Cette «décision» n’est pas du tout une exception. Elle s’apparente à ce qui se passe en Europe où les joueurs peuvent aller pratiquer, dans n’importe quel pays membre de «l’Union européenne». C’est seulement à ce niveau que se situe la différence. En effet, l’Union européenne est une entité politique reconnue. Elle a sa monnaie, son parlement et toutes les instances politiques qui en font une entité.
Côté nord africain, nous avons seulement beaucoup d’espoir, nourri par les générations qui se sont succédé depuis des décades, pour que ce Maghreb se réalise et devienne une entité comparable à celle de l’Union européenne. Nous n’en sommes malheureusement pas là et même si le sport est un des domaines dans lequel se concrétise un semblant d’unité, ce n’est pas encore le cas.
Un «Donquichottisme» de bon aloi
Il n’y a qu’à voir les réactions des uns et des autres à la suite de ce qui est devenu un «dossier» dans lequel l’Espérance et le Widad s’arrachent les tripes. En guise de solidarité, nous avons vu mieux !
Chacun en a fait à sa tête, une fois la réunion cyclique bouclée et toutes les parties prenantes se sont arrogé le droit d’interpréter à leur façon les décisions prises.
Bien entendu, ce n’est pas nouveau et comme les déclarations d’intention, teintées à la limite par un «Don Quichotisme» de bon aloi, nourrissent l’information qui suit ces réunions, nous avons tous applaudi, malgré tout, ce pas vers une solidarité entre fédérations concernées qui aurait pu provoquer un courant d’échanges fructueux bien que quelque peu dangereux pour les jeunes qui ne font pas encore partie de l’élite de ces pays.
Nous avions soulevé le cas de ce danger qui guette nos jeunes, mais il semble que personne n’a été sensibilisé intramuros. Nos responsables fédéraux ont été beaucoup plus diserts à propos de cette «nouveauté» qui est venue confirmer une solidarité, de façade, entre les fédérations composant cette Union nord africaine.
Quelle solidarité ?
Solidarité qui n’avait pas fait long feu aussitôt que les membres participant à cette réunion avaient rejoint leur point de chute.
La partie algérienne a été catégorique. Seulement quelques jours après la réunion, un communiqué diffusé par les médias locaux a fait état de la décision :il faudrait examiner le pour et le contre de cette proposition (ce n’est donc pas une «décision» ?). De toutes les façons, même si l’idée est bonne, elle n’est pas à mettre à exécution dans l’immédiat. Il faudrait réfléchir et tirer des conclusions pour enfin décider de ce qui pourrait être envisageable.
Partie marocaine : silence radio. Côté égyptien même silence assourdissant. Quant aux Libyens, ils semblent qu’ils ont d’autres priorités.
Et voilà Gros Jean livré à lui-même. La Fédération tunisienne a été la seule à adopter cette «décision» qui, en fin de compte, ne profite qu’à ceux qui font appel à des joueurs algériens ou accessoirement libyens. De toutes les façons, il nous semble peu probable que la FTF ait reçu l’aval des clubs ou de la DTN pour avancer pareille proposition. Ce cavalier seul est, à plus d’un titre, décevant pour ne pas dire exaspérant au vu des réactions des autres membres de cette «union»
Un bilan à faire
Les équipes tunisiennes, qui comptent dans leurs rangs des joueurs maghrébins, sont en mesure de profiter de l’apport d’un joueur «étranger» supplémentaire, ce qui constitue un sérieux atout pour celles qui disputent des compétitions continentales ou arabes.
Au terme de cette période d’essai, les instances compétentes, la Direction technique, sont-elles arrivées à des conclusions qui pourraient nous permettre de poursuivre cette expérience ? L’absence de synergie de la part des autres fédérations membres est quand même quelque peu gênante. Notre DTN, qui a été peut-être prise de court par cette ouverture des frontières, nous semble être en devoir de faire le bilan et de recommander ce qui est de nature à conforter les intérêts du football national.
Bien sûr, cette décision a été prise pour ce qu’elle représente comme acte plein de générosité et d’ouverture pour un pays comme la Tunisie qui a été constamment à l’avant-garde de bien des initiatives du genre impliquant les pays du Maghreb. Mais cela n’est pas du tout suffisant.
Solution de facilité
Si toutes les autres fédérations se sont crispées et fait le mort à propos de cette ouverture, c’est peut-être parce qu’elle n’a, pour le moment du moins, aucun intérêt pour elles. En fin de compte, seules la Tunisie et l’Egypte enregistrent des mouvements d’échanges entre elles. Il n’y a pas à notre connaissance des éléments tunisiens qui ont été engagés en Algérie ou au Maroc. Cela pourrait être le cas dans quelques années, mais pour le moment, ces deux fédérations ne semblent pas décidées à encourager cette ouverture des frontières. Mais…il suffit que quelques grands clubs de ces pays engagent des joueurs tunisiens de renom, dont elles ont besoin, pour que les choses changent. Nous n’en sommes pas là. Pour le moment, ce sont les clubs tunisiens qui sont dans ce besoin de renforts et comme les salaires sont alléchants, non plafonnés, le flux ne risque pas d’être interrompu.
En tout état de cause, cette ouverture n’a pas été, pour le moment du moins, estimée, techniquement par qui de droit. Et il faudrait qu’elle le soit, pour que clubs et responsables soient sensibilisés dans la mesure où le manque de clairvoyance risque de jouer pas mal de tours à ceux qui optent pour la solution de facilité. En l’état actuel des choses, et à l’exception de ceux qui croient en la formation, le vide est comblé par des recrutements, pas toujours heureux, qui coûtent cher et qui prolongent le marasme dans lequel sont plongés bien des clubs.