Il est président du Conseil d’administration de l’Institut arabe des droits de l’homme. Membre de l’Instance internationale de l’éducation relevant de l’Unesco. Spécialiste des questions humanitaires, il est président du Comité national tunisien d’aide aux réfugiés. Il a été membre du comité de rédaction du programme mondial des Nations unies pour l’éducation aux droits de l’homme. Depuis 2013, Abdelbasset Ben Hassen a lancé un projet citoyen : Dar Saïda. Une association et un centre où se tiennent les activités organisées par l’Institut des droits de l’homme. Ben Hassen est auteur de plusieurs essais sur le système éducatif et les droits de l’homme. C’est aussi un poète à ses heures perdues. Mais depuis un moment, le cœur n’y est plus. Préoccupé, il scrute l’horizon, l’avenir de la Tunisie lui paraît sombre.
Vous avez travaillé et participé à des commissions qui s’attellent à réformer le système éducatif, quel est votre constat ?
Le système éducatif souffre d’une crise multidimensionnelle. C’est une véritable tragédie, perçue comme telle par toutes les parties prenantes. Il faut savoir que l’enseignement a toujours occupé une place importante dans l’histoire contemporaine de la Tunisie. Les grands réformateurs depuis le 19e siècle, parallèlement les dirigeants du Mouvement national pour la libération, considéraient l’éducation comme l’un des outils d’émancipation de l’individu et de la libération du peuple. Sans l’instruction, les Tunisiens ne pouvaient pas s’affranchir de leur peur du colonisateur. Après l’indépendance, l’enseignement public devient une partie constitutive de l’édification de l’Etat moderne qui en a fait une priorité. Un enseignement de qualité, gratuit, symbole d’intégration. C’était un outil de promotion sociale, pourvoyeur de valeurs mais aussi d’éducation sociale. Un deuxième foyer pour les enfants qui déjeunaient à la cantine. Des internats destinés aux élèves pensionnaires issus des régions lointaines et isolées avaient été construits. Nul ne se sentait exclu de cette dynamique nationale.
A quelle période peut-on acter le début du déclin de l’enseignement ?
Le déclin s’est fait de manière graduelle. Depuis la fin des années 70 ont commencé à paraître des signes d’essoufflement de l’école publique. L’origine de la détérioration puise sa source dans le choix des autorités de l’époque qui avaient favorisé l’enseignement privé au détriment du public. Sans parler des différentes expérimentations qui n’ont jamais abouti.
Des choix politiques ont-ils conduit délibérément à la dégradation du système scolaire national ?
La privatisation de l’école avait commencé. C’est un choix politique. L’éducation nationale n’était plus une priorité. C’est un deuxième choix politique. On le voit d’ailleurs aujourd’hui dans la réduction du budget dédié au ministère de tutelle.
Pourtant, à ce jour, le budget consacré au ministère de l’Education nationale n’est-il pas parmi les plus élevés, comparativement aux autres départements ministériels?
Il est vrai que le budget est important. Mais la plus garde partie du budget est destinée à payer les salaires. Or pour améliorer la qualité de l’enseignement, des programmes, le renforcement des capacités des enseignants, l’optimisation des conditions de travail et l’aménagement d’établissements adaptés aux pratiques nouvelles de l’enseignement requièrent de grands moyens. Des fonds importants afin de renforcer la qualité de l’apprentissage d’une manière générale et de la formation professionnelle en particulier. Par ailleurs, à la fin des années 70, le pays était mal gouverné. L’éducation publique a subi un véritable revers en ces temps-là. Le vide laissé par les autorités a été progressivement occupé par le secteur privé. Or, il est impossible d’envisager de remplacer l’école publique par l’enseignement privé et payant en Tunisie. C’est une des spécificités du modèle tunisien qu’on risque de perdre dans la foulée.
