Kairouan : Les souks El Rabâa risquent de s’écrouler

 

Il faut éviter que le scénario catastrophique de l’effondrement d’une partie des remparts de la Médina de Kairouan ne se répète une nouvelle fois

Entourée de ses remparts, la Médina de Kairouan  occupe un quadrilatère de presque 1 km de long sur 500 mètres de large. C’est là que se trouvent les souks, très animés le matin, qui occupent le centre de l’espace urbain et la rue qui relie les deux portes principales, à savoir la porte des Martyrs et la porte de Tunis. La Médina regroupe également des quartiers populaires aux maisons cubiques. Rappelons que ces souks traditionnels, dans leur aspect actuel, datent des XVIIe et XVIIIe siècles et sont spécialisés par branches d’activités : souk de la laine, des tisserands, du cuir, des ciseleurs, du tapis où se déroulent des ventes aux enchères au cours desquelles les grossistes viennent acheter leur production aux artisanes, etc.

Des souks qui menacent ruine

Notons que ces vieux souks El Rabaâ, qui portent allégrement leurs sept siècles d’existence, menacent de s’écrouler à tout moment et de causer d’innombrables décès, et ce, à cause des infiltrations d’eau au niveau des plafonds, des terrasses et des voûtes qui présentent de larges fissures, comme nous l’explique M. Ridha Fejji, propriétaire d’une boutique au souk Belaghjia : «Cela fait plusieurs années que nous avons contacté les responsables communaux et ceux de l’ASM pour leur demander de bien vouloir procéder le plus tôt possible à la restauration de tous les souks El Rabaâ… Mais rien n’a été fait jusqu’à présent et nous risquons de mourir comme des martyrs… Regardez ce vieil hôtel “Marhaba” ayant appartenu, il y a des décennies, à la Coopérative des laines qui a fini par être abandonné à son sort. Ses portes ont été brûlées par des délinquants et les locaux risquent de s’écrouler, vu leur vétusté avancée. C’est vraiment dramatique! Pourquoi ne pas restaurer cet ancien hôtel au sein d’El Rabaâ et le réaffecter en un local  pour les ONG?».

Les voûtes du vieux souk El Rebaâ sont fissurées par endroits

D’autres anciens souks, dont souk El Majel, sont délaissés et marginalisés. Ainsi, cet ensemble architectural, où la fabrication des kobkabs avait un grand succès, est, au fil des années, tombé dans la désuétude et ses 72 boutiques reliées par des voûtes sont fermées.

Et le soir, il est dangereux de passer devant ce souk  devenu un abri pour les consommateurs de substances illicites. C’est pour toutes ces raisons et pour valoriser le tourisme culturel et sauver l’activité des artisans qu’il est vraiment urgent de restaurer et de valoriser ces vieux souks afin d’éviter de revivre le cauchemar provoqué par l’effondrement d’une partie des remparts le 16 décembre dernier.

Rappelons dans ce contexte que depuis le 9 décembre 1988, la Médina de Kairouan a été inscrite sur la liste du patrimoine mondial par la commission de l’Unesco, en répondant à cinq des six critères d’évaluation.

Des maisons abandonnées

Par ailleurs, il existe au sein de la Médina de Kairouan plus de 180 maisons qui menacent de s’écrouler par manque de restauration. Certaines sont encore habitées par des gens nécessiteux, d’autres sont inhabitées car leurs propriétaires sont allés s’installer ailleurs. Et depuis l’effondrement d’une partie des remparts, le mois dernier, les responsables à tous les niveaux ont pris deux décisions. La première consiste à placer des barrières de sécurité autour de plusieurs autres parties des remparts en attendant les analyses des différentes expertises en vue de leur restauration. La seconde concerne les logements vétustes, dont on a invité les propriétaires à les quitter et habiter provisoirement dans des lieux sûrs. N’oublions pas d’évoquer également les petites mosquées de quartier devenues, elles aussi, trop vétustes, faisant craindre le pire…

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