LA classe politique peut-elle redevenir ce que les Tunisiens aiment qu’elle soit, c’est-à-dire qu’elle rectifie les erreurs, comble les défaillances et colmate les brèches avant qu’il ne soit trop tard ?
Autant de questions que les Tunisiens sont aujourd’hui en droit de poser au vu des dérapages et de la descente aux enfers d’un bon nombre d’acteurs politiques, auteurs d’actes immoraux, allant jusqu’à enregistrer son adversaire dans son propre domicile. Au moment où des jeunes Tunisiens brisent les complexes et parviennent « à dépasser les limites de la terre et gagner l’espace », un député se permet d’enregistrer les propos de son collègue, sous prétexte qu’il s’agit d’une affaire de sécurité nationale, et de parcourir les plateaux pour justifier son acte !
Nous nous trouvons, encore une fois, dans l’obligation d’évoquer des politiques qui ne cessent de se dérober à la tâche et à la mission qui leur incombent, sans pour autant savoir si cela pourrait vraiment servir à quelque chose. Mais tout en demeurant convaincus que la crise par laquelle passe aujourd’hui la Tunisie est à la fois politique, éthique, voire identitaire.
Entre la plupart des acteurs politiques et les citoyens qui ont, à un certain moment, cru en eux, c’est une histoire faite désormais de déceptions, de frustration et de promesses non tenues. L’amertume a conquis les esprits et on vit désormais dans la désillusion.
La valorisation de l’acte et du travail politique est tellement pauvre que le paysage en entier ne cesse d’afficher une impuissance certaine dans sa gestion, dans son harmonie et dans son évolution. Dans les différentes considérations, individuelles ou collectives, il n’est plus question, ou presque, de débats et d’idées constructifs. Il y a comme un mélange d’échec et de déconvenue. On ne bouge que pour enfoncer davantage le clou…
Si on va droit au but, l’on n’hésitera pas à considérer la dernière décennie comme étant une période sombre et de déchirements bouleversants dans l’histoire de la Tunisie : incidents en public ou dans les coulisses, alliances compromettantes et surtout point d’alternatives, encore moins de solutions, pour un pays à la dérive.
Il reste, cependant, à se demander comment ces politiques parviendront-ils à se réhabiliter alors que les principaux acteurs dépassent toutes les lignes rouges et n’ont aucunement l’intention de revenir à la raison. Rien ne semble les arrêter quand ils sombrent dans la médiocrité. Comment entrevoir une lueur d’espoir quand tout le paysage pâtit d’une image déplorable ?
Objet de dérives morales et humaines et plongé dans la sphère des conflits, des affrontements et des altercations, il est devenu l’incarnation d’un spectacle dominé par les polémiques et les dérapages en tous genres. On parle aujourd’hui d’un Parlement comme on parlerait de tout un système politique en perte de vitesse et, plus que jamais, sur un terrain glissant. Un système à la dérive. Tous les aléas et les dépassements qui en découlent nous amènent à nous interroger sur les intentions et les motivations qui continuent à faire courir des acteurs en mal de crédibilité et de fiabilité.