Le ministère de l’Education est un des départements les plus syndiqués. Peut-on considérer que le syndicalisme à outrance a participé à la dégradation de l’enseignement public, du moins ces dix dernières années ?
Je voudrais insister sur le fait que l’Ugtt, et ce, depuis l’indépendance, est une des premières institutions à appeler à la réforme de l’enseignement et à défendre l’école publique. C’est une constante de la Centrale syndicale. Après la révolution, lorsque la société civile a commencé à appeler à la réforme de l’enseignement, l’Ugtt était au cœur de l’action « Aahd » (engagement), un réseau associatif. Nous avons lancé une campagne à partir de 2013 qui a duré deux ans, dont la première revendication était une réforme globale. L’Ugtt était de toutes les initiatives lancées que ce soit par l’Etat ou par la société civile. L’école publique est un choix stratégique de l’Union ouvrière. Il est vrai, cependant, que certains mouvements sociaux du corps enseignant pourraient paraitre excessifs. Il faut reconnaître toutefois que c’est l’expression d’une crise plus profonde. Le fait de ne pas procéder à une refonte totale du secteur aggravera davantage la crise globale qui mine le pays et non pas uniquement le système éducatif.
Il est quasiment impossible de répondre aux revendications des enseignants et maintenant celles des surveillants, du moins totalement, à cause de la crise économique que traverse le pays. N’est-ce pas ?
Il faut prendre le temps de se poser les bonnes questions. Cela fait dix ans que nous ajournons la programmation des grandes réformes. Ce qui a eu pour effet d’accentuer les problèmes dont les grèves et les revendications de l’ensemble du corps enseignant. C’est un cercle vicieux. La question à laquelle il faudra répondre d’abord ; quelle est la place de l’individu aujourd’hui ? Allons-nous vers un modèle social, économique, culturel et éducatif qui investit dans le capital humain ? Ou bien allons-nous encore être entraînés à copier des modèles obscurs aux objectifs imprécis ? Il faudra d’abord opter pour un modèle de développement où l’individu occupe une place centrale. Il faut également adapter l’école à son environnement national et au contexte international. Notre école est totalement déconnectée de ce qui se passe dans le monde. Il faudra que l’école tunisienne s’inscrive dans son temps. Il faut que les élèves soient sensibilisés à un certain nombre de causes importantes comme la protection de l’environnement.
Comment et par quoi devrions-nous commencer pour réformer le système scolaire ?
Au début des années 2015 avait démarré un dialogue social d’envergure. Ensuite des commissions ont produit un projet de loi organique portant sur l’enseignement. Il faut mettre le système éducatif au cœur des politiques publiques. Parmi les recommandations de cette grande réforme, un enseignement gratuit, inclusif, qui diffuse le savoir et les valeurs humaines fondamentales. La citoyenneté, le sentiment d’appartenance arrivent en tête de liste de ces valeurs. Il faut que l’école publique redevienne un lieu de socialisation et de protection de l’enfant. L’élève issu d’un milieu défavorisé doit pouvoir se nourrir correctement à la cantine. L’école doit le protéger et pallier les déficiences qu’elles soient matérielles ou intellectuelles, des parents. Il faut également articuler le contenu des programmes aux offres du marché de l’emploi. Sinon, nous allons continuer à fabriquer les crises dont le signe le plus palpable est le chômage. Pour preuve, la formation professionnelle est un segment totalement délaissé. Il faut trouver l’équilibre entre l’enseignement des sciences exactes et des humanités et l’apprentissage de la formation professionnelle. Il faut que l’enseignement ouvre les perspectives et les débouchés. Nous devons également nous pencher sur la situation morale et matérielle des enseignants, leurs conditions de travail, les cycles de formation et de perfectionnement qu’ils devraient suivre régulièrement. Maintenant, il faut penser à la digitalisation de l’école.
On revient à la question des moyens. Pensez-vous que l’Etat tunisien soit en mesure de doter chaque élève de l’école publique (primaire et secondaire) d’une tablette ?
