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Ces prisons qui détruisent

Editorial La Presse

Des rapports sont publiés depuis longtemps et de manière constante sur les prisons tunisiennes dont il est inutile, même si on n’est pas au fait de l’actualité, de prétendre ne rien savoir.     

Les alertes des organismes internationaux, celles de la société civile, les récits des anciens détenus et de leurs familles parachèvent un tableau qui s’assombrit de jour en jour. Et qui, paradoxalement, ne s’est pas amélioré à l’issue de la révolution ni sous cette ère nouvelle.

Limoger un grand patron des prisons relève alors d’un tour de passe-passe. Ajoutons que les hommes fusibles du pouvoir sont faits pour ça ; se donner bonne conscience et se refaire une virginité sur le dos de celui qui a sauté. Passons, ce n’est pas le propos.

Les prisons tunisiennes répondent aux standards des autocraties et des pays pauvres et sous-développés, elles ont pour dénominateur commun la non-conformité, du tout au tout, avec les conventions internationales. Vétusté et insalubrité, manque d’hygiène, alimentation pauvre, surpopulation. Violence et tortures y sont banalisées. Des zones de non-droit où les muscles et l’argent cash restent les meilleures défenses.

Il serait donc superflu de convoquer à cet endroit les droits de l’homme, la dignité humaine et autres « sornettes » qui semblent à des années lumière des normes et pratiques des établissements pénitentiaires dans les régimes totalitaires ou en passe de le devenir.

Or, priver une personne de sa liberté, ce n’est nullement pour se venger d’elle. Conception inexistante dans les Etats dignes de ce nom. Mais pour faire respecter la loi, pour protéger la société, réparer les dommages subis par la victime et aider pour le rendre meilleur celui qu’on punit. L’épauler dans son processus de réintégration vient couronner un long parcours.

Or, en Tunisie, la prison ne punit pas pour réparer. En revanche, elle détruit. Combien de délinquants, après un passage en taule, en ressortent dégoûtés, brisés après avoir perdu la santé, l’honneur et la dignité. Ils sont alors prêts pour la récidive.

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