la Tunisie peine à faire face à l’ampleur de plus en plus grandissante de ce fléau. En l’absence d’une stratégie nationale multidimensionnelle, la Tunisie risque gros, surtout que de nouvelles drogues chimiques extrêmement dangereuses gagnent du terrain dans notre pays.

Alors que les autorités sécuritaires, en dépit des efforts déployés, sont dans l’incapacité de remonter à tous les réseaux de trafic de drogues et à atteindre la majorité des consommateurs, à elle seule la réponse sécuritaire semble inefficace. Les derniers chiffres publiés donnent froid dans le dos et témoignent d’une situation assez critique surtout si on sait que la majorité des consommateurs sont des jeunes et même des mineurs.

«Le nombre des personnes qui se trouvent en prison en Tunisie pour consommation de drogues va de 6  à 8 mille, dont le tiers a été arrêté pour consommation de cannabis», laisse savoir une enquête menée en collaboration avec le collectif «Avocats sans frontières».

«Cette problématique touche surtout des jeunes de 16 à 35 ans appartenant à la classe moyenne ou démunie», explique Wahid Ferchichi, professeur de droit public ayant participé à l’étude.

En fait, ces chiffres s’ajoutent à d’anciens qui témoignent d’une situation alarmante dans notre pays. Pourtant, les organisations de la société civile ne cessent d’alerter les autorités sur la nécessité de changer d’approche en vue de limiter les conséquences de ce fléau.

Des chiffres alarmants

Alors que le trafic de drogue foisonne en Tunisie, c’est le milieu scolaire qui s’avère un terrain favorable pour l’activité de ces narcotrafiquants. D’ores et déjà, le milieu scolaire et son entourage connaissent des formes d’insécurité manifestes, le trafic de drogues, et même des plus dangereuses, s’introduit bel et bien dans nos établissements éducatifs.

La dernière enquête MedSPAD a révélé que près d’un tiers des adolescents scolarisés âgés de 15 à 17 ans, soit 31% des lycéens, ont déclaré avoir consommé au moins une drogue autre que le tabac et l’alcool, au moins une fois durant leur vie. Des chiffres alarmants face à un fléau auquel peu de solutions ont été mises en œuvre depuis plusieurs décennies.

En effet, les jeunes et même les enfants sont les premières victimes de la consommation du cannabis, une drogue douce, mais aux conséquences sociales et économiques lourdes. Les jeunes sont les plus ciblés, particulièrement ceux en précarité et résidant dans des quartiers populaires. Selon la direction générale des prisons, 74,6 % des détenus pour consommation ont moins de 30 ans, et les condamnés en vertu de la loi 52 représentaient 28% de la population carcérale totale avant l’adoption de l’amendement d’avril 2017.

Si les chiffres sont alarmants au point que rares sont les jeunes qui n’ont jamais consommé de cannabis en Tunisie, les solutions proposées s’avèrent jusque-là inefficaces et une action gouvernementale manque toujours à l’appel. Car pour certains, tout le mal réside dans le cadre juridique portant sur la consommation de drogues en Tunisie.

Un cadre à revoir 

Très critiquée, la loi 52 punit de prison ferme la détention et la consommation de cannabis. Adoptée sous l’ancien régime, elle est responsable, à ce jour encore, de l’emprisonnement d’un grand nombre de jeunes Tunisiens.  

Wahid Ferchichi a appelé la présidence de la République à amender la loi afin de réduire la surpopulation carcérale en allégeant les peines, ou en les remplaçant par une amende. Lui qui pointe l’incapacité du Parlement à réviser la loi 52 sur les stupéfiants, qui prévoit l’application de peines sévères d’au moins un an de prison et d’une amende pour toute personne reconnue coupable de consommation de cannabis.

«La possibilité de réforme est toujours possible. La priorité consiste à multiplier le nombre de centres de traitement des consommateurs de drogues, au lieu d’un seul centre qui n’accueille pas plus de 70 personnes. D’ailleurs, ce phénomène de société est devenu dangereux. La révision de la loi ne demande qu’une volonté politique de la part de la présidence de la République», a-t-il dit.

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Un commentaire

  1. Dr Anouar Jarraya

    14 mai 2023 à 19:08

    Le problème de la drogue en milieu scolaire est posé depuis longtemps les pays euro-péens y font face depuis longtemps-Chez nous il est relativement nouveau: les jeunes préadolescents (collèges) et adolescents (lycée et parfois université) vivent des difficultés psychologiques liées à leur statut socio-familial et scolaire ils (elles) ont besoin d’être écouté(e)s accompagné(e)s et encadré(e)s pour traverser une phase de transition difficile: c’est aux parents et aux éducateurs (en gros des enseignants) d’unir leurs efforts et collaborer avec l’aide des spécialistes si besoin-
    En Tunisie le problème existait sporadiquement depuis les années 1980 au moins-Une enquête de la Médecine Scolaire en 2009 montrait déjà qu’un élève sur 3 avait goûté à une drogue au moins une fois dans sa vie dont 40 % de filles-
    Avec le temps les choses s’amplifient surtout en terme de variété de la drogue du cannabis (zatla marijuana) on passe aux drogues »synthétiques’ (ecstasy amphétami-nes) et à la cocaine-
    Nous sommes mal armés pour traiter les toxicomanies : nous avions le centre de Jebel Oust au Nord et celui de Sfax qui était géré par une ONG- Les deux centres étaient passés par des difficultés de fonctionnement et redémarrent péniblement-Le traitement préventif est essentiel :encadrement information, accompagnement et écoute des adolescents – C’était ce qu’avait tenté d’instituer la Réforme de feu Mohamed Charfi à
    l’ Education nationale avec une collaboration entre l’Education (conseillers d’orientation et d’écoute schématiquement des « psychologues scolaires » de France ou de Belgique), la Santé (des médecins scolaires ) et les Affaires Sociales (un (e) assistant(e) social (e)) pour d’éventuels problèmes sociaux, c’étaient « les bureaux d’écoute » qui réunissaient ces trois corps et tenaient chacun des permanences en des collèges et lycées: démarrage à la rentrée 99-2000, -mais tout ce travail a périclité entre 2006 et 2009 -les conseillers sont partis vers d’autres tâches, et ne sont pas remplacés –
    Les parents sont désemparés et démissionnaires- Les enseignants se cantonnent dans la transmission du savoir et s’inquiètent de leur situation professionnelle-les ados sont livrés à eux-mêmes: en gros le tableau du feuilleton ramadanesque-Il faudrait tout un travail de sensibilisation des parents et des éducateurs pour essayer de faire changer les choses A noter que de jeunes psychiatres , à travers la Société Tunisienne d’Addictologie font à Razi un travail utile et louable à encourager et à renforcer-

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