LE commerce extérieur de la Tunisie continue d’enregistrer des difficultés sérieuses et le déficit commercial s’est sensiblement creusé. Les données publiées par l’Institut national de la statistique sont significatives : les résultats des échanges commerciaux de la Tunisie avec l’extérieur aux prix courants durant le mois de mai 2020 révèlent une forte baisse des exportations à -37,1% en glissement annuel (-48,9% en avril). En valeur, les exportations ont atteint 2.400,1 MD contre 3.813,9 MD en mai 2019. Cette diminution concerne essentiellement les secteurs offshores tels que le textile/habillement et cuir et le secteur des industries mécaniques et électriques dont les exportations ont chuté respectivement de 32,4% et 49,8%.
Ces mauvais résultats interviennent dans un contexte de ralentissement économique lié au contrecoup de la crise sanitaire de Covid-19 et les acteurs économiques sont pénalisés par le ralentissement de l’économie engendré par la pandémie.
L’Organisation mondiale du commerce alerte déjà sur les perturbations causées par la crise sanitaire et prévoit dans ce sens une baisse du commerce mondial de 13% à 32% en 2020. Elle affirme que tous les pays à travers le monde devraient subir les répercussions de la pandémie et connaître des baisses à deux chiffres au moins de leur commerce.
Mais il n’y a pas que cela. Sur l’ensemble de l’année, les différents indicateurs de l’économie tunisienne ont été révisés à la baisse. En attendant le programme de relance économique du gouvernement, et même si l’heure n’est pas clairement à la panique dans la mesure où le commerce extérieur a parfois montré des signes de stabilisation et s’est permis d’enregistrer une tendance inverse à celle de la croissance faible, les derniers chiffres représentent encore un mauvais signal.
Il faut dire que c’est toute l’économie tunisienne qui tourne au ralenti. Une économie toujours incapable d’être hautement résiliente et compétitive dans le commerce extérieur, encore moins dans l’innovation et le développement du marché, même si le gouvernement a mis en place une série de mesures pour aider les entreprises à reprendre leurs activités. Baisse du taux directeur, diminution des charges, autant de mesures qui ne porteront cependant leurs fruits qu’à long terme. En attendant, les inégalités progressent encore et toujours et le pouvoir d’achat du Tunisien s’affaiblit de plus en plus.
Les optimistes espèrent que la réticence financière pourra s’arrêter et que les prochaines années seront plus brillantes. Il faut dire que l’économie tunisienne est aujourd’hui coupée en deux : les paramètres et indicateurs avant et après 2011.
Sur la durée, l’attractivité de l’économie tunisienne est loin d’être rassurante. Aussi bien pour les investisseurs étrangers qu’en interne. Avec des objectifs qui se profilent à l’horizon, mais dont la concrétisation n’est pas encore pour demain…