Bien entendu, le problème de financement de toute réforme est tangible. Mais on ne peut rester paralysés, à ne rien faire, sous prétexte de manque de moyens. Nous ne pouvons reporter indéfiniment ces réformes fondamentales. On s’exposerait alors à l’aggravation des crises.
Depuis une décennie et même avant, de multiples projets de réforme du système éducatif ont été élaborés. Les problèmes sont identifiés, les experts en mesure de garantir la mise en œuvre de ces réformes sont légion. Mais rien ne se passe. Ce qui fait réellement défaut, ne seraient-ce pas les moyens ?
Les choix politiques doivent être clairs et bien définis. Un programme dans lequel tous les problèmes sont posés et où les solutions doivent être envisagées dans la continuité. On ne peut entamer une réforme ensuite la rompre d’un coup pour suivre une nouvelle piste. Parmi les problèmes qui se posent, les moyens, il est vrai. Mais pour rappel, lorsque la Tunisie avait investi dans l’école publique, elle n’était pas plus prospère que la Tunisie d’aujourd’hui. Seulement, la Tunisie d’alors, de la postindépendance, a décidé d’investir dans l’individu. En 2011, une révolution a éclaté. Elle devait théoriquement conduire à mettre en place l’Etat de droit et un développement équitable. Dans ces projets, je pose la question, où est l’individu ? Ou est l’homme qui doit superviser ces opérations ? Aujourd’hui, il est temps de prendre conscience que les petites réformes ne suffisent plus. Nous avons besoin d’une vision civilisatrice, nouvelle dans laquelle l’école forme un pilier. Je dois ajouter que je suis membre de la haute Commission internationale relevant de l’Unesco conduite par la Présidente de l’Ethiopie. Nous sommes en train de préparer l’avenir de l’éducation au niveau mondial à l’aune de 2050. Un rapport qui fera office de boussole pour les Etats, pour les organismes et les bailleurs de fonds.
Vous-êtes vous inspirés des expériences qui sont toujours en tête des classements mondiaux, notamment les pays scandinaves ?
Une consultation a été lancée à travers le monde, légèrement freinée par la pandémie. Plus d’un million et 500 mille participants y ont tout de même pris part, directement ou à travers des visioconférences. Les expériences réussies démontrent ce que nous avons toujours dit. Ces pays ont investi dans l’école publique. Une école qui est ouverte sur son environnement, connectée avec le marché du travail, les nouvelles technologies et le monde. Ces pays qui ont fait de l’enseignement une priorité récoltent aujourd’hui les fruits de leurs politiques. Au contraire, ceux qui ont considéré l’école comme une charge inutile n’ont pu réussir à se sortir de l’impasse. Ce sont des pays qui souffrent de corruption généralisée, de mauvaise gouvernance, de non-respect des valeurs démocratiques et d’incompétence des responsables. La Tunisie se trouve dans cette situation avec un Etat en faillite et un dérèglement des valeurs. La guerre ouverte de tous contre tous, à commencer par les premiers responsables du pays, aggrave la situation générale.
Compte tenu de la crise économique aiguë, peut-on encore parler de revendications démocratiques, de libertés individuelles. N’y a-t-il pas des priorités plus urgentes ?
La crise politique est en train de brouiller la vue et d’empêcher d’évaluer la situation à sa juste valeur. Nous avons peu progressé dans notre vie sociale, politique et culturelle. On ne peut en dire autant sur les libertés individuelles, heureusement. Les acquis étant palpables. Même le fait d’avoir le sentiment, la possibilité de changer les choses est un acquis en soi. Mais l’atmosphère générale n’est pas encourageante pour entreprendre des initiatives. Sans parler des multiples dérives que le processus transitionnel a subies. A mon avis, il a été totalement dévoyé de sa trajectoire. Conséquence immédiate, les quelques acquis restent fragiles, n’étant pas consolidés en système qui fonctionne. Il est inadmissible qu’aujourd’hui en Tunisie que les gens n’aient pas les moyens de se soigner correctement, de bénéficier de services habituellement garantis par l’Etat. Le manque de maturité de la classe politique, c’est la cerise sur le gâteau. Nous risquons de basculer tout bonnement dans une guerre.
