Célébration de la journée internationale de soutien aux victimes de la torture : Les cinq fausses vérités !

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Un tel jour commémoratif réveille, certes, de douloureux souvenirs et les vieux démons : les tortionnaires qui avaient fait tant de mal à des milliers de prisonniers humiliés et torturés à mort. Bilan de l’Omct

Le 26 juin 2021, la célébration de la Journée internationale de soutien aux victimes de la torture a revêtu un aspect protestataire plutôt que festif. Une ambiance mélancolique qui règne déjà, suite à une violence policière atroce et restée impunie. Un constat alarmant sur lequel avait alerté l’Omct, Organisation mondiale contre la torture. Son bilan annuel étant ainsi noirci et angoissant : «Morts suspectes, agressions des activistes, répression des manifestations, harcèlement policier de personnes fichées, détention arbitraire de migrants, torture et mauvais traitements exercés à l’encontre de citoyens au sein et en dehors des postes de police, à la suite d’un contrôle d’identité ou d’une dispute d’ordre privé…». C’est que la violence institutionnelle a pris de multiples visages et fait de nombreuses victimes.

La loi 5 bafouée

Un tel jour commémoratif nous éveille, certes, des douloureux souvenirs et réveille les vieux démons des tortionnaires. Ceux qui avaient fait tant de mal à des milliers de prisonniers humiliés et torturés à mort. Et l’appareil sécuritaire qui cherche, ces dernières années, à s’innocenter a fini par être discrédité, voire franchement culpabilisé. «Il recourt, à présent, à la violence de façon de plus en plus décomplexée, encouragé par des syndicats de police agressifs qui insultent et menacent leurs détracteurs sur les réseaux sociaux, appelant à ne pas coopérer avec les magistrats qui les mettaient en cause», révèle l’Omct. Pire, la justice semble aussi démissionnaire. Secouée par la crise sanitaire, elle s’est, parfois, contentée de juger sur la base des procès-verbaux, sans même voir les accusés pour s’assurer que leurs droits ont été respectés. Et l’Organisation de s’indigner de voir d’autres accusés arbitrairement placés en garde à vue. Dans les geôles de police, on n’accorde plus d’intérêt à la dignité humaine. Pire, la loi 2016-5 du code de procédure pénale fut, à maintes fois, bafouée.

Droit de justice, loin s’en faut ! «Un citoyen qui viole le couvre-feu aura bien plus de chance de finir en prison qu’un agent tortionnaire», dénonce-t-elle. On a l’impression qu’on est face à une justice à deux vitesses. Du fait de la pandémie, ayant perturbé le travail des tribunaux, les enquêtes pour torture et mauvais traitements, déjà lentes, furent quasiment suspendues. Au ralenti, ces procès n’ont pas été suivis d’effet. Toutefois, on ne doit pas  lâcher prise. A cet effet, la commémoration du 26 juin dernier s’inscrit dans la lutte contre la torture. Contre l’oubli, pour la mémoire. En fait, une série d’activités marquant l’événement ont figuré à l’ordre du jour. Au départ, rendez-vous donné devant le Palais de Justice à Bab Bnet, où une marche symbolique a eu lieu, conduisant les manifestants vers les vestiges de l’ancienne prison du 9 avril à Tunis. Aujourd’hui, ce temple maudit s’érige en un lieu symbolique, témoin de l’histoire de torture sous nos cieux. Un tel geste de sensibilisation compte.

Par la même occasion, l’Omct vient de publier un livret intitulé «5 idées reçues sur les violences policières». Soit cinq fausses vérités sont révélées. La première est qu’il n’y a plus vraiment de torture en Tunisie. La seconde disait que la torture n’est pas utilisée que pour obtenir des aveux. La troisième voit que la violence policière n’est pas généralisée et que ce sont seulement des cas isolés. Le quatrième mensonge, c’est que le ministère de l’Intérieur ne couvre plus ses agents coupables, tandis que le cinquième, le dernier, défend la justice tunisienne, lui enlevant tout soupçon de complicité. Ces cinq idées ne sont, selon l’Omct, que de fausses rumeurs, avec en toile de fond la tolérance de l’impunité.

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