A quoi servent les partis politiques ?

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Editorial La Presse

 

A quoi devraient servir des partis politiques quand ils sont détachés de leur milieu, de la réalité sociale des Tunisiens, de la réalité politique tout court ?

La classe politique, si elle existe encore, s’est fortement éloignée de la réalité. Ses capacités supposées, ou encore avérées, ne rassurent point outre mesure. Les zones d’ombre et les imprécisions font état d’un manque évident de savoir-faire, de maîtrise et de qualification. Elle n’a jamais réussi à défricher plus loin ce qu’elle avait pris l’habitude de croire, encore moins d’admettre.

Il faut dire que la logique peu inspirée et rarement ouverte aux réformes et aux changements dont a vraiment besoin la Tunisie a fait que beaucoup de partis politiques ne s’étaient jamais collés aux aspirations des Tunisiens.   

La classe politique a perdu l’aptitude de convaincre les Tunisiens. La qualité du travail accompli pendant plus d’une décennie n’a jamais fait l’unanimité. On s’indigne de discours et de méthodes inadaptés. Des discours et des méthodes qui ont toujours privilégié les excès par rapport à la rigueur, qui ont toujours pris en considération les intérêts partisans au détriment des besoins des citoyens.

Si on se déchaîne aujourd’hui sur le gâchis causé par autant de manquements, on ne sait pas, on ne sait plus ce qu’il adviendra de beaucoup de partis politiques qui ont non seulement perdu leur place sur l’échiquier, mais qui risquent aussi de disparaître. On se rend compte de plus en plus que leurs principaux dirigeants ne sont plus dans leur meilleur élément. Cela se reflète sur les positions à travers lesquelles ils réagissent aux revendications et aux attentes du peuple. 

Mais parallèlement, on ne saurait non plus s’interdire de penser à tout ce qui aurait dû être accompli si ces partis politiques avaient opté pour une stratégie et pour un travail de fond. Une chose est sûre: ils  ne se débarrasseront pas du jour au lendemain de tant d’accumulations et de manquements.

Il ne s’agit pas là d’un jugement de valeur, mais c’est une déduction qui s’est transformée en règle générale pour pratiquement toute la classe politique, ou presque. A aucun moment en tout cas, la plupart des partis n’avaient laissé croire qu’ils étaient capables d’évoluer. De se réformer…

Au fait, on ne peut être bon et performant que dans ce qu’on sait faire. Autrement dit,  certains acteurs politiques n’ont jamais eu le profil et le statut requis.  Mais ce qui est encore plus grave, c’est que cela concerne tout particulièrement ceux qui se voyaient capables de redonner un sens à tout le paysage politique.

Les Tunisiens ont compris, bien que tardivement, que dans le contexte actuel, et qui est propre au paysage politique, il n’y a pas vraiment grand-chose à retenir, encore moins à espérer. Le gâchis s’est tellement ancré au sein de beaucoup de partis politiques que leurs discours et leurs agendas constituent un énorme danger pour l’avenir de la démocratie en Tunisie…

Un commentaire

  1. fathi

    09/04/2023 à 15:32

    tout à fait ,je pense que le pays ,élite et population ,n’était pas prêt à ce modele occidental imposé ,avec l’aide de quelques collabos ,apres le départ de BenAli ..Ni bourguiba ,ni benAli n’avait fait de cela leur priorité ,pour le premier c’etait la mise en place d’un état ,pour le second c’était le developpement et la lutte conte l’integrisme , ce qui a fait des integristes » des martyres » aux yeux d’un peuple plein de fausse reliogisité et les a porté au pouvoir .ils l’ont pillé comme un tresor de guerre .

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