Accueil A la une Entreprises communautaires : Une aubaine pour le développement régional, mais le chemin est encore long !

Entreprises communautaires : Une aubaine pour le développement régional, mais le chemin est encore long !

 

Les entreprises citoyennes rencontrent des difficultés à obtenir un financement adéquat à leurs activités. Si certaines banques se montrent pour le moment réticentes, d’autres se sont lancées dans ce projet, notamment à l’issue de l’appel lancé récemment par le Chef de l’Etat.

C’est le projet personnel du Président de la République à travers lequel il ambitionne d’autonomiser les populations rurales et notamment les jeunes. Les sociétés communautaires, dites aussi citoyennes, s’avèrent une aubaine pour les citoyens longtemps marginalisés, mais le chemin est encore long. Financer de tels projets n’est pas une mince affaire, alors qu’un manque de communication pourrait entraver cet ambitieux projet.

Jusqu’à présent, en l’absence de chiffres exacts fournis par les autorités, on estime que quelques dizaines d’entreprises citoyennes ont été effectivement lancées, alors que de nombreuses autres attendent le déblocage des fonds. Pour l’année en cours, la Tunisie vise la création de 100 entreprises citoyennes pour favoriser la croissance économique et dynamiser davantage des projets locaux qui cherchent à se faire une place dans le tissu entrepreneurial national. D’ailleurs, récemment, un investissement de 36 millions de dinars a été accordé afin d’autonomiser les entrepreneurs et stimuler la création d’emplois à cet effet.

Autant rappeler également qu’un nouvel espace dédié à ces entreprises au sein de la Banque tunisienne de solidarité (BTS) a été mis en place il y a quelques jours dans l’ambition de faciliter l’accès des entrepreneurs aux financements.

Ce genre d’initiative attire-t-il les Tunisiens et notamment les plus jeunes ? Une source auprès du ministère des Affaires sociales chargé du dossier a indiqué qu’un certain nombre d’entreprises citoyennes sont à des stades avancés de leur création, notamment dans les secteurs de l’agriculture et du transport. On cite notamment des sociétés spécialisées dans le transport des produits miniers dans le bassin minier et d’autres dans le secteur agricole, notamment dans le sud tunisien.

On nous explique également que des journées de présentation de ce projet auprès des citoyens ont été organisées dans différents gouvernorats de la République en vue de présenter des idées sur les sociétés citoyennes dans différents domaines dont celui des industries traditionnelles, de l’artisanat, des services, de l’agriculture, du commerce.

De même, le plafond de financement de ces entreprises citoyennes, dont la valeur actuelle est de 300 mille dinars, est en cours de révision, soit vers la hausse ou vers la suppression, pour faciliter l’accès à ces financements qui semble, pour le moment, difficile.

Le secteur agricole, la part du lion

Il faut dire qu’après la nomination de Riadh Shoud, secrétaire d’État chargé des Entreprises communautaires, les choses commencent à s’organiser un peu plus. Cette nomination vise à dynamiser en effet ce dossier qui fait face à de nombreuses complications liées essentiellement aux financements, mais aussi à la diversification des secteurs ciblés.

D’ailleurs, selon certaines estimations, environ 60% de ces entreprises sont concentrées dans le secteur agricole. Dans ce sens, le ministère de l’Agriculture avait annoncé une série de mesures pratiques en faveur de ces entreprises. Dans ce contexte, la Banque tunisienne de solidarité a alloué une somme de 4 millions de dinars pour financer 15 entreprises citoyennes actives dans le domaine agricole, dans le cadre de la promotion des projets des entreprises et de faciliter leur accès aux ressources financières. Tous ces efforts restent, cependant, insuffisants en l’absence d’un système de financement solide.

Pourtant, plusieurs mesures ont été prises pour appuyer ces nouvelles structures, notamment l’établissement d’un mécanisme de suivi régulier des projets des entreprises privées, l’examen des problèmes soulevés par chaque entreprise séparément et la collaboration avec les autorités compétentes pour les résoudre. 

Des instructions ont également été données aux délégations régionales du développement agricole pour fournir un soutien régional en vue de créer de la richesse dans les régions et de valoriser les chaînes de valeur des produits agricoles. En outre, des sessions de formation seront organisées pour les entrepreneurs dans leurs domaines respectifs afin de renforcer leur connaissance du secteur et de leur faciliter les procédures administratives et pour obtenir des avantages accordés par l’État.

Qu’est-ce qu’une entreprise communautaire ?

Le décret présidentiel n°15-2022 relatif aux entreprises citoyennes a été publié, le 21 mars 2022, au Journal officiel de la République tunisienne (Jort). Il vise, selon le premier article, à créer un régime juridique pour ces sociétés, fondé sur l’initiative sociale et solidaire.

Le même décret définit la société citoyenne comme étant toute personne morale créée par un groupe d’habitants de la région, et qui vise à réaliser l’équité sociale et une répartition équitable des richesses par l’exercice collectif d’une activité économique à partir de la zone où ils sont installés.

Elles seront chargées de gérer les terres coopératives, en tenant compte de la législation en vigueur en matière de propriété foncière sur la base des décisions du Conseil de gestion et de contribuer au développement durable et à la bonne gouvernance de la région ciblée conformément à la législation en vigueur. Les entreprises citoyennes sont basées, en outre, sur un ensemble de principes notamment: la participation des citoyens au développement des régions où ils résident, une adhésion libre, un retrait volontaire et l’interdiction de toutes les formes d’exclusion sociale, une bonne gouvernance basée sur les principes de transparence, d’efficacité et de responsabilité pour assurer la faisabilité économique et l’intérêt social, l’équité en termes de contribution des participants au capital de la société. 

Il s’agit, en outre, d’adopter la règle d’une voix pour chaque membre, quelle que soit la valeur de son apport en termes de capital social, lors de la prise de décisions et de répartir les réserves de l’activité de la société sur les participants et la promotion sociale.

L’objectif final étant de booster le développement régional, en particulier, au niveau local des délégations, avec une gestion collective des habitants, en fonction des besoins et des spécificités de leurs régions.

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