Face aux exagérations des écoles privées:  Où sont les inspecteurs ?

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La bonne femme avait totalement oublié où elle se trouvait. Tout simplement au beau milieu d’un passage entre les étals du marché central : « Je n’en peux plus. L’année prochaine, je mettrai mes deux enfants dans une autre école. Elle est un peu loin, mais cela en vaut la peine. Figure-toi qu’on leur demande de payer le déplacement bus et le prix du billet d’entrée au musée. Cela fait soixante dinars de chaque. Ce n’est pas la première fois que ce genre d’initiative est pris pour « animer » l’année scolaire. Pour le musée, il y a des journées où l’entrée est gratuite. Pourquoi en choisir d’autres ? Tout simplement, pour qu’il reste quelque chose dans les caisses de l’école»


Effectivement, ce genre de comportement est pour ainsi dire généralisé, au sein des écoles privées, des maternelles, garderies et autres établissements de ce genre.

Empressons-nous de dire, pour éviter les amalgames et les confusions, que l’on a commencé à mettre de l’ordre dans ce secteur et il ne se passe pas de semaine sans que nous apprenions que le département de tutelle a mis en place ce genre de petites institutions qui répondent aux besoins des générations futures.

Mais le mal est si grand que le redressement et la mise à niveau ne se feront pas en un claquement de doigt.

Motifs et conclusions

Le problème de ces institutions privées s’est accentué depuis que l’école publique a commencé à rendre l’âme. Les grèves, les arrêts de travail impromptus, les absences à répétition qui constituent des handicaps insurmontables, ont fait réfléchir les parents. Ne parlons pas bien entendu de ces cours particuliers qui ont fait couler beaucoup d’encre et qui ne sont pas totalement résolus. On voit fréquemment des élèves des deux sexes descendre d’un immeuble quelque part en banlieue ou au centre-ville. Ils sont immédiatement remplacés par un autre groupe et c’est un turn-over qui ne cesse pas. Ces cours de soutien sont certes organisés au sein de bon nombre d’écoles, mais cela n’est que le côté visible de l’iceberg.

Pour revenir à cet enseignement privé, il faudrait s’empresser d’éviter de mettre tout le monde dans le même sac. Il y a de bonnes écoles. Les cours dispensés sont sérieux, les lauréats ne se comptent pas, mais ce n’est point de cela qu’il s’agit.

Indépendamment de l’enveloppe que les parents paient pour l’enseignement, qui est aussi sérieux que régulier, il y a les à-cotés qui font saigner à blanc les familles.

Il n’y a qu’à aller enquêter et poser des questions. Nous l’avons fait et tout ce qui a été dit, chuchoté, soufflé était vrai. Il y a de l’exagération. Ces «fêtes», ces «anniversaires», «visites et excursions» et autres activités se paient en monnaie sonnante et trébuchante. De quoi horrifier les parents qui ne peuvent pas refuser, étant engagés et qui, pour ne pas décevoir leurs enfants, se retrouvent dans l’obligation de demander des avances sur salaire ou des….prêts.

De quoi mettre à mal le budget familial et introduire une certaine pression au sein de la famille.

«Il ne s’agit pas de quelques dinars, mais de sommes assez importantes qui nous font chanceler. Je me demande pourquoi aller fêter une occasion comme la journée de l’habit traditionnel dans un hôtel quatre étoiles, en plus de l’achat des habits. Une salle de conférence bien décorée, une cour d’école pavoisée par les élèves, ou autre lieu assez spacieux pourrait suffire. On cherche le standing, alors que l’on sait pertinemment que les familles ont de la peine à joindre les deux bouts.

Ces directeurs et directrices donnent l’impression qu’ils vivent dans un autre monde. C’est dommage». nous confie une maman qui, par coïncidence, lisait la petite feuille que sa fille a ramenée pour énumérer les motifs de sa douleur. Une bagatelle de cent vingt dinars pour ses deux enfants.

Mais ce qui est encore plus grave, c’est que l’on sera dans l’obligation de rater une journée de cours. Le déplacement envisagé n’est pas fixé pour le week-end, mais bien pour un jeudi.

Nous étions dans les parages d’une garderie et le manège relevé nous avait énormément surpris; le chauffeur d’un mini bus entassait les cartables des gamins qui étaient à l’intérieur du véhicule, serrés comme des sardines. Comment le chef d’établissement peut-il se permettre d’opérer de cette manière, alors qu’il a affaire à des enfants dont il est pleinement responsable ?

Dans tous les domaines où l’argent devient l’objectif principal, il y a des problèmes qui surgissent et rendent la vie impossible. Ces institutions privées ne constituent donc pas une exception. Ce n’est pas à nous de contrôler les aspects pédagogiques. Mais il est difficile de croire qu’avec autant de désinvolture nos enfants, qui risquent gros, sont en train de bénéficier d’un enseignement qui tienne la route et qui mérite le sacrifice de ces parents qui se plient en quatre pour répondre aux impératifs de cet élitisme qui gagne du terrain.

Et nous revenons à cette surveillance à exercer sur ce secteur. Va-t-on mettre un inspecteur à l’intérieur de chacune de ces garderies, maternelles ou écoles ?

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