Un message peut faire le tour de la terre le temps que la vérité mette ses chaussures ». La propagation de la désinformation et de la manipulation politique, véhiculées notamment sur les réseaux sociaux, se généralise et devient une pratique courante. Faits erronés, rumeurs, accusations, fake news, théorie du complot, on en voit de toutes les couleurs au quotidien.
Plusieurs publications sur les réseaux sociaux ont relayé et commenté des déclarations attribuées à l’ancien Premier ministre Mohamed Ghannouchi défendant et prenant position en faveur des conventions avec la Turquie et le Qatar et qui devraient être soumises à l’ARP. Ceux qui ont eu la présence d’esprit de vérifier et d’analyser l’information en question se sont rapidement rendu compte que l’ancien Premier ministre n’a pas de page Facebook et n’a fait aucune déclaration dans ce sens.
Le constat n’est pas nouveau. D’ailleurs il ne choque pas : si les fausses nouvelles ne sont pas inédites, elles prennent une fois de plus racine sur les réseaux sociaux. Le domaine de la politique est le plus touché par ce phénomène. En dépit des moyens de lutte que l’on se donne, on fait souvent face à une quantité croissante de désinformation et on réalise chaque fois que derrière toute action de mise en cause se cachent toujours des dangers. Sur les détails, il y a lieu de s’inquiéter sur ce qui se fait et se conçoit à ce niveau. Essentiellement dans un contexte défavorable, qui ne respecte pas l’intégrité morale et qui valorise la diffamation.
Il faut dire qu’au-delà des constats, la contamination de l’information continuera toujours à peser sur l’espace médiatique. Que nous y soyons préparés ou non, les réseaux sociaux sont toujours capables de surprendre avec leur incroyable faculté à s’autoriser tous les dépassements. Et le pire est sans doute encore à venir. Car les internautes qui partagent rapidement et sans vérification une infox peuvent faire autant de mal que ceux qui en sont à l’origine. L’information détournée, exagérée ou dénaturée peut en effet être présentée comme une vraie nouvelle dans le but de tromper les gens. Cela est fait pour générer des réactions et des partages sur les réseaux sociaux dans le but d’atteindre des objectifs d’ordre politique, ou encore idéologique.
Alors quelle riposte judiciaire face à la rumeur et aux fake news ?
Il convient de préciser à ce propos que la loi est la même pour les médias traditionnels que pour un site internet, un forum ou un réseau social. En Tunisie ou ailleurs, les règles sont strictement les mêmes. Un utilisateur de réseau social peut faire l’objet de poursuites à l’image comme d’un professionnel des médias traditionnels.
Mais, il convient aussi de s’interroger si dans la pratique, il est vraiment garanti d’obtenir gain de cause. A quoi cela peut-il vraiment mener une fois que le mal est fait ? Il serait bon et beaucoup mieux d’intégrer et d’inscrire les actions et les modes de comportement dans une dimension qui va au-delà d’un simple clic, d’un simple partage. Une pratique de plus en plus institutionnalisée sur les réseaux sociaux…