Le comité des avocats de la défense a tenu, hier au siège du Snjt, une conférence de presse pour tirer au clair cette affaire, ses tenants et ses aboutissants.

L’affaire Moez Laâmari, jeune keffois récemment décédé sous les bottes de ses tortionnaires à la prison civile de Mornag, vient s’ajouter à la longue liste des victimes de la violence policière en Tunisie. Celles dont le droit à la vie, un des droits de l’homme des plus élémentaires en Tunisie, a été brutalement violé. C’est là un autre cas de torture et de mauvais traitement signalé et vivement dénoncé, sans que justice ne lui soit rendue.

Et l’affaire Laâmari ressemble, en grande partie, à celle des mineurs lynchés et dénudés jusqu’à la mort à Sidi Hassine. Sauf que cette dernière avait, alors, défrayé la chronique et fait couler beaucoup d’encre. Elle a été largement médiatisée et relayée par les réseaux sociaux. Ce qui n’est pas tout à fait le cas de Laâmari, ce quadragénaire dont la famille, encore endeuillée, n’arrive pas à se faire entendre. Accusés de l’avoir tant martyrisé, en lui faisant subir de profondes blessures et des traces bleues sur son corps, les auteurs que sont les brigades criminelles de Ben Arous et les agents pénitentiaires de Mornag n’ont pas été, à ce jour, entendus par la justice. Laxisme et impunité l’emportent toujours. Aucune audience, depuis le 2 juillet, jour où la victime a rendu l’âme. Le comité des avocats de la défense a tenu, hier au Snjt à Tunis, une conférence de presse pour tirer au clair cette affaire, ses tenants et ses aboutissants.

Un système méthodique

Amis de la famille du défunt, concitoyen de Jerissa au Kef, Jalel Ben Brik Zoghlami, un des membres du comité, nous a raconté, dans la douleur et avec beaucoup d’émotions, tout ce qui s’est passé à son client, depuis son arrestation par la police à Tunis, sa garde à vue dans les geôles de Bouchoucha (Bardo), à son transfert à la prison de Mornag. Une période d’emprisonnement si courte, mais trop dure pour un détenu déjà traumatisé et psychiquement fatigué, décrit-il. « On n’en a pas fini avec un tel système d’humiliation méthodique qui caractérisait le règne des époques révolues », ainsi s’exprime Yosra Hamdani, présidente de la commission « Sœurs de Moez » et ancienne membre de la fondation Chokri Belaid de lutte contre la violence. Pour elle, la torture est loin d’être un cas isolé. « Et je sais de quoi je parle », lance-t-elle. Pour maître Foued Sassi, membre dudit comité de la défense, on renoue avec la violation des droits des prisonniers et l’atteinte de toutes les conventions des droits de l’homme. « Au sens du code pénal, on accuse, ici, des actes d’exactions, de torture systémique et d’un meurtre prémédité », affirme-t-il. 

En attendant le verdict !

Et d’enchaîner que les établissements pénitentiaires n’ont plus une vocation punitive, ils sont devenus des lieux de répression et de torture. Ceux des détenus-victimes, pour ainsi dire. « Bien que l’enquête traîne, on ne lâchera pas prise. On continue à défendre pour dévoiler la vérité et rendre justice à Moez », promet-il. Il tient la justice pour complice. « On est face à une justice à deux vitesses », s’indigne-t-il en conclusion. Quant à l’avocate de la famille du défunt, Hind Kacem, elle a évoqué la nécessité d’accélérer l’enquête et faire en sorte que les agents coupables soient immédiatement convoqués pour être auditionnés et répondre de leurs crimes. Présente à la conférence, la cousine de Moez a dit être convoquée pour une audience prévue ce samedi. L’enquête est en cours. En attendant le verdict.

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