«Moving figures» à la galerie Gorgi : Des personnages porteurs de rêves…

 

«Je suis avec mon dessin. Je monte, il descend. Il se casse la gueule, je le fiche dehors. Je n’ai plus rien à voir avec lui. Puis il me manque, je le rappelle. Il revient»…

Quand elle a choisi le thème de son exposition—Moving Figures—, Aïcha Gorgi a certainement dû se souvenir de ces mots de son père, Abdelaziz Gorgi : «Je suis avec mon dessin. Je monte, il descend. Il se casse la gueule, je le fiche dehors. Je n’ai plus rien à voir avec lui. Puis il me manque, je le rappelle. Il revient».

Ce sont ces dessins, ces ombres de dessin qui caracolent dans sa galerie. Personnages mouvants de théâtres populaires, jeux d’ombres, de marionnettes, lanterne magique, karakouz ou Smail Pacha. Tous proviennent d’une mémoire collective, celle de l’imaginaire méditerranéen qui sait si bien raconter des histoires.

Mais les marionnettes ne sont pas toujours innocentes, et elles savent aussi transmettre des messages, dévoiler les non-dits, créer des séditions, dénoncer les tyrannies, moquer les potentats. Ce n’est pas un hasard qu’elles aient été souvent interdites par les pouvoirs.

Mais elles sont aussi porteuses de rêves, créatrices d’enchantements et  de magie.

Les artistes qui ont joué le jeu l’ont fait avec intelligence, subtilité et talent. Noutayel et ses drôles de machines donnent mouvement et cinétisme à ses personnages issus de l’enfance. Omar Bey se réapproprie le théâtre d’ombre et projette ses compositions sur la blancheur des murs. Najah Zarbout offre ses fondus hypnotiques dans lesquels une ombre se noie ou émerge, selon ce qu’on veut y voir. Ymen Berhouma convoque les ogres des comptines enfantines.

Tous se souviennent qu’il n’y a pas d’espoir sans imagination.

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