Accueil A la une Décret gouvernemental portant organisation des études en médecine : La médecine de famille pose problème

Décret gouvernemental portant organisation des études en médecine : La médecine de famille pose problème

Publié le 12 avril 2019 dans le Journal officiel de la République Tunisienne (Jort), le décret gouvernemental portant organisation des études en médecine dérange toujours le syndicat des médecins, des pharmaciens et médecins dentistes de la santé publique, et autres acteurs du secteur de la Santé publique dont notamment les médecins généralistes. Et pour cause : une nouvelle réforme qui stipule le lancement d’une nouvelle spécialité, celle de la médecine de famille destinée uniquement aux étudiants qui ont décidé de la choisir en fin de cursus

Le Syndicat général des médecins, des pharmaciens et médecins dentistes de la santé publique  a réitéré son refus du décret gouvernemental portant sur l’organisation des études en médecine, qui a été publié par le ministère de la Santé en coordination avec le ministère de l’Enseignement supérieur et les doyens des facultés de médecine, sans consultation de la partie syndicale.

Il s’agit d’un décret gouvernemental régissant le cadre général du système des études en médecine et les conditions d’obtention des diplômes. Ainsi, et à partir de la prochaine année universitaire, les études de médecine comporteront trois cycles, le premier cycle d’une durée de deux ans, le deuxième cycle dure quatre ans, tandis que la durée du troisième cycle varie entre trois et cinq ans, en fonction de la spécialité choisie. Ainsi, un diplôme de spécialité sera attribué aux étudiants ayant réussi les examens du troisième cycle (concours de résidanat), et ce, dans diverses spécialités médicales, dont la médecine de famille qui est devenue en vertu de ce décret une nouvelle spécialité à part entière.

Les médecins généralistes praticiens exigent, aujourd’hui, d’avoir accès à cette spécialité et de ne pas la limiter uniquement aux étudiants qui ont décidé d’opter pour celle-ci après cinq années d’études. Selon le syndicat, le nouveau décret gouvernemental stipule, en effet, des études de cinq ans pour les étudiants qui ont choisi de se spécialiser en médecine de famille, suivies de 3 années de stage. Dans ce contexte, il a souligné la nécessité d’élargir la possibilité de spécialisation aux médecins généralistes praticiens exerçant dans le secteur public et dont le nombre s’élève à 4 mille sous forme de formation complémentaire ou d’études de master spécialisé sans passer par le concours de résidanat afin d’obtenir le statut de médecin spécialiste en médecine de famille.

Habituellement, les médecins généralistes poursuivent, notons-le, des études de cinq années dans les facultés de médecine, suivies de deux ans de stage, avant de pouvoir exercer ce métier, tandis que d’autres étudiants choisissent de passer le concours de résidanat pour  suivre une spécialité avant d’observer un stage de 4 ans, couronné par un diplôme de spécialisation.

Les médecins généralistes victimes ?

En Tunisie, la médecine de famille a été toujours un choix stratégique adopté par les facultés de médecine et le ministère de la Santé afin d’améliorer la prise en charge des patients au niveau de la première ligne notamment dans les régions intérieures du pays. D’ailleurs, des facultés de médecine se proposaient de mettre en place une formation en médecine de famille sous forme de certificats d’études complémentaires. Mais selon la nouvelle loi, qui réformera le cursus des études en médecine dès la prochaine année universitaire, la médecine de famille deviendra, en effet, une spécialité indépendante.

D’ailleurs, Jad Henchiri, président de l’Organisation tunisienne des jeunes médecins, a félicité cette réforme tout en relevant un problème de taille : l’équivalence entre le diplôme en médecine déjà acquis par les médecins généralistes et le nouveau diplôme d’études spécialisées en médecine de famille, étant donné le fait qu’elle deviendra une discipline à part entière. En effet, Henchiri nous a souligné l’importance de prévoir des mécanismes à même d’établir l’équivalence entre les deux diplômes pour garantir les droits des médecins généralistes. Il a proposé dans ce sens de créer un master dans les facultés de médecine dédiés aux médecins généralistes et autres, pour obtenir le diplôme de cette nouvelle spécialité. Henchiri a également mis en garde contre un «désordre qui pourrait frapper le cursus d’études et notamment le lancement de cette nouvelle spécialité. Compte tenu de ses retombées sur l’activité des médecins généralistes, une période de transition est exigée», a-t-il expliqué.

Dans ce sens, il a appelé les médecins généralistes à se mobiliser pour exiger le droit à une équivalence de diplôme de spécialisation en médecine de famille par le biais d’un master.

Il serait utile de rappeler que le médecin de famille est un médecin de proximité qui traite les membres d’une même famille depuis leur naissance jusqu’à leur mort. Il est généraliste et connaît toutes sortes de problèmes touchant ses patients, que ce soit des problèmes sociaux, de travail ou physiques.

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