L’Art Rue présente «Church of Euthanasia » de Moncef Zahrouni : «Ceci est une réalité»

Et si tout le peuple tunisien prenait la décision de disparaître, laissant les politiques véreux, les oligarques et leurs sbires patauger dans leurs cupidités dans un pays où il n’y aurait plus personne à asservir…?

L’association culturelle L’Art Rue consacre, chaque mois, un espace, au sein de son programme digital, la performance Room DPDW, à un artiste pour proposer une œuvre spécialement créée pour le digital.

La DPDW du mois de juin a vu la présentation de «Church of Euthanasia», une performance théâtrale signée Moncef Zahrouni. Deuxième chapitre de la trilogie du StyX qui traite du thème de la mort, «TranStyX» étant le premier volet de la trilogie abordant les expériences de mort imminente et la vie après la mort, «Church of Euthanasia» a pour angle d’attaque le suicide collectif.

«Church of Euthanasia» a pour angle d’attaque le suicide collectif.

L’œuvre a réuni les talentueux artistes Moncef Zahrouni (conception générale, texte et mise en espace). Diplômé d’El Teatro Studio fondé et dirigé par Taoufik Jebali. Moncef a suivi des études en génie logiciel puis s’est spécialisé en business management. Il a, à son actif, de nombreuses expériences artistiques allant du théâtre passant par la musique et la vidéographie. Parmi ses projets : Bibouddha (Musique 2011-2012), Millenium Capella (Musique, 2016-Aujourd’hui), Nos amis les humains (Théâtre, 2017),TranStyX (Théâtre, 2020). Sonia Hedhili (interprétation et mise en espace). Juriste de formation, cheffe de projet de profession et comédienne au Théâtre de passion, elle donne la réplique à Mahran Hamdi (le ministre), un jeune entrepreneur, fondateur de sa propre boîte de commerce international, comédien passionné et spectateur fidèle de théâtre et de cinéma. Farah Arfaoui au chant, musicienne et interprète, dans sa carrière d’autrice-compositrice, chanteuse, professeure de ballet et lectrice de poèmes, Farah recueille des fragments de mémoire et les valide dans sa pratique. Saif Eddine Ben Slimane, qui est créateur de mode, s’est chargé de la conception des Costumes, du maquillage et des accessoires. L’univers sonore est signé par Myllenium Capella & Bibouddha et l’Illustration par Boshra Jalleli.

A l’origine de ce travail, explique le metteur en scène lors du débat qui a suivi la performance, des idées autour du nihilisme, du fatalisme et de la mort providentielle. Ses influences sont, entre autres, hégéliennes, il dit s’être inspiré aussi de L’Eglise de l’euthanasie, un groupe religieux fondé par Chris Korda en 1992, qui prône la réduction de la population humaine dans le but de préserver l’environnement. Son unique commandement est «Tu ne procréeras point» («Thou shalt not procreate »).

Ces idées, Moncef Zahrouni les reformule pour les confronter à notre contexte national actuel. Et si tout le peuple tunisien prenait la décision de disparaître, laissant les politiques véreux, les oligarques et leurs sbires patauger dans leurs cupidités dans un pays où il n’y aurait plus personne à asservir…?

Un postulat qui prend les allures d’un récit dystopique qui est sans nous rappler l’esthétique de la série américaine «Black Mirror»: Esra (Sonia Hedhili), en Némésis des temps modernes, une jeune femme bafouée, sous le coup d’une colère juste, appelle sur le Net à un suicide collectif, au suicide de masse comme ultime acte de résistance, la mort comme parole humaine (Schopenhauer).  S’ensuit une déferlante de suicides surréalistes et révolutionnaires se manifestant sous différents aspects. Thanatos prend le pouvoir et les politiques sont désemparés. On assiste lors d’un échange entre Esra et un ministre qu’elle tient, vraisemblablement, en otage, au procès intenté contre l’injustice, la corruption et le népotisme.

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