L’entreprise autrement : Mobilisons nos énergies! (*)

Après le diagnostic, le traitement. Aucune méthode, autre que celle basée sur un bon diagnostic, approfondi et global, établi d’une manière participative et éclairée ne pourrait prétendre être efficace pour sauver notre économie, aujourd’hui en détresse et avant elle, le pays tout entier (Voir notre précédente chronique).
Le diagnostic en question doit non seulement évaluer les politiques publiques dans tous les domaines depuis 1956 mais doit être conduit aussi de façon à ce qu’il puisse servir de base à un travail de prospective, approfondi pouvant permettre l’élaboration d’un plan stratégique sur le long terme avec, pour premier objectif, la conception d’un nouveau projet de société.
Projet à l’élaboration duquel tous les citoyens auraient participé. Une action qui sera suivie d’un congrès national avec, pour principal objectif, l’élaboration de ce que nous appelons «la Constitution économique et sociale». Sans l’adoption d’une telle démarche scientifique, aucune chance, pour nous de sortir du labyrinthe actuel ne pourrait être envisagée.
Cependant, la crise morale, le désespoir, le doute qui devient pathologique à cause de l’anarchie qui règne dans les réseaux d’information et l’existence massive de ce que nous avons appelé l’«anti-citoyen», d’un côté et l’action de plusieurs réseaux criminels de l’autre, ont réussi à saper tout effort créatif visant à faire évoluer positivement la situation du pays.
Des indices fort révélateurs et des déductions biens établies se rejoignent, en effet, pour nous convaincre de l’existence de facteurs de divers types qui œuvrent dans l’ombre et en silence pour tuer dans l’œuf toute tentative visant à faire sortir le pays du cercle vicieux dans lequel il est pris et punir le peuple d’avoir, un jour, osé s’unir pour faire tomber la dictature.
Réseaux criminels qui, depuis des années, sont en train de comploter et de conspirer contre notre pays afin de le maintenir dans la dépendance politique, économique et culturelle. Vraies bandes bien organisées et bien équipées qui n’hésitent pas à user de tous les moyens, y compris le terrorisme à caractère intellectuel et armé, et ce, afin de maintenir le peuple en état de soumission.
Moraliser la vie publique et construire le bon citoyen, une entreprise titanesque et de longue haleine. Il s’agit entre autres de revoir de fond en comble notre système éducatif et de socialisation, aujourd’hui fortement endommagé et dont les premières victimes sont, en vrac, les valeurs, les attitudes et les comportements qui suivent : le patriotisme, le vivre-ensemble, la dignité, l’engagement citoyen, y compris l’amour du travail et le respect des normes communes et des lois, le sérieux, la discipline et la rigueur, y compris la ponctualité, les outils de la réflexion et du jugement et enfin la créativité.
Entre-temps, il est plus qu’urgent, plus que nécessaire de provoquer d’une manière solennelle la mobilisation de l’ensemble des forces du pays afin d’améliorer d’une manière sensible les compétences essentielles de l’ensemble de la population.
Une mobilisation qui aura également pour objectif majeur celui consistant à engager massivement la lutte efficace et soutenue visant l’éradication des grands et graves fléaux qui, depuis de très longues années rongent notre société et qui nous empêchent d’avancer.
Parmi eux, la pauvreté, l’analphabétisme, l’érosion de notre identité dont en premier lieu notre parler tunisien, la corruption et le népotisme, l’anarchie liée à la production et la circulation de l’information, le tabagisme, l’alcoolisme et la consommation d’autres drogues, le manque d’hygiène publique, la malbouffe, la délinquance verbale et physique, y compris celle liée à la circulation routière, l’impunité, l’anarchie liée à la construction, le gaspillage devenu honteux de toutes nos ressources, y compris celui du temps.
Les représentants respectifs des différents pouvoirs publics, tous confondus, se doivent de se réunir, et avec eux ceux des organisations nationales et de la société civile d’une façon générale et décider d’engager ladite mobilisation. Celle-ci ne doit excepter aucun Tunisien capable d’agir.

Par Foued ALLANI

(*) IV et fin

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