Autodestruction

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Editorial La Presse

Au moment où il devait accéder à un palier supérieur, prendre une autre dimension, Ennahdha s’est encore une fois égaré à travers les discours et les prises de position de ses principaux dirigeants, mais aussi les communiqués qu’il ne cesse de publier sur la situation non seulement politique du pays, mais aussi économique et sociale, et pourquoi pas aussi médiatique. Le mouvement islamiste dénonce « le black-out médiatique qui accompagne l’accord du gouvernement avec le Fonds monétaire international ». Il appelle à « lever le voile sur les termes et les conditions de cet accord qu’il faut révéler aux Tunisiens ».

Il faut dire que les communiqués qui sortent ces derniers temps de Montplaisir alimentent quelque part les tensions politiques. Le fait est là : nous vivons dans un monde où la logique de dialogue n’est plus possible. Les dirigeants nahdhaouis n’ont pas encore compris que l’apaisement des tensions et le règlement des conflits passent nécessairement par l’obligation d’éviter la guerre des communiqués. Ces derniers continuent de mettre le pays en péril et risquent de plus en plus de compromettre sa stabilité. Les perspectives d’un retour à la raison ne cessent de s’éloigner d’un jour à l’autre. C’est tout le mouvement islamiste qui traverse aujourd’hui un préjudice identitaire. Il subit même une crise multiforme de gestion et de compétence et qui a pour manifestation majeure un dépérissement pluriel. Ennahdha est à une erreur, un malentendu, un mauvais calcul de la décadence.

Mais comme toutes les histoires des partis politiques qui s’étaient précipités dans le déclin, pour saisir la fin, il faut comprendre le début. Une décennie et des  années encore d’aveuglement, de dérèglement et surtout d’autodestruction. Il y a lieu de s’inquiéter à la vue de l’incapacité des principaux dirigeants nahdhaouis de retrouver une  place de prédilection. C’est la perte non seulement d’un statut, d’un rang, d’une vocation, mais aussi de prérogatives, de stratégie, de programmes et d’idées. Les problèmes et les défaillances concernent tout un groupe, des noms, des aptitudes et des compétences. C’est la même histoire qui se répète  avec un parti et des décideurs qui n’arrivent pas à évoluer outre mesure. D’une épreuve à l’autre, d’une déchéance  à l’autre, un comportement et une attitude qui se ressemblent et un gâchis gratuit.

Le problème au sein du parti islamiste n’est pas seulement lié à une vision, une stratégie. Les « cadres » en assument forcément une grande partie. D’ailleurs, ils ne s’acquittent pas  de leur rôle. Ou encore, ils n’ont point l’aptitude et surtout les arguments pour être des leaders absolus. Il y en a même qui ont trop à faire avec leurs propres défaillances pour s’occuper de celles des autres…

Un commentaire

  1. KHEMIRI

    30/10/2022 à 20:45

    Et si vous-même et votre quotidien vous préoccupez plus des défaillances flagrantes et désolantes du pouvoir actuel et de son chantre carthaginois que celles des islamistes et de la période noire que vous rabâchiez presque tous les jours. Au fait, un de vos journalistes a-t-il été convié pour savoir plus sur l’accord avec le FMI?

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