Le discours du Président de la République n’est plus aujourd’hui aussi mobilisateur qu’autrefois. Après avoir été le leader qui inspire le plus et le plus légitime non sans raison, dominant sans appel la bataille des sondages, mais aussi celle de l’opinion publique, Saïed serait-il en train de perdre ses principaux alliés ? En premier lieu l’Ugtt qui ne semble plus être l’atout de poids du Président de la République. Du moins, pas toujours un partenaire pour le meilleur et pour le pire.
Au terme de la réunion de son Comité administratif, la Centrale syndicale a fortement dénoncé, par l’intermédiaire de son secrétaire général, les propos de Saïed sur le Dialogue national de 2013. Des propos qui, selon elle, jettent un discrédit sur le rôle joué en ce temps-là par les institutions nationales.
La position de l’Ugtt va encore plus loin lorsque le secrétaire général adjoint, Kamel Saad, a affirmé que l’organisation syndicale a finalement opté pour un Dialogue national qu’elle mènera seule, comme cela a été le cas en 2013 et évoquant la possibilité de retirer cette initiative au Président de la République. Des propos rapidement recadrés par Noureddine Taboubi qui n’a pas hésité à préciser qu’il ne s’agit que d’avis échangés lors du Comité administratif.
Il faut dire que les propos du Président de la République n’ont pas été les seuls à être condamnés par la Centrale syndicale. Le président de l’ARP a été également la cible de critiques virulentes de la part des syndicalistes qui n’ont pas accepté le fait qu’il qualifie les travailleurs d’oisifs.
Si certaines forces politiques, principalement Ennahdha, reprochent au Président de la République sa tendance à délégitimer les partis politiques dans ses différentes interventions, au lieu de proposer des solutions à la crise, la plupart de ces derniers brillent aussi non seulement par leur incapacité à identifier les problèmes, mais aussi et surtout à en créer de plus graves encore. Il y en a qui sont allés même jusqu’à abîmer tout le paysage politique, ce qui a poussé Noureddine Taboubi à évoquer des élections anticipées au cas où la crise politique persisterait et à appeler le Président de la République à jouer son rôle et à assumer ses responsabilités.
Finalement, il faudra au Président de la République, mais aussi aux différents acteurs politiques plus que des mots et surtout beaucoup d’actes pour convaincre et conserver leurs alliés. Quelles que soient sa dimension et son importance, tout soutien politique et social a toujours ses limites. Si l’espoir fait place aujourd’hui au doute et le sens de responsabilité se perd, l’impératif d’un possible redressement impose nécessairement et plus que jamais des obligations réciproques et partagées. Mais aussi et surtout une véritable prise de conscience de la part de ceux qui sont aux commandes du pays…