Nous sommes en guerre. L’ennemi est en face de nous. Mais il est invisible, insaisissable. La Tunisie, mais aussi le reste du monde, est en situation d’urgence absolue. La pandémie progresse et même les meilleurs systèmes de santé du monde ont du mal à maîtriser la situation.
Avec des capacités supposées ou avérées, l’incertitude et le flou sont presque le dominateur commun de ce qui est entrepris. Le procédé est vieux comme le monde : dur n’est pas toujours assez en temps de pandémie.
Dans tout ce qu’on fait, il y a un mélange d’idéal et d’imparfait. Entre aptitude imaginée et aptitude réelle, bons et mauvais usages sanitaires, ralentissement ou accélération des performances, les événements se succèdent et ne se ressemblent pas en temps de crise.
Le Président de la République, qui affirme lors du dernier Conseil de sécurité nationale que les mesures sociales ont tardé à venir, que les plus démunis ont été lésés et qu’ils sont en marge du circuit économique, reconnaissant que des erreurs ont été commises, notamment la gestion de certaines personnes mises en quarantaine et appelant à réactiver la loi de 2012 en rapport avec la réconciliation pénale avec les personnes impliquées dans des affaires de corruption financière.
Le ministre de la Santé qui affirme que la Tunisie serait capable de réaliser un exploit susceptible d’être reconnu à l’échelle mondiale, à condition cependant de respecter le confinement total. Le ministère de l’Intérieur qui annonce une opération anticipative ayant permis d’appréhender un takfiriste qui planifiait une opération terroriste au cours du mois de Ramadan visant une institution sécuritaire ou un établissement sensible. Elyes Fakhfakh qui émet une circulaire interdisant aux membres du gouvernement l’octroi des bons d’essence durant toute la période du confinement total.
Enfin les interrogations qui tournent autour des personnes ayant permis à un couple de fuir l’hôtel consacré au confinement. Autant de faits qui illustrent une situation très difficile et très particulière que traverse le pays. Si la pandémie met à nu la corruption, la spéculation, le monopole, le trafic et l’affairisme, si elle fait comprendre combien le peuple est vulnérable dès lors qu’il est à la merci des menaces de ses propres citoyens, il y a toujours un joli rappel des mérites qui ne doivent pas être perdus de vue en ce temps de crise.
De jolis coups d’éclat susceptibles d’avoir un impact visible et régulier sur notre quotidien. Cela sert à montrer qu’on peut être mieux, voire performant. Plus que de jolis coups d’éclat, c’est le mérite de tout un peuple qui se trouve aujourd’hui dans l’obligation de faire preuve de solidarité et de mobilisation. Confrontée à une dure réalité et face à une épreuve déconcertante, la Tunisie veut aujourd’hui faire souffler le vent de l’exploit. Au-delà des satisfactions et des déceptions, les Tunisiens garderont le profil de bâtisseurs. Jamais de démolisseurs.