Billet : Prérogatives et exigences du numéro 9

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Il ne peut y avoir de grande équipe sans un ou deux joueurs capables de marquer des buts. Beaucoup en souffrent aujourd’hui. Des clubs de renommée qui, même avec un système bien rodé et des joueurs de bon niveau, ont cessé d’être de grandes équipes, parce qu’il leur avait manqué, et il leur manque toujours, un  buteur de métier.

Sur le terrain de jeu, chaque joueur a un rôle à jouer. Le casting est très important. Décisif même. Tous les attaquants savent parfaitement que c’est dans leur performance de buteur qu’ils seront encensés ou critiqués, pas sur le nombre de ballons qu’ils récupéreront, ou les passes qu’ils donneront.

A celui qui porte le numéro 9, on continue à demander la même chose. Et sa réussite, aujourd’hui comme hier, devrait se mesurer au  nombre  de buts qu’il aura inscrits, et certainement pas au nombre de ballons qu’il aura récupérés.

Il y a des équipes qui ont fortement profité de la présence, souvent rarissime, des attaquants de métier, en leur demandant notamment d’accomplir ce qu’ils savent faire le mieux. Certes, des joueurs « sacrifiés » dans des postes qui ne sont pas ceux de leur prédilection, peuvent offrir des solutions, mais il serait dommage de les utiliser à contre-emploi.

Beaucoup d’équipes, et certainement aussi des sélections, ont pu réussir sans avoir un très grand avant-centre, mais  avec la seule différence que d’autres joueurs aient les dispositions nécessaires pour  inscrire des buts. Les attaquants sont-ils assez proches de ceux utilisés jusque-là et sur lesquels on a pris l’habitude de compter?

Les qualités sont presque les mêmes. Le buteur est un peu un joueur à part. Mais un buteur est un buteur où qu’il joue. Evidemment, il évolue avec le temps, avec l’âge, tout en ayant l’aptitude nécessaire  pour s’adapter…

On peut se dire aussi que certaines équipes n’auraient pas gagné des titres et tout ce qu’elles avaient réussi à remporter sans l’apport de certains joueurs au profil bien déterminé. A quelques éléments près, toutes les équipes qui sont allées loin dans les différentes compétitions l’ont fait grâce à des attaquants classiques. En grande partie, des avants-centres.  Au fil du temps, les qualités requises pour un buteur restent les mêmes. Il faut de la présence devant les buts, du sang froid, sentir les actions pour bien anticiper, savoir se placer là où la balle devrait arriver. Ce sont des qualités innées, auxquelles s’ajoutent, bien sûr, d’autres qui se travaillent…

Pourtant, les attaquants qui sont alignés aujourd’hui dans la plupart des équipes sont beaucoup plus sollicités dans la récupération du ballon. Ils sont obligés de courir davantage, de se donner pleinement sur le terrain et le plus souvent d’accomplir ce qu’ils ne sont pas censés faire.

Cela nous amène à nous interroger sur le rôle de l’attaquant-buteur du football moderne. Sur ses prérogatives et ses exigences? Malheureusement, cela ne se fait plus comme avant. Les entraînements et les consignes sont devenus plus tactiques et on travaille surtout les approches défensives plutôt qu’offensives. On a ainsi tendance à demander de plus en plus souvent aux attaquants de participer au travail défensif. Mais il faut se rendre compte qu’en faisant cela, on risque de les éloigner de leur mission principale qui consiste à marquer des buts en les écartant de la surface adverse et en les fatiguant en courant trop derrière le ballon. C’est le cas de beaucoup d’entraîneurs qui se sont succédé à la tête des équipes tunisiennes et qui, par leurs approches, ont été à l’origine de l’échec de beaucoup d’attaquants qui avaient pourtant les qualités et les dispositions nécessaires pour réussir une bonne carrière.

 

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