Alors que le pays fait face à des défis inédits sur les plans sanitaire, social et économique, la députée et présidente du Parti destourien libre, Abir Moussi, fait l’objet de menaces de mort. Ce qui se disait à demi-mot se confirme aujourd’hui dans son intégralité, ou presque : de par certaines prises de position émanant de quelques blocs parlementaires, partis et mouvements politiques, le paysage politique est de plus en plus marqué par un excès de polémiques répétées et des altercations qui n’en finissent pas. Les discours pervers, rancuniers, voire venimeux, accentuent les risques attribués aux crimes terroristes. Ce qui en fait un phénomène transversal et donne aux groupes terroristes un motif pour justifier leurs actes et diffuser leurs messages.
Le paysage politique est devenu ainsi l’otage de certains de ses acteurs. Il manque de moral. Ceux qui sont censés montrer la voie déçoivent par leurs agissements. Ils ne servent plus de modèle. Surtout lorsque leurs actes et leur comportement se substituent à l’éthique.
C’est pratiquement toujours la même histoire avec les discours et les méthodes présentés ici et là. Ils suscitent l’espoir un jour, puis ils tombent dans leur travers le lendemain. Du paysage politique, on en fait quelque chose d’immatériel, qui perd du sens, et qui n’est plus qu’un moyen de déchirement, de division et parfois même de démoralisation. Il s’est avéré que la tendance à disperser les efforts, c’est ce qu’on aime le plus dans les politiques d’aujourd’hui. Mais que l’on perde sa lucidité et le sens du discernement dans les moments critiques, cela devient intolérable.
Triste banalité : enclencher les polémiques entre les différents acteurs politiques, cela commence par un discours mal placé et finit, tout au bout de la chaîne, par tout ce qui rend aussi légitime un manquement moral qu’une erreur caractérisée. Les valeurs sont autant de repères que tout le paysage est en train de perdre, surtout lorsque s’y installe la forfaiture avec tous les manquements qui en découlent. Il nous semble que certaines parties sont à présent définitivement intégrées dans la sphère des conflits, des affrontements et des altercations de tous bords. Tous les aléas et dépassements qui en découlent nous amènent à nous interroger sur les intentions et les motivations qui les font ainsi courir.
Ce qui était espéré un certain 14 janvier 2011 est aujourd’hui compromis, pour ne pas dire révolu et gâché. Les actes d’absolution et de décharge de ces dernières années impliquent forcément des causes et des degrés de gravité variés. Les manquements et les défaillances s’éternisent et se conservent. Ils prennent de plus en plus de formes nouvelles.
La réhabilitation de la classe politique ne peut émerger du miracle de l’instant. Elle doit être l’expression d’une histoire, d’une continuité, mais aussi d’une rupture entre ce qui précède et ce qui se construit. Il est temps de questionner les échecs et de tenter d’en comprendre les ressorts internes et externes.