Demain, le Liban ?

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Editorial La Presse

 

LES regards de l’opinion internationale sont dirigés ailleurs que sur Gaza, les enjeux et les pronostics des élections législatives françaises, l’extradition vers les Etats-Unis de Julian Assange, fondateur de WikiLeaks, etc., occupent ces derniers jours le devant de la scène médiatique. Est-ce à dire qu’il y a trêve, pause momentanée de l’occupation, arrêt des assassinats et des humiliations dans la bande de Gaza ? Pour le moment, elle semble mise sous cloche médiatique, pourtant, jusqu’à hier mardi, l’armée israélienne pilonnait plusieurs secteurs de  Gaza et de Rafah;  le nombre de déplacés, de blessés et de morts ne cessent d’augmenter (37.626 morts) et les déclarations de guerre quasi banalisées ; la dernière d’entre elles fait froid dans le dos et renvoie à un nouveau masque du bourreau de Gaza. 

Sans cesse assoiffé de sang, il indique qu’«après la fin de la phase intense» dans la bande de Gaza, l’armée sera «en mesure de redéployer certaines forces vers le nord, et nous le ferons, principalement à des fins défensives, mais aussi pour ramener les habitants (déplacés) chez eux». La déclaration ne laisse pas de doute sur ses intentions belliqueuses et n’étonne que ceux qui refusent de voir la réalité en face. La déclaration (prévisible) est accompagnée de celle d’un ancien responsable des services de renseignements de l’armée israélienne, Sarit Zehavi, qui affirme que sa plus grande crainte est un cessez-le-feu qui permettrait au Hezbollah de préserver ses capacités et de lancer le prochain massacre » comme l’a fait le Hamas. 

Une fois terminé donc le « nettoyage » naturel, humain et urbain d’une partie du territoire palestinien — on estime que 26 millions de tonnes de débris et de décombres ont été laissées à la suite de la destruction, une quantité qui devrait prendre des années à être éliminée (sources Banque mondiale et ONU), le bourreau ouvrirait un front au nord. Tuer encore, tuer sans répit, tel est l’objectif et le credo de Netanyahu et ses soutiens.

Ce nouveau chapitre de la guerre n’augure rien de rassurant (évidemment); il annonce des perspectives dangereuses qui dépassent l’enjeu de l’occupation de la bande de Gaza : dans cette guerre, la plus meurtrière de l’époque contemporaine, ce chapitre déborde les frontières et risque de se transformer en un embrasement régional, estiment des observateurs avisés.

Nous le dirons encore, l’occupation, les meurtres ne finiront pas tant que le très contesté Netanyahu est au pouvoir. Samedi dernier à Tel-Aviv, plus de 150.000 personnes ont scandé des slogans hostiles au gouvernement, demandant des élections anticipées. Ce rassemblement est le plus important depuis le début de l’occupation.

Comme par automatisme, sans retard, l’écho arrive des Etats-Unis qui « veulent éviter toute escalade avec le Liban », déclare Joe Biden dont les propos sont appuyés par son secrétaire d’Etat, Antony Blinken. Mais les conséquences des échos sont ce qu’ils ont toujours été : sans effet notable.

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