Neila Nouira Gongi — Ministre de l’Industrie, des Mines: et de l’énergie

«Le programme “SOS décarbonation” aidera les entreprises à réussir leur transition écologique»

Selon la ministre, ce nouveau programme permettra aux entreprises exportatrices d’être en ordre de marche pour répondre aux nouvelles exigences environnementales et s’affranchir de la taxe carbone qui frappe à leurs portes.

Présente lors de la séance de clôture de l’assemblée générale ordinaire de la Chambre de commerce et d’industrie tuniso-française, qui s’est tenue, la semaine dernière à Tunis, la ministre de l’Industrie, des Mines et de l’Energie, Neila Nouira Gongi, a fait savoir que son département s’est, actuellement, penché sur la question de décarbonation des entreprises. Elle a affirmé que tout un programme dédié à l’accompagnement des entreprises dans cette transition écologique, qui toque à leurs portes, est actuellement en cours de préparation. En effet, ce programme intervient au moment où l’Union européenne a décidé d’instaurer des taxes carbone qui pénalisent les importations de produits très carbonés, issus des pays hors Union européenne. Il faut dire, aussi, que la décarbonation de l’industrie est une exigence environnementale à laquelle la Tunisie devrait répondre, en tant que signataire de l’accord de Paris. “Puisque la Tunisie est un pays exportateur et étant donné que les entreprises implantées en Tunisie exportent essentiellement vers l’Europe et que la taxe carbone entrera en vigueur en 2026, il est évident qu’en Tunisie, on commence à se préparer. L’objectif est, d’abord, d’informer les entreprises au sujet de cette taxe carbone à la frontière, mais surtout de les préparer pour qu’elles puissent se mettre à niveau face à ces nouvelles contraintes”, a souligné Mme Gongi. La ministre a affirmé que les équipes du ministère travaillent de concert pour élaborer et mettre en place un programme dénommé “SOS décarbonation” qui, moyennant, des instruments, des facilités —mais aussi à travers l’accompagnement et l’assistance technique qu’il va offrir— va aider les entreprises bénéficiaires à réussir leur transition écologique. “On va informer, vulgariser, former des experts et enfin mettre en place un programme pour accompagner les entreprises dans la mise à niveau de leur processus industriel, à l’image de ce qu’on a fait dans les années 90 quand la Tunisie a signé l’accord d’association avec l’Union européenne”, a-t-elle précisé. Selon Mme Gongi, les politiques de décarbonatation sont, aussi, liées à la transition énergétique puisque les entreprises exportatrices doivent justifier de leurs empreintes carbone, et ce faisant, elles sont appelées à introduire les énergies renouvelables dans leur mix énergétique. Pour ce faire, un autre programme qui vise à accompagner les entreprises dans leur transition énergétique a été aussi élaboré pour leur permettre une certaine autonomie énergétique. “A travers le fonds de la transition énergétique et l’Anme, on accompagne ces entreprises pour qu’elles deviennent productrices de leur électricité, au moins dans une partie. Notre objectif, c’est qu’elles puissent produire 30% de leurs besoins énergétiques et plus. Et là, tout un programme d’accompagnement des entreprises industrielles est en cours d’exécution afin qu’elles deviennent auto-productrices de leurs énergies”, a-t-elle précisé.

De nouvelles opportunités

Evoquant la pertinence des pactes de compétitivité que le département de l’industrie utilise comme moyen et cadre pour renforcer le partenariat public-privé, la ministre a souligné que ces pactes seront construits autour des objectifs fixés dans des secteurs qui ont été identifiés par l’étude stratégique comme étant des secteurs porteurs pour le développement, tels que les secteurs automobile, aéronautique, du textile à usage technique et pharmaceutique. La mise en œuvre a démarré en juillet dernier, avec la signature du pacte de compétitivité automobile et se poursuivra pour les autres secteurs. “On a vu comment ce pacte a boosté le développement de l’investissement dans ce secteur-là. Il repose sur une idée simple, c’est un pacte qui engage l’Etat et le secteur privé. L’Etat s’engage à assurer la formation, mettre en œuvre toute l’infrastructure dont l’investisseur a besoin et en contrepartie l’investisseur doit tenir ses engagements en termes d’investissement et emplois créés”, a affirmé la ministre. Mme Gongi a, par ailleurs, indiqué que la nouvelle loi sur l’investissement, sur laquelle travaille actuellement le gouvernement, “va favoriser davantage le principe de la liberté d’investissement”. Interrogée sur les menaces de désindustrialisation qui ont été évoquées par certains observateurs, la ministre de l’industrie a répondu que la dynamique de développement et d’extension des entreprises industrielles en Tunisie, à l’instar de Draexlmaier, Autoliv et autres ne peuvent que réfuter cette hypothèse. “On ne peut que parler d’industrialisation. Une industrialisation intelligente qui répond au contexte du moment, qui intègre les principes sur lesquels nous travaillons, à savoir la résilience, le développement durable et l’innovation”, a-t-elle conclu.

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