Le recours croissant à l’endettement ne cesse d’aggraver la crise économique et sociale par laquelle passe actuellement le pays. Il évoque des mauvais souvenirs. L’on n’oubliera jamais qu’il était à l’origine de la colonisation en 1881.
La dette extérieure, mais aussi intérieure, de la Tunisie a atteint des niveaux records. Elle a engendré des formes et des pratiques de développement la plupart du temps séparées de la réalité et dont les Tunisiens ne semblent pas se remettre, notamment depuis 2011 quand les gouvernants successifs, pour assurer le fonctionnement de l’Etat et ne pouvant se baser sur les ressources propres du pays, ont eu systématiquement recours aux emprunts. Les prétendues politiques de relance et les réformes engagées se sont orientées à l’inverse de ce qu’il fallait faire. L’investissement n’était plus une priorité et les emprunts étaient destinés la plupart du temps pour être consommés.
L’endettement continue aujourd’hui d’avoir un effet direct sur la croissance économique, provoquant des pressions financières liées essentiellement au remboursement annuel de titres obligataires et des échéances de prêts du FMI.
Auditionné en séance plénière à l’ARP le 7 février 2020, le gouverneur de la Banque centrale avait annoncé à la fin de son intervention que la pression restera énorme et contraignante sur les finances de la Tunisie pendant la période 2020-2025, avec un taux d’endettement extérieur élevé. En l’absence de possibilité pouvant rééchelonner les dettes, le risque de basculer vers une situation très grave est là, surtout si l’on tarde à prendre les bonnes décisions.
Lors de sa visite au parc d’El Mourouj, à l’occasion de la Journée mondiale et nationale de l’environnement et où il a ordonné sa réhabilitation, le Chef du gouvernement a évoqué la situation économique et sociale difficile, insistant sur la nécessité de concentrer les efforts sur la recherche de solutions urgentes pour une véritable réforme, en se basant sur les ressources propres de l’Etat plutôt que sur l’endettement qui a aggravé la crise.
Il est temps de retrouver la voie de la production, de la productivité et de la compétitivité. Il est aussi impératif de rompre avec un environnement et un contexte où règnent hésitation et attentisme. Un contexte qui n’a cessé de porter préjudice au pays et à ses intérêts. La Tunisie dispose d’importants potentiels dans divers domaines, lesquels ne demandent qu’à être exploités.
Le Chef du gouvernement insiste sur l’importance de travailler dans un climat serein et de polariser les efforts sur les moyens à même d’améliorer les conditions sociales des citoyens, « loin des tractations politiques qui ne traduisent pas les attentes du peuple et ne servent pas l’intérêt suprême du pays ».
A la place des tractations, des divergences et des polémiques, le peuple attend des réformes inclusives et durables. Des réformes susceptibles d’améliorer son pouvoir d’achat et sa condition sociale, longtemps évoqués dans des discours et des promesses politiques auxquels il n’y croit plus désormais.