Guerre des institutions ou bien une guerre civile, à quoi pensez-vous?
Les conflits entres les personnes et entre les institutions, la violence verbale, les rivalités entres les hauts responsables de l’Etat sur les attributions de chacun et la colère qui gronde dans la rue constituent les ingrédients d’une déflagration. Ce conflit larvé qui dure des années peut conduire à des dérapages violents pouvant s’affranchir des lois de la République. Résultat, les Tunisiens ont peur, non pas de perdre quelques droits obtenus, mais ils appréhendent la décomposition de l’Etat. Les Tunisiens ont peur à cause de ces conflits permanents. L’heure est grave. Il faut mettre la main dans la main pour stopper cette tragédie nationale.
Nous sommes ici à Dar Essaïda, bientôt une radio « Saïda FM » diffusera depuis cette maison ouverte aux enfants et aux jeunes des quartiers alentour. Vous êtes en contact avec cette jeunesse qui a exprimé dernièrement sa colère dans la rue. Quelle serait votre analyse à ce sujet ?
J’entretiens un contact permanent avec des jeunes issus de milieux populaires, de toutes les tranches d’âge. Je constate à partir de mon expérience que le modèle que nous sommes en train de mettre en place marginalise les enfants, les jeunes, les femmes, les habitants des zones rurales, ceux des quartiers populaires, les minorités. Tous sont considérés comme des citoyens de seconde zone par ce système discriminatoire de fait. Notre modèle social ne place pas l’individu au centre de ses préoccupations. Il est inhumain et suscite des sentiments d’injustice et d’oppression. La révolution de 2011 était celle de la dignité. C’est à la fois un slogan et une revendication. Ce sentiment provient du fait que les citoyens se sentaient inégaux. Cela n’a pas changé depuis. Pire, les politiques publiques ne sont plus attentives aux attentes des citoyens. Certains groupes, comme les jeunes des classes défavorisées, étaient encadrés par les structures sociales. Lesquelles structures avaient atteint leurs limites avec l’ancien régime. Après la révolution, de nouveaux organismes n’ont pas pris le relais. La société civile ne peut en aucune manière prendre la place de l’Etat. Tous ceux qui vivent dans une situation de précarité ou de fragilité quelconque, c’est à l’Etat de les prendre en charge. L’enfant, les zones rurales, les familles démunies, etc. Or, les gens sont abandonnés à leur propre sort. Autre origine de la colère de ces jeunes, ils se sentent exclus de la prise de décisions. La classe politique et l’Etat ne les écoutent pas. Les conséquences de cette chaine de mauvaises décisions risquent un jour de nous exploser à la figure et nous mener tout droit vers un effondrement généralisé du pays.
Les programmes, les projets, les séminaires, les forums et, à plus grande échelle, les feuilles de route, les dialogues nationaux ont été mis au point. Tout est là. Ce qui manque ce sont les réalisations. Mais l’instabilité politique, la valse des ministres et maintenant des gouvernements, la guerre des prérogatives n’empêchent-elles pas la mise en œuvre de programmes à moyen et long termes ?
