Une proportion importante de la population continue à assurer les services de base. Nombreux sont ceux qui doivent composer avec une offre de transport en commun pas vraiment appropriée et avec la peur d’être infectés dans les stations ou dans des bus et des métros bondés. Malgré l’épidémie, ils sont en première ligne et se déplacent pour assurer des activités vitales. Dans ce genre de situation, la distanciation exigée pour éviter la contamination est tout simplement presque impossible.
La Transtu a beau œuvrer selon ses moyens et ses possibilités pour que les mesures de sécurité soient appliquées lors du déconfinement ciblé qui a démarré lundi. Elle a fixé un nombre maximal de passagers dans les bus et les métros pour respecter la distanciation. Elle a mis à disposition tout son parc qui compte notamment 700 bus, 70 métros et 5 trains du TGM pour assurer une fréquence suffisante de voyages et pour éviter que les moyens de transport soient encombrés. Ses agents ont veillé au respect des proportions se limitant à un ou deux passagers dans un mètre carré. Les contrôles ont été aussi appliqués et de nombreux passagers ne possédant pas d’autorisations se sont vu interdire l’accès aux véhicules.
Cela a été cependant beaucoup plus compliqué qu’on ne le pensait, et aux premiers jours du déconfinement, le résultat n’était pas assurément à la hauteur des aspirations dans la mesure où il était impossible de respecter les distances préconisées.
Le débat reste ainsi ouvert au sujet du déconfinement et l’enjeu principal n’est autre que celui des déplacements dans les transports en commun. D’ailleurs, il ressort des études effectuées sur les causes et les origines de la contamination du Covid-19 que le transport en commun est l’un des principaux, sinon le premier, vecteurs de la propagation de l’épidémie. Un lieu idéal pour le virus qui se transmet d’un passager à l’autre et où les contacts étroits sont nombreux.
A New York, actuellement foyer mondial de l’épidémie, il a été constaté que la diffusion du virus a fortement ralenti au moment où la fréquentation du métro diminuait également. Il a fallu augmenter le nombre de rames pour éviter les encombrements, en régulant les flux dans les stations et dans les véhicules et en sollicitant les entreprises pour qu’elles adaptent les horaires de travail dans le but d’étaler les heures de pointe.
Chez nous, l’affluence constatée dans la plupart des moyens de transport n’est pas en somme le signe d’un quelconque relâchement, notamment pour une population pour qui le télétravail est impossible et la poursuite d’une activité professionnelle essentielle. Le casse-tête du transport en commun n’est pas nouveau pour le Tunisien. On a pris l’habitude de se presser aussi bien dans les stations qu’à l’intérieur des véhicules. Des scènes presque ordinaires de transports bondés, n’eussent été les masques pour rappeler la pandémie.
Dans un contexte où nous n’avons, à l’instar de tous les autres pays, aucune expérience comparable à la situation actuelle, la visibilité manque toujours. Par conséquent, il est difficile de réussir une stratégie de reprise sans subir certaines contraintes qui en découlent. Il faudrait encore du temps pour remettre tout le monde sur… les rails.
Dr. Ezzeddine Moudoud
6 mai 2020 à 20:30
Comme toujours si Jalel – right on target sur tous les aspects de votre argumentaire. Le cauchemar des transports en commun n’est pas nouveau chez nous sur tout notre territoire national et pas seulement dans nos grandes villes – essayez de prendre un bus, ou même un « louage », Tunis-Kasserine !!! Je l’ai fait plusieurs fois et je sais de quoi je parle…la « promiscuité » est telle que vous pouvez à peine « respirer »…Absolument d’accord donc – et sans faire de jeux de mots « déplacés », ça va être « un casse-tête Chinois”, avec le risque de se retrouver pire qu’à la case départ de début mars-avril.