Escrocs sur réseaux

Editorial La Presse

 

N’eût été la sonnette d’alarme tirée par l’Association tunisienne d’urologie, un faux médecin aurait déclenché une catastrophe dans la société tunisienne — masculine pour être précis — puisque ledit docteur se présentait sur les réseaux sociaux comme urologue et vendait même des produits miracles pour combler les pleins et les déliés  de la gent masculine en matière de virilité vacillante. L’affaire a défrayé la chronique  lorsque l’association a publié un communiqué mettant en garde contre un faux médecin sur Facebook qui se présente comme un spécialiste en urologie.    

Le phénomène du commerce électronique de faux médicaments et de produits miracles ne cesse de prendre de l’ampleur sur les réseaux sociaux, et un grand nombre de  charlatans ont des pages Facebook qui ont pignon sur rue. Ces escrocs du Net se sont également mis dans les produits cosmétiques qui ont provoqué plusieurs réactions allergiques parfois très graves. Vous pouvez également choisir un modèle de vêtement qui vous sera livré certes, mais dans sa version « toc »  et presque jetable. Le constat est que les victimes de ces escroqueries n’ont aucun recours. Et en l’absence d’un véritable contrôle de la part de l’Etat, ce genre de commerce continue à s’étendre impunément. Selon le ministère du Commerce, le nombre d’échanges  commerciaux électroniques a grimpé de 42% pendant les neuf premiers mois de 2023 par rapport à la même période de l’année 2022. La valeur de ces échanges  s’élèverait à 888 millions de dinars, selon la même source. Un chiffre qui passe bien entendu sous le nez du fisc puisque les payements s’effectuent à 90% en espèces. On croit savoir également que la Banque centrale a avancé le chiffre de 1.214 sites web actifs dans le commerce électronique avec 13,4 millions de transactions pendant les neuf derniers mois de l’année écoulée.

Si cette arnaque est en train de métastaser, c’est par manque de contrôle certes, mais il faut croire aussi que le ministère du Commerce ne dispose pas non plus d’une armée d’agents pour contrôler les transactions qui s’effectuent sur des milliers de pages Facebook. Pour sa part, le ministère des Technologies de la communication  ne semble pas vouloir s’aventurer dans cette affaire. Une dangereuse pieuvre qui porte préjudice aussi bien à l’Etat qu’au simple consommateur. Une campagne de sensibilisation auprès des citoyens s’impose, au moins pour leur permettre  d’éviter ce genre de piège et leur présenter  des solutions. En 2018, la Chambre nationale syndicale du commerce électronique, qui défend les commerçants électroniques honnêtes, a suggéré la création d’un « label confiance » spécifique à ce genre de transaction qu’elle a proposé au ministère du Commerce. Une proposition qui est restée lettre morte…

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