«Aujourd’hui, il existe entre 3.500 et 4.500 docteurs chômeurs en Tunisie, alors que durant les mois à venir, 13.750 docteurs vont s’ajouter et aggraver davantage la situation marquée par un manque d’employabilité accru, le ministère doit impérativement trouver des solutions à ce dilemme», soutient Anissa Sghayer, un des coordinateurs de l’Union des docteurs et doctorants au chômage.
Ils mènent depuis plusieurs mois une lutte pour améliorer leur situation socioéconomique et professionnelle, mais surtout pour préserver leur dignité. Les docteurs et doctorants chômeurs, élite de la société, connaissent malheureusement des conditions extrêmement défavorables et indignes d’un pays qui se présente comme garant des droits de ses citoyens et notamment ses diplômés qui croient toujours aux principes de l’ascenseur social.
En effet, depuis plusieurs mois, ces docteurs et doctorants chômeurs ont décidé de briser le silence face à ce qu’ils appellent une injustice sociale dont ils sont victimes. C’est au siège du ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique qu’ils organisent depuis le mois de juillet dernier un sit-in ouvert pour réclamer notamment de l’emploi. Trop c’est trop, le ras-le-bol est exprimé mais leur voix peine à se faire entendre face au mutisme des autorités qui font la sourde oreille. Depuis quelques jours, ils affluaient de partout vers la capitale où ils organisent leur rassemblement, eux qui se disent victimes du système social et éducatif en dépit de leur niveau intellectuel considérablement élevé. Seule revendication : recrutement des docteurs et doctorants au chômage et création d’unités de recherche dans les administrations et ministères pour absorber ce grand nombre de chômeurs, mais jusqu’à présent, aucune réponse de la part du ministère précité qui, à l’exception de quelques promesses, considérées comme de la poudre aux yeux par les protestataires, n’a rien à leur offrir.
Face à cette situation de blocage, les docteurs et doctorants sans emploi ont décidé de hausser le ton et ont entamé, depuis hier, mercredi, «une semaine de la colère» pour se faire entendre. Plusieurs dizaines de protestataires ont d’ailleurs entamé une marche protestataire à partir des différentes entrées du ministère de tutelle appelant notamment à leur accorder les conditions «humaines et favorables», qu’ils méritent et à préserver la dignité des docteurs et doctorants tunisiens.
Contacté par La Presse, Anissa Sghayer, un des coordinateurs de l’Union des docteurs et doctorants au chômage, affirme dans ce sens que le diplôme de doctorat est uniquement lié au ministère de l’Enseignement supérieur et qu’aujourd’hui, il doit être également ouvert aux autres ministères et même aux municipalités pour créer de nouvelles opportunités d’emploi aux docteurs. «Aujourd’hui, il existe entre 3.500 et 4.500 docteurs chômeurs en Tunisie, alors que durant les mois à venir 13.750 docteurs vont s’ajouter et vont aggraver la situation marquée par un manque d’employabilité accru, le ministère doit impérativement trouver des solutions à ce dilemme», a-t-elle expliqué.
2.000 postes à pourvoir
Elle affirme dans ce sens «qu’actuellement, 2.000 postes vacants existent dans les différentes universités publiques mais aussi dans les autres structures d’enseignement supérieur et de la recherche scientifique, sauf que l’autorité de tutelle refuse chaque année de lancer des concours de recrutements pour des raisons inconnues».
Au fait, les coordinations des doctorants et docteurs sans emploi avaient fixé un ultimatum de dix jours aux autorités qui a expiré vendredi dernier, pour permettre au Chef du gouvernement de trouver une solution probante à toutes les parties. Sauf que le gouvernement n’a pas encore réagi à leurs revendications qui interviennent alors que la Tunisie fait face à d’énormes pressions budgétaires.
Des propositions avaient été soumises au ministère de l’Enseignement supérieur portant notamment sur le recrutement de 3.000 docteurs à l’Université publique, dans les laboratoires de recherche du ministère de tutelle ou les laboratoires de recherche des autres départements. Sauf que le ministère avait suggéré lors de la dernière séance de négociation d’employer les docteurs sans emploi dans le cadre de contrats de deux ans, renouvelables, une proposition qui avait été rejetée par les différentes coordinations de ces protestataires. En effet, les docteurs et doctorants chômeurs rejettent toute proposition d’emploi précaire et affirment leur attachement à mener des négociations, sur la base exclusive des nouveaux recrutements définitifs dans la fonction publique, mais pour le moment, l’autorité de tutelle n’a que des contrats d’emploi à durée déterminée à leur offrir.
Effectivement, une source auprès du ministère de l’Enseignement supérieur nous a affirmé que le département se penche actuellement sur l’élaboration de projets de loi et d’initiatives législatives en vue de faciliter le recrutement des docteurs et doctorants chercheurs au sein de l’université publique dans le cadre de contrats à durée déterminée et notamment au sein des facultés privées, ce que les différentes coordinations rejettent comme déjà souligné.
En Tunisie, 69% des titulaires de doctorat sont au chômage. Pour l’année universitaire 2018-2019, 11.629 étudiants sont inscrits au doctorat et 2.359 diplômés. En même temps, le nombre de postes à pourvoir a chuté pour des raisons budgétaires et démographiques.
JABALLAH
19 novembre 2020 à 12:57
Vu du nombre de Docteurs et Doctorants,que vous signalez, Nous ne savons pas dans quelle branche ces personnes sont spécialisés, les mémoires soutenus sur quelle objet et s’ils ont proposés par Lettre avec CV er l’objectif à réaliser à différentes sociétés privées et les réponses obtenus.