Il faut dire que les décisions politiques courageuses manquaient à ces projets. Oui il y a eu des dialogues et des forums et quelques propositions concrètes émises. Mais je ne pense pas à ces dialogues qui tentent de traiter superficiellement et ponctuellement des crises profondes. La médiation, les échanges et le consensus sont des outils nécessaires dans une démocratie. Mais les citoyens et citoyennes et les jeunes ne doivent pas être de simples outils, mais des parties prenantes et agissantes dans ces processus. Ces Tunisiens qui se sentent marginalisés, à juste titre d’ailleurs, doivent être impliqués. Pour l’heure, il y a un fossé profond entre ces jeunes et les politiques imposées de manière verticale. Nous sommes dans un régime démocratique bizarre. Une démocratie non pas globale érigée en système, mais une démocratie désarticulée, démembrée. Or dans une démocratie, il ne faut pas qu’une personne ou une catégorie se sente écartée, exclue. La démocratie est un système qui doit couvrir l’ensemble de la population. Les citoyens doivent être égaux devant la loi et la distribution des richesses devrait obéir à des principes d’équité.
Pensez-vous que la jeunesse en colère et qui l’a fait savoir ces dernières semaines se sente délaissée ?
Oui, il y a un déficit de projet national. Un projet en mesure de susciter le rêve. Résultat, les jeunes souffrant de désespoir se jettent à la mer au péril de leur vie. J’ajouterais que dans les moments difficiles de la vie des nations, quelques voix se font entendre. Ce sont les lueurs d’espoir qui ouvrent le champ des possibles. Lorsque nous avons lancé le projet Dar Essaïda, parmi les objectifs posés, c’est de donner la voix à ceux qui n’en ont pas, de sortir de cette fatalité imposée par les clivages sociaux et politiques. Bientôt d’ailleurs une radio diffusera depuis ici. Saïda.fm sera la voix de ces jeunes, de ces enfants, la voix de l’espoir.
Pour finir, si on veut que le pays change, n’y a-t-il pas une règle toute simple à appliquer avec bons sens et, tout de même, autorité, à savoir le responsable qui n’est pas compétent est écarté et nommé dans un poste conforme à ses acquis (diplômes et expérience). Et celui ou celle qui est soupçonné de corruption, de pratiques illicites doit être poursuivi par la loi, dans chaque administration publique ou privée, chaque institution politique. Si on commençait par ça ?
La démocratie est avant tout une prise de conscience et de responsabilités. Des droits et des devoirs et surtout l’application sans distinction aucune du principe de redevabilité. La démocratie signifie justement qu’un responsable est bien à sa place. Parce qu’il est compétent et qu’il est intègre et parce qu’il incarne et défend l’intérêt général. C’est l’essence même de la démocratie. Sinon, c’est le désordre et l’impunité. On ne peut construire une démocratie sans des démocrates compétents et intègres. C’est le problème de la Tunisie. Aujourd’hui, nous vivons une véritable tragédie qui est en train de s’aggraver à cause justement de l’incompétence couplée à l’impunité. Nous avons en outre perdu beaucoup de temps dans un processus de transition démocratique qui n’a pas été mené à son terme et dans les règles. Une belle occasion que nous avons ratée. C’était le moment d’ériger un Etat sur de nouvelles bases, en passant par les étapes de la justice transitionnelle, par l’établissement de la vérité, la détermination des responsabilités, la justice pénale, si besoin, pour ensuite mettre en place les mesures de réparation et de réconciliation. Il faudra à ce niveau, c’est important, faire la distinction entre l’histoire du pays et celle d’un régime dictatorial. Il ne faut pas mélanger les deux. Je considère que nous avons raté cette occasion. Maintenant, les critères de nomination des responsables doivent être revus. La méfiance des Tunisiens à l’endroit de l’Etat et des gouvernants est en partie due à ces nominations arbitraires qui écartent les gens prêts à servir le pays pour placer des personnes sur la base de la loyauté à un parti politique, à un chef. Nous devons rassembler nos efforts pour protéger l’intérêt général. Nous sommes au début du chemin.
crédit photo : © Belhassen LASSOUED
Maghzaoui
09/05/2022 à 21:25
Vous plaisantez ou quoi ? Sérieusement, il existe le droit de l’homme dans les pays arabes ? Si oui, les quels.Merci de répondre