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L’islam entre religion et projet politique

Editorial La Presse

 

Sur fond de soupçons divers, liés à des affaires qui ont vraiment déstabilisé la transition démocratique en Tunisie, l’islam politique, tel qu’il a été inventé chez nous, s’est installé sur une montagne de dérives. Le nom de son principal penseur et initiateur en Tunisie, Rached Ghannouchi, est évoqué dans toutes les affaires qui ont secoué le pays. De l’assassinat de Chokri Belaïd et Ahmed Brahmi à l’appel à la guerre civile, en passant par l’envoi de jeunes Tunisiens dans les zones de tension et de conflits, (Syrie, Irak et Libye), le modèle de l’islam politique, tel qu’il est soutenu par Ghannouchi et ses disciples, est affecté, plus que jamais, par des considérations et des arguments qui n’ont aucun rapport avec la politique, et encore moins la religion. Le pire est que les inspirateurs d’une telle déformation ont le sentiment d’avoir raison. Leur appréciation de l’islam entre religion et projet politique leur paraît juste. Mais, le problème est qu’ils ont raison tout seuls. Pareille déformation  n’est-elle pas au fond la conséquence des dérives qui perdurent et qui s’éternisent ? Des dérives qui ont fini par écorner l’image de l’islam politique. On pense ainsi à l’entourage, mais tout particulièrement aux abus et aux dérapages qui n’en finissaient pas. Et l’on se dit que faute de discernement, l’on se trompait sur les tenants et les aboutissants.

L’action politique ne pouvait plus demeurer l’apanage de personnes qui s’érigent en protecteurs au nom de leur intérêt personnel et de leur agenda politique. En continuant à s’égarer, ces dernier ne se contentent pas de se tromper, ils sont devenus les catalyseurs de délires inutiles, le moteur d’une potentielle frénésie et, au final, l’incarnation d’un manque de sagesse et de clairvoyance.

Au fait, ce qui a été revendiqué jusque-là s’est avéré inadapté à la société tunisienne et dénué de sens, de raison d’être. L’image donnée dépend beaucoup trop des déviations dans lesquelles le parti islamiste s’est entraîné et dont ses principaux dirigeants assument l’entière responsabilité. Tout cela dépasse largement le débat autour de la relation entre la politique et la religion. De l’idée que l’on se fait de l’action politique et des convictions religieuses. D’ailleurs rares sont les Tunisiens qui s’y retrouvent. Même pas les sympathisants du mouvement islamiste. Car aucun Tunisien n’est convaincu de ce qui est représenté, voire inventé.

Le comportement et les dépassements, que certaines parties d’obédience islamiste n’hésitaient pas à se permettre sans le moindre scrupule, renvoyaient à un rejet de la loi et des règles. Un  rejet qui s’est ancré dans une subtilisation des valeurs politiques, religieuses et morales. Toute conformité devant la loi est violemment rejetée.

Il était nécessaire que chacun soit placé devant ses responsabilités. Oui pour la liberté d’expression. Non, toutefois, pour la persistance de l’impunité.

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